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Tout à ses multiples réformes de l’Education nationale, JM Blanquer a –t-il sous administré la Jeunesse ? C’est par un nouveau référé que la Cour des Comptes manifeste son appréciation négative de la politique de la jeunesse qui est sous la responsabilité de JM Blanquer depuis 2017. La Cour invite à revoir le pilotage de cette politique, notamment les relations avec les grandes associations. Elle souligne l’insuffisance des moyens et du pilotage alors que la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (Djepva) doit mettre en place le SNU. Finalement elle invite le gouvernement à investir pleinement JM Blanquer des moyens d’une politique jeunesse et notamment du SNU. Les associations d’éducation populaire pourraient faire les frais de cette réorientation.

Perte de pilotage

Malgré plus de 600 millions de budget, la DJEPVA , intégrée depuis 2017 dans le ministère de l’éducation nationale, est insuffisamment pilotée, estime la Cour des Comptes.  » La DJEPVA assure, sans rénovation de sa réflexion stratégique, des interventions nombreuses et mal coordonnées », écrit-elle.  » La politique d’accès à l’information des jeunes illustre ce défaut. La direction soutient un réseau d’information généraliste de 1 300 structures qui accueillent environ trois millions de jeunes chaque année. Alors que la coordination et le soutien du réseau relèvent des régions depuis 2014, la DJEPVA labellise toujours ces structures, continue de financer les centres régionaux information jeunesse (CRIJ) et le centre national d’information et de documentation jeunesse (CIDJ), qui a aussi une vocation régionale en Île-de-France, ainsi que l’union nationale de l’information jeunesse (UNIJ) ». La Cour recommande de fusionner le CIDJ avec l’UNIJ.

Même critique sur le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ) :  » l’abondance croissante, au fil du temps, du nombre de projets aidés a provoqué une dispersion des crédits tout en faisant perdre, aux actions soutenues, une exemplarité suffisante pour être reproduite. La Cour recommande son financement par des apports privés. Pour la Cour « la poursuite et les conditions de son activité doivent être réexaminées ». Quant au Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire (Fonjep) , la Cour critique le soutien régulier aux grandes associations « au détriment des petites et récentes associations de terrain ».

Les associations d’éducation populaire dans le collimateur

Car la principale cible des remarques de la Cour, ce sont les grandes associations d’éducation populaire, comme par exemple la Ligue de l’enseignement. Pour la Cour, la DJEPVA  » qui dispose de moyens financiers limités, ne parvient pas à les mobiliser de façon sélective pour en faire des leviers de pilotage, particulièrement envers les têtes de réseaux de l’éducation populaire qui n’apportent plus, pour certaines d’entre elles, de plus-value significative aux politiques conduites par l’État ». Les conventions signées avec ces grandes associations ont un contenu « décevant : objectifs trop généraux et stéréotypés, peu reliés aux priorités de l’État, outils d’évaluation (bilans, indicateurs) frustres. Les moyens distribués s’apparentent souvent à des aides au fonctionnement intangibles surtout lorsqu’elles bénéficient à des structures en grande difficulté financière dont la représentativité nationale de leur propre mouvement associatif est incertaine ».

La Cour recommande de  » mener une politique active envers les réseaux nationaux de l’éducation populaire grâce à des conventions pluriannuelles d’objectifs plus opérationnelles et mieux évaluées ». Autrement dit renforcer le poids de l’Etat sur les orientations de ces associations qui sont pourtant souvent des alliées fidèles de la politique du gouvernement, par exemple pour le SNU.

Confier le SNU à JM Blanquer

Reste justement le SNU, ce grand projet gouvernemental. La Cour ne remet pas en question la finalité ce cette aventure politique. Elle relève le vide de la fonction de délégué interministériel à la jeunesse :  » ni le positionnement, ni les moyens du délégué ne donnent de la consistance à cette fonction… la création, il y a cinq ans, d’un délégué interministériel à la jeunesse ne s’est accompagnée ni de la mise en place d’un service voué à la coordination interministérielle, ni de la recherche active d’une coordination entre les administrations. Le lancement de grands programmes nationaux visant l’engagement civique et citoyen des jeunes nécessiterait aujourd’hui une réelle évolution ».

La Cour estime que la montée en puissance du SNU (30 000 jeunes et 30 millions en 2020, 800 000 et de 1.5 à 2 milliards en 2026) a besoin ‘un recadrage de la fonction de DIJ.  » D’une part, la direction n’est pas actuellement dotée des moyens et des compétences effectives pour piloter un projet de cette ampleur. D’autre part, le rôle du délégué interministériel à la jeunesse, dans le déploiement, n’est pas clairement affirmé alors que le SNU devra être coordonné avec d’autres dispositifs comme ceux du ministère des armées (jeunes sous statut militaire). Enfin, la clarification des rôles respectifs des différents acteurs doit être poursuivie : il serait regrettable que le conseiller du Gouvernement (M Latron), qui n’est pas placé auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, exerce des missions qui fassent double emploi avec celles de la DJEPVA et du DIJ ». La Cour recommande de  » donner explicitement au délégué interministériel à la jeunesse la responsabilité de la coordination interministérielle du SNU et à la DJEPVA les moyens d’en piloter le déploiement. »

Au final, les recommandations de la Cour vont au-delà de la gestion de JM BLanquer. La Cour souligne que le grand projet du gouvernement, le SNU, lui échappe. Elle invite à donner au ministre la gestion du SNU et à celui-ci de casser la politique suivie depuis des années.

F Jarraud

Le référé