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Pourquoi le président de la République visite t-il une école à quelques jours de la reprise ? Bien sur pour rassurer une opinion inquiète et qui désapprouve la réouverture des écoles. Alors, la déclaration d’E Macron n’a rien de surprenant : « Je n’envisage pas de contrainte sur les maires ». Alors que plus de 300 maires franciliens refusent d’ouvrir les écoles le 11 mai, Emmanuel Macron visite le 5 mai l’école Pierre de Ronsard de Poissy (78). Loin de s’en prendre aux maires, il marque sa compréhension et le refus de la contrainte. S’il n’impose pas la réouverture aux maires, il les laisse face à leurs responsabilités en pleine épidémie…

Un spectacle réussi

Imaginez une classe avec seulement 7 élèves (rappelons que le protocole envisage le double). Poissy (78) est une commune dirigée par un maire, producteur télé, tout acquis au parti majoritaire. Dans la classe des élèves bien au large, puisqu’ils ne sont que 7 (la moitié de ce qu’envisage le protocole sanitaire). L’enseignante est voilée ce qui n’est plus obligatoire. Qui irait penser qu’il y a le moindre risque dans ce paysage calme et ordonné. Même si le président de la République et le ministre de l’éducation nationale ont davantage de mal à porter leur masque. Tout sourire, ils montrent que tout se passe bien. La démonstration semble faite qu’on peut reprendre sans risque dans le sourire. L’opération télé est réussie. Seule ombre pour le téléspectateur : E Macron dit qu’il est trop tôt pour être certain que l’on aura droit à des vacances.

Hommage aux enseignants

« Qu’on n’aille pas dire que nos enseignants étaient en vacances ». E Macron a longuement rendu hommage aux enseignants aussi bien à ceux qui accueillent les enfants de soignants qu’à ceux qui s’interrogent sur leur retour en classe le 11 mai. « On ne vous mettra jamais en situation de danger », a dit le président. « On ne dira jamais à un enseignant, quand les conditions sanitaires ne sont pas remplies, allez travailler. On s’assure que les conditions sont remplies ».

La grogne des maires

Mais le président intervenait surtout après la décision affichée le 4 mai par plus de 300 maires franciliens de ne pas rouvrir leurs écoles le 11 mai. « Nous ne comprenons pas pourquoi L’État se désengage de ses responsabilités en la matière, alors même que l’éducation d’une part, et la santé d’autre part, sont des compétences régaliennes », écrivaient-ils. Ils demandaient le renvoi à une date ultérieure de la réouverture des écoles dans les départements rouges et « de ne pas faire reposer sur les maires la responsabilité juridique, politique et morale de la réouverture des écoles ».

Les maires doivent réussir en quelques jours ouvrables à mobiliser le personnel de nettoyage, d’accueil et de restauration nécessaire à la réouverture et en même temps revoir totalement l’organisation des locaux scolaires. Même si les règles de nettoyage ont été un peu allégées dans le protocole sanitaire, elles restent très lourdes. La désinfection de tous les locaux scolaires nécessite beaucoup plus de personnel que le nettoyage habituel. La relance de la restauration nécessite plusieurs jours. L’adaptation des locaux ne peut se faire qu’en ayant une idée des enseignants et des élèves présents, informations qui ne sont pas connues.

Mais à côté de ces impératifs techniques, c’est aussi leur responsabilité morale et judiciaire qui fait reculer les maires alors que la probabilité d’une catastrophe sanitaire n’est pas à négliger.

La réponse d’E. Macron

« Le 11 mai ce sera une journée de prérentrée. Le 12 ou le 14, il faut laisser le choix au terrain, peut-être un peu plus tard, on va accueillir les enfants… Mon objectif c’ets pas combien d’écoles (vont rouvrir) mais que tous les enfants qui ont besoin de revenir puissent trouver une école ouverte. Je n’envisage pas de contrainte sur les maires « .

Ainsi E Macron a confirmé ses propos du 4 mai : « nous ne voulons brusquer personne ». Il laisse aux maires la possibilité d’ouvrir plus tard. « Je comprends l’angoisse des maires », a dit le présidnet. « Il faut leur laisser le temps de bien faire ».

Car E Macron a aussi martelé la nécessité de la réouverture. « On a besoin de faire revenir les enfants à l’école… On ne peut pas dire : pendant des mois le pays ne vit plus ».

Le président reste prudent. Il rouvre les écoles mais ne garantit pas que les vacances d’été puissent avoir lieu normalement. « On n’a pas gagné la bataille contre les virus ». C’est justement ce qui fait reculer les maires.

F Jarraud

La lettre des 300 maires franciliens