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Mathématicien, Bernard Ycart a créé un site d’histoire. Universitaire, il l’a fait en pensant aux professeurs de maths du secondaire qu’il a contribué à former. Le site « Histoire de mathématiques » permet d’aborder les mathématiques sous un angle qui favorise l’identification et les apprentissages. Avec 228 histoires il permet de traiter n’importe quel sujet au programme.

Un énorme site de référence

« J’ai toujours utilisé l’histoire des maths dans mon propre cours », nous dit-il. « J eme suis rendu compte de l’intérêt pédagogique de cette approche ». Professeur à l’université Grenoble Alpes, Bernard Ycart a aussi formé des enseignants pour l’Espe de Grenboble.

Pour réaliser son site, créé en 2016, B Ycart a puisé dans ses cours d’université. dans lesquels chaque chapitre contenait une partie sur l’histoire de la discipline. Le résultat est là :le site propose 228 histoires. « Chacune m’a demandé une cinquantaine d’heures de travail », nous dit-il, « pour trouver les documents, dire les choses de façon agréable ». Un ami, Rémy Drouilhet, a conçu la navigation dans le site qui est très fluide.

Rendre les maths vivantes

Pourquoi cet investissement dans l’histoire des maths ? « J’ai toujours été convaincu de la nécessité de connaitre l’histoire d’une discipline pour l’enseigner. Il faut connaitre l’enchainement des idées. Par exemple je pense que plus une notion est récente plus elle est difficile à comprendre pour les élèves. De tout temps on a utilisé les fractions. Mais c’est seulement depuis le système métrique que 5/8ème est devenu 0.625. Il ne faut pas s’étonner que ce soit difficile à comprendre », dit-il.

Mais B Ycart trouve à l’approche historique un avantage encore supérieur. « L’histoire rend les choses vivantes. Elle met de la vie dans l’enseignement des maths. On ne peut pas intéresser les élèves avec des théorèmes. Par contre on puet raconter qui l’a imaginé, dans quel contexte. Les élèves peuvent s’identifier au mathématicien ».

S’identifier aux mathématiciens

L’identification, B Ycart y croit beaucoup. « Pour les jeunes issus de l’immigration par exemple, leur raconter que pendant 700 ans les sciences se sont écrites en arabe c’est important. Etça leur permet de s’identifier avec les mathématiciens et la discipline. Et finalement de mémoriser. La même logique est à l’oeuvre par exemple quand on évoque des mathématiciennes. Ou encore aborder les équations à partir de la vie d’Evariste Galois , mort en duel à 21 ans. Les élèves peuvent saisir qu’il faisait partie du courant romantique porté par Hugo ou Chopin. Ils peuvent relier les disciplines et se retrouver dans ce jeune homme mort pour une femme ».

« Le professeur de maths c’est souvent la terreur qui distribue de mauvaises notes. Au moins une fois par semaine il peut endosser l’habit du tonton qui raconte une histoire. Cela crée un autre rapport avec les élèves ».

Pour les enseignants qui veulent utiliser son site, B Ycart propose d’entrer des mots clés dans le moteur de recherche du site (fraction par exemple) et d’utiliser les histoires de leur choix. « Le professeur peut choisir une histoire des fractions dans la Grèce antique, ou à une autre époque. Et proposer aux élèves des exercices vieux de plusieurs siècles et qui sont parvenus jusqu’à nous ». Une leçon d’humanité finalement.

F Jarraud

Le site