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Comment le confinement puis le déconfinement puis le protocole « renforcé » modifient l’enseignement de l’EPS ? Cette discipline où l’on se touche, où on ne porte pas de masque, qui multiplie les occasions de contacts sociaux parait mal adaptée à la gestion de l’épidémie. Le 12 novembre les représentants des principaux syndicats de l’EPS et du sport témoignent devant la Commission d’enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid 19 sur la jeunesse, présidée par Sandrine Mörch (LREM) et avec Marie George Buffet comme rapporteure. Les professeurs parlent du manque d’installations, des vestiaires, de la gestion sanitaire. Pour eux, la crise sanitaire n’a pas créé de nouvelles difficultés à l’EPS. Elle a surtout rendu visibles des problèmes que jusque là on ne voulait pas voir.

Un enseignement à part

Ils ont tous là le 12 novembre devant la Commission d’enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid sur la jeunesse à lever la main et à jurer de dire la vérité. Quels problèmes sont soulevés ?

Au cours des quatre dernières périodes, confinement, déconfinement, protocole hyper allégé et « durcissement » très relatif très dernièrement, l’EPS a eu un rôle à part , estiment tous les représentants syndicaux. Si B Hubert, secrétaire général du très majoritaire Snes Fsu, explique que le « téléenseignement n’est pas compatible avec l’EPS », durant le confinement, Perrine Prost, déléguée nationale du Se-Unsa, souligne que les élèves étaient contents d’avoir un professeur qui s’intéresse à leur personne. Cécile Rossard, pour le Sgen Cfdt , souligne que durant cette période les inégalités ont augmenté aussi en EPS. Les élèves favorisés pouvaient faire du vélo d’appartement quand les autres étaient bloqués à la maison. Tous trois évoquent la prise de poids des élèves et une santé moins bonne au déconfinement.

Au déconfinement et même après tous soulignent que les élèves sont heureux de se retrouver dans un enseignement où ils ont davantage d’occasions de contact et pas de masque. B Hubert parle « d’appétence très forte pour l’EPS ». Mais l’EPS a aussi perdu des élèves. Selon B Hubert les activités sportives, qui ont lieu en plus de l’EPS, ont perdu un tiers de leurs adhérents. Le protocole interdit des rencontres entre établissements ce qui diminue l’attrait des AS.

Ils soulignent aussi les inquiétudes des jeunes, leur peur de ramener le virus dans leur familles, un sentiment qui pèse sur la pratique sportive. C’est aussi l’occasion de rappeler que les professeurs, qui font face à des élèves non masqués, n’ont jamais eu les masques chirurgicaux promis par l’institution.

Carences ministérielles

L’EPS a aussi souffert des hésitations et du temps mis à sortir des textes par le ministère. « Les équipes ont du réinventer leurs pratiques sans installations », lors du déconfinement explique C Rossard. « Aujourd’hui si on respecte les deux mètres de distance on ne peut plus travailler dans certains établissements ». Elle souligne aussi l’impact de la fermeture des vestiaires alors que l’EPS participe à l’éducation à l’hygiène. Ce souci des vestiaire est partagé.

Les enseignants évoquent aussi le manque d’installations. Durant le déconfinement elles étaient fermées. Depuis la rentrée elles sont ouvertes mais sans vestiaire et avec des protocoles locaux qui s’ajoutent au protocole éducation nationale. « Il va bien falloir investir dans les installations « , estime B Hubert.

Crise du 2S2C

Enfin le déconfinement est aussi lié à l’apparition du 2S2C. « La crise des 2S 2C amène au constat que les objectifs de l’EPS sont mal connus. C’est l’autre manque (avec les installations) », estime Perrine Prost (Se Unsa). « Le 2S2C a mis la panique », se souvient C. Rossard. Cette confusion entre l’EPS et le sport est aussi évoquée par les représentants des métiers du sport , Pierre Mourot (Snpjs Cgt) et François Pelletier (Solidaires). MG Buffet n’est pas contredite quand elle dit qu’il « faut bien distinguer EPS et métiers du sport.. Chacun a son rôle ».

Mais le ministre de l’éducation nationale et des sports en entrepris un rapprochement entre les deux. « Au 1er janvier on intègre le pole éducatif », dit P Mourot. « C’est un transfert dont on ignore toujours la réalité. Les 3 ministres ne projettent aucune vision sur les interactions des uns et des autres ».

Finalement la crise sanitaire semble avoir rapproché les professeurs d’EPS et les élèves. Il fait découvrir de nouvelles pratiques adaptées au protocole : balades, expression artistique. Il semble bien que la crise ait malgré tout renforcé l’identité de l’EPS aux yeux des professeurs et des élèves.

F Jarraud