Print Friendly, PDF & Email

Interrogé toute la journée par l’Assemblée nationale et par le Sénat le 19 mai, JM Blanquer a dû répondre aux questions sur ses projets pour les jours à venir, par exemple l’oral du bac, et, un peu plus loin, sur la rentrée de septembre. Si le ministre semble ne pas avoir encore de projet à présenter pour septembre, il est clair que l’appel au périscolaire en lieu et place des temps d’enseignement est ancré dans ses réflexions. L’avenir de l’École pourrait être moins d’école. Le 2S2C s’installe.

Une parfaite maitrise de la crise ?

Nous serons tous déçus à propos de l’oral de français du bac. JM Blanquer n’a rien dit à ce sujet si ce n’est qu’il répondrait à la fin de la semaine prochaine.

Quel bilan tirer du déconfinement ? Que faire pour la rentrée de septembre ? C’est le thème de la séance du Sénat du 19 mai. Mais ces questions ont déjà été posées à l’Assemblée nationale le matin, par exemple par Stéphane Peu (PC).

JM Blanquer répond toujours en donnant l’impression d’une parfaite maitrise de la situation. Par exemple il continue à dire aux sénateurs que « la France était plus préparée que les autres pays  » à entrer dans le confinement, alors qu’il semble bien que celui-ci l’a surpris. « En mars 2017 j’avais demandé au Cned de développer un enseignement à distance. Nous étions prêts juste à temps » dit-il avant de dire quelques minutes plus tard qu’il a fallu « faire flèche de tout bois » pour cet enseignement à distance.

Une rentrée 2020 avec le 2S2C

Mais ce que veulent les parlementaires c’est savoir comment les choses vont se présenter en septembre. Au député S Peu (PC) JM Blanquer a dit qu’il « ferait des concertations pour réfléchir à la rentrée 2020-2021 tout au long de juin ». Cela donne à penser que ses idées sont encore vagues.

Devant le Sénat elles se précisent. « Nous avons à penser une place supplémentaire du sport et de la culture à l’école », dit le ministre. « Une contrainte forte peut nous amener à une évolution positive car on avait déjà l’objectif de développer la place du sport et de la culture. Ce qui préfigure cela c’est le 2S2C ». Il s’agit du dispositif périscolaire qui doit prendre en charge une partie des élèves pendant la période de déconfinement avec des activités sportives et culturelles.

Ainsi le dispositif 2S2C, jusque là présenté comme un moyen temporaire de gérer les élèves en surnombre par rapport aux salles disponibles en période de pandémie, devient l’horizon de « l’école de demain ». Le dispositif prévoit de confier à des animateurs payés par les communes des groupes d’élèves (15 au maximum) pour faire du sport ou des activités artistiques ou culturelles. Cela sur le temps scolaire en lieu et place des cours.

« Nous avons à imaginer cette école nouvelle », explique JM Blanquer en réponse à une question du sénateur David Assouline (PS). « Premières pistes : une place plus importante du sport et de la culture, une juste place pour le numérique, une nouvelle organisation du temps ».

La crise utile pour les projets de JM Blanquer ?

Alors que des enseignants d’EPS s’inquiètent de l’avenir de leur discipline, les propos de JM Blanquer semblent confirmer leurs craintes. Réaménager le temps scolaire pour faire davantage de sport et de culture, c’est évidemment supprimer les cours d’EPS et d’arts (au sens large) , voire d’autres enseignements.

On peut se demander si JM Blanquer n’utilise pas , en ce domaine comme en d’autres, la crise sanitaire pour faire avancer ses projets pour l’Ecole. La crise a déjà émietté le système scolaire en aggravant les inégalités entre établissements et même dans les classes. Sous le prétexte de la culture et du sport, c’est un retrait de l’Ecole qui se dessine. L’école de la rentrée pourrait voir fortement diminuer les horaires scolaires. Cela permettrait dans un premier temps d’accueillir des groupes plus réduits d’élèves sans créer de postes. Mais pour l’Ecole ce serait reconnaitre que ni l’eps ni les enseignements artistiques n’y ont leur place.

François Jarraud

L’EPS menacée d’un retour en arrière