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« Ce ne sont pas les politiques publiques qui controlent la situation mais le virus ». Présentant le 8 septembre l’édition 2020 de Regards sur l’éducation, Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, a insisté sur l’importance de la crise économique qui accompagne la crise sanitaire et la nécessité de maintenir la dépense d’éducation. L’OCDE apporte son soutien aux réformes engagées par JM Blanquer tout en poussant ses recommandations.

« La crise sanitaire bouleverse nos économies et risque d’aggraver les inégalités ». Alors que traditionnellement la publication de Regards sur l’éducation est l’occasion de promouvoir les conceptions éducatives de l’OCDE, l’édition 2020 se fait dans une situation extraordinaire. La présentation par Angel Gurria, secrétaire général, et Eric Charbonnier, expert éducation et membre du nouveau Conseil d’évaluation de l’Ecole, met l’accent sur la crise économique.

C’est que pour l’OCDE elle menace vraiment l’Ecole. « Si l’on ne sait pas avec certitude quel sera l’impact global de la pandémie de COVID-19 sur les dépenses d’éducation, les pouvoirs publics risquent néanmoins de devoir prendre des décisions difficiles quant à l’affectation des fonds publics à mesure que la croissance économique ralentira, que les recettes fiscales baisseront et que les coûts de la santé et de la protection sociale augmenteront », écrit l’OCDE. Ce point concerne particulièrement la France où la part de l’éducation dans les dépenses publiques est déjà faible.

« Le renforcement des systèmes éducatifs doit être au cœur des plans des gouvernements pour sortir de cette crise et doter les jeunes des compétences et des qualifications dont ils ont besoin pour réussir », déclare Angel Gurría. « Il est essentiel de tout mettre en œuvre pour que la crise n’accentue pas les inégalités en matière d’éducation qui ont été décelées dans de nombreux pays. La crise actuelle met à l’épreuve notre capacité à faire face à des perturbations de grande ampleur. Il nous appartient désormais d’en tirer toutes les conséquences pour construire une société plus résiliente ».

« Il faudra rendre la profession enseignante plus attractive », ajoute A Gurria à propos de la France où « la progression salariale est plus faible qu’ailleurs… Les défis de cette rentrée sont nombreux. l’école doit relever une équation complexe celle d’accueillir chacun tout en garantissant la sécurité de tous. Pour résoudre cette équation on doit mettre en oeuvre des changements importants. Il est essentiel de soutenir les reforme engagées en France, celle des 1eres années d’école, la lutte contre l’échec scolaire, la revalorisation des enseignants et de la formation professionnelle… Les pouvoirs publics devraient redoubler d’efforts pour rendre l’enseignement et les qualifications professionnels plus attrayants pour les jeunes. Il faudrait notamment renforcer l’apprentissage en milieu professionnel et les liens avec le secteur privé. »

Eric Charbonnier souligne certains points. « Dans Pisa le niveau de la France est moyen mais avec un niveau d’inégalité très fort. A cette rentrée, l’enjeu est de rattraper les retards des élèves, de développer une aide personnalisée ». Il invite à utiliser les APC au primaire et Devoirs faits dans le second degré en prenant en charge les élèves faibles.

Il met l’accent sur l’essor de l’apprentissage mais en étant plus exigeant sur l’enseignement général et en facilitant l’accès au supérieur.

Enfin il y a la question du numérique. Regards sur l’éducation montre que l’école française était fort mal préparée à devoir enseigner à distance. L’OCDE insiste sur la nécessite de recueillir « les bonnes pratiques » du confinement pour les généraliser.

François Jarraud

Regards sur l’éducation 2020

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