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Belle communication lors des 26es Journées du longitudinal « Sélections, du système éducatif au marché du travail » organisées en ligne par le Certop les 12-13 novembre. Perrine Agnoux, doctorante à l’université de Bourgogne, présente un travail sur les élèves de deux bacs pro sanitaires et sociaux (ASSP) et le bac agricole SAPAT.  » Dans ces filières presque exclusivement féminines, la sélection scolaire, dans un contexte de proximité relationnelle entre élèves et enseignantes, valorise un modèle de féminité de classes moyennes, partagé avec les employeuses et formatrices du secteur médico social. Un suivi de cohorte dans un département rural montre que ces « savoirs être », mobilisés dans les classements scolaires et inégalement réappropriés par les élèves, contribuent sur le long terme à naturaliser leurs compétences sur le marché du travail mais aussi à hiérarchiser ces femmes de classes populaires ». Cela se lit par exemple dans les décisions du conseil de classe qui ne récompense pas les « vilaines » malgré leurs bons résultats.  » Les « bonnes élèves » deviennent ainsi des entrepreneuses de morale au sein des classes populaires, prescriptrices d’un ordre social promu par les classes dominantes. Elles apparaissent comme des actrices de l’évolution de la place « traditionnelle » des femmes dans les familles populaires ( 2 018), avec des aspirations à la réalisation individuelle, y compris dans la sphère professionnelle, sans pour autant remettre en cause la complémentarité des sexes et la naturalisation des compétences féminines. La transmission d’un modèle de féminité de classes moyennes à une partie des classes populaires n’y étant pas a priori ajustée, offre alors de nouvelles voies d’émancipation à ces jeunes femmes, avec de réelles opportunités de petite ascension sociale, tout en générant de nouvelles injonctions contraignantes ».

La communication