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Grand événement de l’année scolaire, les Etats généraux du numérique doivent faire entrer le numérique dans l’école et améliorer l’enseignement et notamment la personnalisation des apprentissages. Pour cela le ministère organise des réunions académiques avant le show national. Voilà pour la communication. Car le budget 2021 dit tout autre chose. Les Etats généraux, une baudruche qui se dégonfle ?

Changer l’Ecole avec le numérique

Les Etats généraux du numérique s’annoncent comme le grand rendez-vous de l’année scolaire avec le « Grenelle » de l »éducation. La communication du ministère décline l’événement en réunions académiques et cahiers régionaux selon un modèle bien huilé à l’Education nationale. Il s’agit de tirer les leçons du confinement et de « Faire émerger une vision partagée du numérique pour l’éducation ». Le point d’orgue doit avoir lieu à Poitiers début novembre dans une grande messe ministérielle où le ministre pourra faire des annonces. Voilà la communication ministérielle. Mais que dit le budget de l’Education nationale ?

171 millions

Les dépenses informatiques sont bien inscrites au budget 2021 à hauteur de 171 millions. C’ets une somme importante. Elle est en hausse de 25 millions par rapport à 2020.

Mais de quoi se composent ces dépenses ? L’essentiel ce sont « les grands projets informatiques », à hauteur de 50 millions, soit 32 millions de plus qu’en 2020. Ces grands projets consistent surtout en applications de gestion de l’Education nationale. C’est Océan Cyclades : une application de gestion des examens et concours. Op@le, une application de gestion financière des EPLE ou encore Oper@, une application de paye des AED. Les trois ensemble représentent 25millions.

Et puis il y a le remplaçant du fameux Sirhen, cette application qui n’a jamais fonctionné mais a absorbé près de 500 millions. Sirhen a été clos fin 2019 et le ministère a eu bien du mal à assurer la paye avec les vieux outils à sa disposition durant le confinement, ces outils ne pouvant être utilisés qu’en présentiel. Un nouveau projet SIRH va le remplacer. Il coutera une quarantaine de millions en 2021 et en principe 150 au total. Pendant ce temps il faut assurer le fonctionnement des vieux outils et ça coutera 5 millions en 2021.

Le ministère va aussi développer d’autres applicatifs pour une quarantaine de millions, par exemple la banque nationale de sujets pour le bac, un portail parents, diplome.gouv etc.

Mais 10 seulement pour le numérique éducatif

Oui mais le numérique éducatif ? Celui dont les Etats généraux vont parler ? Celui qui est utilisé pour toute cette communication ministérielle ? Le budget 2021 prévoit 10 millions, exactement comme en 2020. Ils se répartissent entre une plate forme facilitant l’accès aux données pour le primaire, des ressources type BRNE (pour 2.5 millions), dela formation (4 millions) notamment avec Pix et des partenariats avec la recherche mais aussi l’EdTech pour 2 millions.

Cette lecture du budget nous apprend plusieurs choses. La première c’est que les choix du ministère sont déjà faits dans les grandes lignes et budgetés bien avant les Etats généraux. La seconde c’est la répartition entre le numérique de gestion (160 millions) et le numérique éducatif (10 millions). Cela renvoie à l’organisation des services informatiques du ministère. Et cela éclaire sur les priorités.

Des financements externes risqués

Evidemment d’autres sources de financement peuvent apparaitre, à travers les programmes d’investissements d’avenir (PIA) ou les collectivités territoriales. C’est ce qu’avait prévu le plan Hollande et son milliard pour le numérique éducatif. Mais la Cour des comptes a bien montré les limites de ce type de financement. Confier un plan numérique éducatif à un organisme ne dépendant pas de l’Education nationale, en l’occurrence les PIA, c’est être certain qu’on en perd le pilotage et que le budget s’évapore..De fait le milliard promis par F Hollande n’a jamais été dépensé et l’Education nationale n’a pu mettre la main que sur 307 millions, tout en perdant la maitrise de son projet.

L’autre solution c’est le traditionnel appel aux collectivités locales. Encore faudrait-il qu’elles souhaitent abonder ce financement alors qu’elles sont fatiguées d’être traitées en porte monnaies de l’Education nationale. Et que l’Etat, qui controle leurs dépenses, revienne sur les limites qu’il a lui-même fixées.

Les annonces ronflantes des Etats généraux sont déjà bien cadrées. Il nous reste le vent de la communication…

François Jarraud