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Un emploi fonctionnel , tel qu’il est promis par la proposition de loi Rilhac et le rapport du Sénat, répond-il aux attentes des directeurs d’école ? Améliore t-il l’école ? Remet-il en question la place de l’IEN ? Patrick Roumagnac, secrétaire général du syndicat des inspecteurs SIEN Unsa, Paul Devin, secrétaire général du SNPI Fsu et Francette Popineau, co secrétaire générale du Snuip Fsu partagent leurs avis.

« Le concept d’emploi fonctionnel a des risques et des contraintes comme être remercié du jour au lendemain », nous dit Patrick Roumagnac. « Ce n’est pas ainsi qu’on travaille dans les écoles. On ne pense pas que c’est une bonne solution. Il aurait mieux valu une délégation d’autorité ». Mais P Roumagnac juge la loi Rilhac « nécessaire pour reconnaitre l’importance du travail des directeurs ». « On n’est pas en concurrence avec les directeurs. On a des actions complémentaires », estime t-il. « L’inspecteur (IEN) doit avoir une mission pédagogique : accompagner les projets des équipes. On ne gère les écoles aujourd’hui que parce qu’on n’a pas réussi à mettre en place une distinction entre les fonctions de direction et inspection ». Pour lui, « la loi n’apporte pas toutes les réponses mais va dans le bon sens ».

« L’emploi fonctionnel fabrique de la pression hiérarchique permanente », estime Paul Devin. « Dans la proposition de loi Rilhac, le directeur est délégataire de l’autorité académique : ça ouvre la possibilité dans les textes d’une application très large dont on ne connait pas encore les limites. Même l’organisation pédagogique de l’école pourrait passer sous l’autorité du directeur. La proposition de loi dit qu’il faut que le directeur « prenne toutes dispositions nécessaires » pour le bon fonctionnement des écoles. « Chatel résumait bien les objectifs de cette loi : l’école a besoin de chefs ». Pour P Devin les questions de la charge de travail et de la rémunération des directeurs sont les vraies questions. « Il ne faut pas rester sur le statu quo ».

Secrétaire générale du principal syndicat de professeurs des écoles, Francette Popineau ne voit pas la loi Rilhac d’un bon oeil. « On sent que la loi comme le rapport du Sénat tient compte de ce que dit l’enquête ministérielle sur les directeurs d’école. Les textes abandonnent l’idée de statut et sont attentifs aux besoins. Mais l’emploi fonctionnel ne correspond pas aux attentes des enseignants. Seulement 8% d’entre eux souhaitent un supérieur hiérarchique ». Pour les directeurs, l’emploi fonctionnel peut être « alléchant », « mais c’est toujours avec des contreparties » fixées dans la loi. « Il faut que les directeurs aient du temps et des décharges. Il faut qu’ils soient reconnus par des indemnités à la hauteur de leur engagement. C’est ça l’essentiel. Mais la loi ne prévoit rien sauf la décharge à partir de 8 classes mais en échange d’autres charges de travail ».

Propos recueillis par F Jarraud