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Il y a un an, le 21 septembre 2019, Christine Renon, directrice d’école à Pantin écrivait une lettre où elle dénonçait ses conditions de travail. Le jour même elle se suicidait. Son acte désespéré est désormais pour beaucoup le symbole de la souffrance au travail dans l’Éducation Nationale. Un an après, le 26 septembre dernier, « une marche contre l’oubli, pour la jeunesse et l’éducation » lui a rendu hommage.

Pas d’évolution depuis l’année dernière

Adil 8 ans et sa mère portent une pancarte « Christine Renon, un an après, pouvoirs publics qu’avez-vous fait? ». Adil aime le dessin grâce à Christine Renon. « Quand j’étais puni j’allais dans son bureau et ma punition c’était de dessiner. » Sa mère explique à quel point « Christine était impliquée dans son travail, auprès des familles et des enfants ». Pour Aurélie « rien n’a changé en un an, la maltraitance institutionnelle continue pour les enseignants et les directeurs ».

Victoria est enseignante en Seine-Saint-Denis. « Personne ne voulait de la direction dans mon école après le départ à la retraite de la directrice. Depuis le début de l’année j’occupe donc cette fonction et je me rends compte de l’ampleur de la mission. Je suis responsable de tout. Je suis déchargée une journée et j’ai une montagne de tâches. Pour elle, aujourd’hui, « travailler dans l’éducation nationale ça ne fait plus rêver personne ». D’ailleurs elle retournera travailler dans son école après la marche.

Fanon, Soumya et Claire sont enseignantes, elles sont venues du 95 pour faire cette « triste marche ». Elles ne notent pas d’évolution depuis l’année dernière mais une augmentation de la charge de travail des directeurs avec la survenue de la crise sanitaire. Elles ne veulent pas devenir directrice parce qu’il « n’y a aucune reconnaissance du travail des directeurs ».

Un management inhumain

Arthur enseigne dans le 19eme arrondissement à Paris en CM1. Il veut rendre hommage à Christine Renon et dénoncer les méthodes de management inhumaines chères au ministre de l’Éducation nationale et à ses thuriféraires. D’autres dans le cortège puis lors des interventions en fin de marche parlent de « s’unir pour faire réussir les enfants », de « détresse professionnelle dans laquelle de nombreux enseignants, directeurs ou non, se reconnaissent », du « choc et du chagrin qui se muent en colère », de la pénibilité et de la souffrance, des pressions de la hiérarchie. Et pour certains « si l’école tient bon, c’est que les enseignants prennent des coups » et « une école qui souffre c’est une jeunesse qui souffre ».

Depuis un an il y a eu des annonces, certes, mais aucune décision concrète n’a vu le jour. Le ministre agite le hochet du « Grenelle de l’enseignement » mais qui y croit encore ? C’était, ce samedi 26 septembre 2020, une marche contre l’oubli pour qu’un ministre, sourd aux souffrances, puisse, au moins, entendre. Quant à écouter, c’est une autre histoire…

Samia Bouchengara