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En 2018, dans la revue française de pédagogie (n°205), Philippe Bongrand et Dominique Glasman proposaient une « exploration sociologique » de l’instruction en famille, présentée comme un « phénomène émergent ». Leur analyse relativise les propos tenus par E Macron le 2 octobre et interroge l’amalgame fait par le président. Selon P Bongrand et D Glasman, on compterait 30 139 enfants en instruction à domicile. Ce chiffre ne prend pas en compte les très nombreux enfants pauvres privés d’école, évalués par des associations à 100 000 personnes. Sur les 30 000 jeunes officiels, 16 000 relèvent de motifs reconnus impératifs par l’Education nationale : maladie, sportifs de haut niveau, enfants de parents itinérants etc. Et 14 000 ont fait le choix de l’instruction en famille. L’étude montre comment le discours officiel sur ces enfants s’est durci depuis 1999 avec le soupçon de radicalisation.  » Ces profils de familles existent, comme nos enquêtes en cours auprès de parents ou d’agents chargés de leur contrôle permettent de le documenter. Mais les connaissances actuelles ne permettent en rien d’affirmer qu’elles seraient prépondérantes parmi les familles qui instruisent hors établissement », assurent les deux chercheurs.  » Le risque existe d’accorder moins d’attention au cas, beaucoup plus fréquent et banal, des parents qui déscolarisent leur enfant faute de pouvoir scolariser dans un établissement qui réponde à leurs attentes ». C’ets le cas d’enfants victimes de harcèlement à l’école ou dont les parents veulent éviter l’établissement du secteur. Aussi pour les deux auteurs, l’étude de ces familles permet de mieux saisir les réalités de l’éducation nationale.  » L’instruction dans la famille permet d’interroger la nature et la portée de la forme scolaire de socialisation… la plupart des questions posées à l’instruction en famille peuvent aussi interroger l’institution scolaire. L’instruction en famille permet à un grand nombre d’enfants d’apprendre et de progresser, si l’on se fie aux contrôles publics : les contrôles de l’Éducation nationale concluent que l’instruction donnée est conforme au droit à l’instruction de l’enfant pour 90,5 % des enfants non scolarisés (hors CNED réglementé) en 2010-2011, 93 % en 2014-2015 et 92,7 % en 2016-2017 (MEN, 2018). Que pourraient tirer de tout ou partie de ses pratiques les dispositifs scolaires ou établissements qui s’efforcent de remettre au travail des élèves qui ont décroché ? »

Dans la revue