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Comment faire face à une rentrée qui sera totalement inédite et où, en plus, les effectifs seront particulièrement nombreux dans le second degré ? Largement annoncée par JM Blanquer dans les médias, la réunion de concertation sur la rentrée de septembre s’est tenue le 16 juin. Les syndicats, les associations de parents ont pu écouter et parler au ministre. Trois points se dégagent : le ministre ne travaille vraiment qu’un ou deux scénarios alors que la situation sanitaire risque d’amener des surprises. Les moyens ne seront pas suffisants. Blanquer reste Blanquer : le ministre va lancer un plan maths et un plan français…

Une rentrée inédite

« Cette rentrée doit être travaillée particulièrement car on aura besoin de dispositifs particuliers ». Pour Benoit Teste, secrétaire général de la Fsu, il est clair que la rentrée de septembre ne sera pas une rentrée ordinaire. Elle verra une forte hausse du nombre d’élèves dans le second degré (environ 30 000 supplémentaires). Surtout personne ne sait dans quel état seront les élèves. « Les élèves vont revenir dans un état inédit », dit-il. « On ne sait pas quel effet aura produit une interruption de l’école pendant 5 mois. La rentrée sera anxiogène pour tout le monde. Et on est condamné à la réussir car le rôle de l’école dans la réduction des inégalités a été démontré durant le confinement. La question des moyens sera déterminante ».

Un ministère endormi

Pour cette rentrée extraordinaire il faudrait prévoir différents scénarios en fonction de la situation médicale. Or pour l’instant, le ministère travaille sur celui d’un retour à la normale. « Pourquoi pas ! Mais il faut anticiper aussi une reprise de l’épidémie , locale ou nationale, en septembre ou en octobre » dit Benoit Teste. « On continue à demander d’anticiper toutes les éventualités ». Pour lui, le ministre est « dans une sorte d’euphorie du déconfinement ».

Il n’est pas seul à soulever le problème. Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa, confie que le ministère « dit travailler sur un scénario A et un scénario B. Pas davantage. Or il faudrait travailler sur plusieurs scénarios. Et il faudrait que les enseignants les connaissent avant de partir en vacances pour qu’ils aient de la visibilité. Même si la rentrée se fait dans des conditions favorables, il faut quand même se préparer à une dégradation sanitaire dans les mois à venir ».

Quels aménagements pédagogiques ?

Cette rentrée, JM Blanquer l’imagine aussi conforme à ses idées. Il annonce un « plan maths » et un « plan français » pour travailler « les fondamentaux ». L’année commencerait par une batterie de tests pour repérer les manques des élèves.

« Pour nous l’urgence n’est pas de déployer des plans de formation qui s’ajouteraient à ce que les enseignants auront à faire », dit S Crochet. « On a redit qu’on ne veut pas d’injonctions. Et on a demandé que les programmes soient aménagés. Dans le premier degré le Snuipp a demandé qu’on prenne en compte les cycles. Dans le second degré on pense plutôt à des aménagements par discipline », dit B Teste. La Fsu craint que le ministre renvoie trop au local. « On veut d’ici les vacances des cadrages pour les heures supplémentaires qui seront données dans les écoles et établissements de façon à dédoubler dans les classes de façon obligatoire au niveau national ». Le syndicat ne s’attend évidemment pas à des dédoublements généralisés mais à un certain volume d’heures.

L’avenir du 2S2C est posé aussi. « Le ministre profite de la crise pour pérenniser ce dispositif qui fragilise l’EPS et les enseignements artistiques », estime B Teste. « Cela correspond à sa vision : l’école ce sont les fondamentaux ». S Crochet est moins affirmatif. « Le 2S2C sera t-il hors temps scolaire ou pas ? On ne sait pas ».

Quels moyens ?

« La question des moyens va déterminer la rentrée. Avec des classes à 35 ce sera plus difficile », dit B Teste. Pour B Teste et S Crochet, le ministre va surtout faire appel à des heures supplémentaires pour prendre en compte les besoins de la rentrée. « On aurait préféré qu’on essaye de titulariser un grand nombre de concourants », allusion aux concours internes, dit B Teste. Dans le second degré une cinquantaine de postes devraient être données à la Guadeloupe et la Martinique. 300 pourraient renforcer les lycées professionnels. Tout cela lui semble insuffisant. « Il y aura un problème de moyens à la rentrée ».

« On va manquer de postes », confirme S Crochet qui demande lui aussi de recourir aux listes complémentaires. Mais JM Blanquer n’en a pas l’habitude. Le dernier appel à des liste complémentaires remonte à 2017.

F Jarraud