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Faut-il, comme le demande JM Blanquer, lire le texte de Jean Jaurès dans toutes les écoles de France à 11h le 2 novembre ? La question se pose tant ce texte est inaccessible à la majorité des élèves. Mais la comparaison avec le texte original montre que le ministère a biffé tout un paragraphe. Pour quelles raisons ?

E Macron ayant retenu ce texte de J Jaurès pour l’hommage national à Samuel Paty, le professeurs assassiné par un terroriste le 16 octobre, le ministre de l’Education nationale a retenu la même « lettre aux instituteurs » pour l’hommage qui aura lieu le 2 novembre.

Mais pas les mêmes extraits. Alors que le texte lu durant la cérémonie est passé du premier au dernier paragraphe, celui retenu par le ministère retient la plus grande partie du développement, comme nous l’a signalé un professeur d’histoire-géographie.

Mais curieusement il saute un paragraphe, passant du 4ème au 6ème directement. Voilà ce que disait J Jaurès et qui a été biffé par le ministère :

« J’en veux tellement à ce certificat d’études primaires qui exagère encore ce vice secret des programmes. Quel système déplorable nous avons en France avec ces examens à tous les degrés qui suppriment l’initiative du maitre et aussi la bonne foi de l’enseignement, en sacrifiant la réalité à l’apparence ! Mon inspection serait bientôt faite dans une école. Je ferais lire les écoliers, et c’est là-dessus seulement que je jugerais le maître. »

« Le ministère a dû oublier qui était Jaurès, même si en 1888 il n’était pas encore socialiste, juste député républicain », nous a dit un professeur d’histoire-géographie. « Il a dû oublier qu’il avait aussi été enseignant ». Et qu’il pouvait critiquer le système éducatif et son obsession évaluatrice.

« Finalement le leçon que le ministère donne c’est que la liberté d’expression s’arrête là où le ministère est gêné. Censurer ce qui gêne c’est aussi ce que veulent ceux qui n’aiment pas les caricatures de Charlie Hebdo », nous a dit un professeur d’histoire-géo.

François Jarraud

Le texte retenu pour le 2 novembre

Le texte original paru dans La Dépêche du 15 janvier 1888