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« Le moment présent ne témoigne pas d’une école réduite au silence, mais d’une communauté éducative vivante qui invente, grâce au numérique, les moyens de continuer malgré le confinement à faire communauté heureuse et solidaire hors les murs ». Le propos de Jean-Pierre Véran, inspecteur d’académie honoraire, s’appuie sur des projets conduits par des lycéens.

Comment les outils numériques peuvent-ils être porteurs de coopération pendant le confinement ?

Les moyens des réseaux numériques, parfois présentés comme des adversaires sournois de l’école, sont mis aujourd’hui au service du partage, de la créativité et de la coopération. Via Instagram, Snapchat, Twitter, il est possible, confiné chez soi, d’échanger avec ses pairs, de partager sur YouTube les chansons qui évoquent le bonheur ; partager aussi la citation du jour, ses bonheurs de lecture grâce au book club du groupe Facebook ; partager encore ses créations musicales sur le Chrome music Lab, jouer au Quiproquiz sur les femmes de sciences, le patrimoine mondial ou les jeux olympiques … Possible aussi, parce que la culture des lycéens est riche de notre héritage humaniste commun, de profiter des visites en ligne de grands musées du monde ou des spectacles en ligne de l’opéra de Paris… Possible encore, de jouer deux fois par jour à un Loup-garou en ligne…

La « vie scolaire » est-elle une réalité bien vivante pendant le confinement ?

Il est remarquable de voir comment, pour les lycéennes et lycéens, la « vie lycéenne », la « vie scolaire », ne sont pas des termes institutionnels, administratifs, mais une réalité d’autant plus vivante que la fermeture contrainte des établissements scolaires leur en fait ressentir le manque. Remarquable aussi de constater comment les lycéens se construisent une culture qui va de l’Opéra de Paris à Nirvana, du Guggenheim aux jeux en ligne en passant par un groupe privé de lectures partagées, de la création musicale à des quiz multiples. Une culture vivante, plurielle, riche de sa diversité et de ses écarts par rapport à une étroite norme scolaire qu’elle intègre et dépasse.

C’est l’occasion aussi de saluer l’enthousiasme créatif et collaboratif des lycéens, mais aussi la qualité de l’accompagnement qui leur est assuré, dans leurs lycées et, à l’échelle académique, par les délégués académiques à la vie lycéenne. Tout ce qui éclot en ligne aujourd’hui est le fruit des parcours personnels et collectifs de lycéens, riches de leurs découvertes comme de leurs apprentissages formels et informels. Et le goût du bonheur est aussi celui de la solidarité.

En quoi peut-on voir des lycéens  » solidaires plutôt que solitaires » ?

En témoigne le réseau lycéen d’entraide et de solidarité lancé par les élus lycéens au CAVL de Montpellier, réseau qu’ils ont intitulé  » Solidaires plutôt que Solitaires » . Ce réseau peut être mis en place dans chaque lycée, par les élus des conseils de vie lycéenne (CVL) avec l’accompagnement des référents vie lycéenne et des professeurs principaux, les élu.e.s lycéen.ne.s et délégué.e.s de classe étant co-responsables du réseau à l’échelle de leur établissement. A Lodève comme à Castelnau-le –Lez, des lycéen.ne.s se sont déjà organisés dans certains lycées pour mettre en place un tutorat entre élèves volontaires et élèves ayant besoin de soutien scolaire, pour penser à un système d’échange local (SEL), pour garder le lien avec les mineurs non accompagnés scolarisés dans leur établissement.

Dans les lycées, le moment présent ne témoigne pas d’une école réduite au silence, mais d’une communauté éducative vivante qui invente, grâce au numérique, les moyens de continuer malgré le confinement à faire communauté heureuse et solidaire hors les murs.

Propos recueillis par Béatrice Mabilon-Bonfils

Laboratoire BONHEURS (Bien-être, Organisations, Numérique, Habitabilité, Education, Universalité, Relation, Savoirs)

Université de Cergy-Pontoise

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Padlet (qui permet d’accéder directement aux différentes propositions)