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« Il ne nous paraît pas possible de continuer à promouvoir les programmes de l’EPS contre les fondements de la culture sportive ». Le 3 septembre, Benoît Hubert, secrétaire général du Snep fsu, le syndicat ultra majoritaire des professeurs d’EPS, présentait les enjeux de la rentrée. Alors que l’éducation nationale englobe maintenant les sports, le Snep attend une refonte des programmes et l’arrêt du dispositif 2S2C.

Un protocole attendu

« Le SNEP apprécie positivement la publication (du) protocole même si de nombreuses questions restent encore en suspens. Si l’on se réfère au texte de cadrage ministériel, toutes les activités physiques et sportives sont possibles dans le respect de certaines mesures sanitaires, lavage des mains, port du masque lorsque l’élève n’est pas en activité, respect quand cela est possible d’une distance physique de deux mètres ».Pour Benoit Hubert la publication d’une « recommandation » pour l’EPS est presque une victoire. Le syndicat le demandait depuis longtemps quand le 24 août le ministère s’est décidé à le publier.

« Ce texte nous permet de programmer toutes les activités sous certaines conditions », dit Benoit Hubert, secrétaire général. « Il remet au coeur la professionnalité des enseignants ».

Le Snep souligne des interprétations locales erronées voire dangereuses comme le port du masque lors des activités physiques avec malaises à la clé. »Il y a un manque évident d’anticipation de la rentrée », déplore B Hubert. « La phrase indiquant « Dans le respect des règles de distanciation précédemment indiquées, les gymnases permettent la pratique de nombreuses activités physiques autres que les sports collectifs » souffre d’une double lecture entre ceux qui la lisent comme une interdiction de pratique des sports collectifs et ceux qui la lisent comme une possibilité. Cette phrase nécessite d’être retravaillée pour ôter toute ambiguïté. Telle que cette phrase est écrite, nous considérons que les sports collectifs sont autorisés, même si les rédacteurs ont sûrement voulu pointer que d’autres pratiques étaient possibles. En tout état de cause, un texte national qui ouvre la voie à des interprétations de différentes natures ne peut rester en l’état ».

Suppressions de postes

Un autre souci est la rémunération des enseignants. « On est passé de 10 milliards à 500 millions, pui s400, puis maintenant 350 millions. C’est beaucoup d’esbroufe pour pas grand chose », dit B Hubert. Le Snep souligne les suppressions de postes en EPS. 100 postes disparaissent à la rentrée alors qu’il y a 22 500 élèves de plus.

Le rapport au sport

Autre nouveauté, le 2S2C est jugé négativement. « On empêche les professeurs d’EPS de faire des activités pour les confier à des animateurs. « Nous demandons : un abandon pur et simple de cette mesure qui a été bricolée dans un temps très court et a fait la démonstration de son impréparation et de son inefficacité. Il demeure dangereux dans sa conception qui invite, in fine, à réduire le périmètre de l’école pour faire encadrer à moindre coût des disciplines comme l’EPS », dit le syndicat.

L’intégration des sports dans l’Education nationale invite le Snep Fsu à revoir l’articulation entre sport et EPS. « Le rapprochement signifie l’importance donnée à la culture sportive au sein de l’Éducation nationale. En termes de conséquences, il ne nous paraît pas possible de continuer à promouvoir les programmes de l’EPS contre les fondements de la culture sportive. Le premier signe politique de ce changement doit être l’ouverture de négociations pour une réécriture des programmes dans laquelle notre profession doit occuper une place importante. »

Mais le syndicat souligne aussi sa singularité par rapport au sport. « Les missions des sports et celles de l’EN doivent demeurer distinctes même si des rapprochements peuvent être opérés, rapprochement qui, par ailleurs, existent depuis longtemps. La première raison pour cela est celle des publics très différents, avec des motivations différentes et des finalités qui ne sont pas de même nature ».

Allier singularité et intégration dans un même ministère n’est aps chose aisée. « Il faut construire une culture commune que chacun connaisse », dit B Hubert.

François Jarraud