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Comment favoriser la rencontre entre les lycéens et les chercheurs ? L’opération « 1000 chercheurs dans les écoles » menée par l’AFM-Téléthon et l’APBG permet une sensibilisation des élèves à la recherche médicale. Nathalie Mahot, professeure de SVT au lycée Jean Macé à Lanester (56), fait appel depuis plusieurs années à des chercheurs pour évoquer les maladies génétiques, la manipulation du génome ou encore la thérapie génique. « Ce type de conférence ouvre les possibilités, incite à la découverte, donne envie aux élèves d’approfondir ou d’oser certaines pistes d’orientation. », constate l’enseignante.

Comment s’organise cette rencontre avec le scientifique en marge du Téléthon ?

Tous les collèges et les lycées reçoivent une proposition d’adhésion au dispositif, fin septembre, via les adresses mail académiques de la part de l’organisation « 1000 chercheurs dans les écoles » en lien avec l’AFM Téléthon. Au départ, il faut donc effectuer une demande d’inscription, en précisant les classes concernées, le nombre d’élèves. Depuis 2 ans, il y a tellement de demandes qu’un tirage au sort est organisé.

Ensuite, nous recevons une réponse avec les coordonnées d’un scientifique. Par échange de mails entre professeur et chercheur, les modalités pour la conférence avec les élèves se précisent. L’intervention se déroule toujours dans les semaines avant la grande opération de communication du Téléthon début décembre.

Que retiennent vos élèves généralement ? Quel travail est effectué en amont de l’échange ?

Les retours d’élèves sont très positifs. Les thèmes abordés sont pourtant difficiles, ainsi le chercheur se fait porte parole de l’association qui est constituée de famille frappées par des maladies rares et souvent lourdes de conséquences au quotidien…Le chercheur présente des vidéos expliquant les avancées de leurs travaux. Certaines découvertes apportent de l’espoir en termes de traitement pour certaines maladies.

Cela représente un évènement très motivant pour cette période de l’année où ils doivent se questionner en termes d’orientation. Ce type de conférence « ouvre » les possibilités, incite à la découverte, donne envie aux élèves d’approfondir ou d’oser certaines pistes d’orientation.

L’intervenante Rozen Le Panse, chercheur CNRS et à l’université Pierre et Marie Curie Paris, sur les myologies et les maladies auto-immunes, vient dans notre lycée depuis plusieurs années. Elle conseille les lycéens à plusieurs reprises lors de sa conférence : oser, effectuer des stages, pratiquer l’anglais… C’est toujours mieux quand une personne de l’extérieur apporte ces conseils ! Elle fait écho à ce qu’ils entendent au lycée. Une année certains élèves ont même continué à communiquer avec la scientifique par mail.

Il n’y a pas de travail spécifique en amont. La conférence fait partie des aides à l’orientation comme la visite du salon Info-Sup dans le Morbihan. Elle s’intègre aussi parfaitement à nos cours de SVT et apporte un aspect pratique à l’étude des notions de génétique effectuées en classe.

Avez-vous noué des contacts privilégiés avec les scientifiques depuis ces années ?

Depuis 2014, j’inscris le lycée à cette opération « 1000 chercheurs dans les écoles » Les chercheurs s’arrangent entre eux pour se répartir les interventions les régions et départements de France, en fonction de leurs affinités, leurs origines… Rozen Le Panse est venue 5 fois ! Elle est originaire du Morbihan et a fait ses années lycée à Lorient ! Marc Peschanski, chercheur en neurophysiologiste et directeur scientifique de l’I-STEM, est un spécialiste du travail à partir de cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies neuro-dégénératives. Il est venu également au lycée.

En quoi ces interventions rejoignent le programme de SVT ?

Avec l’équipe pédagogique du lycée, nous proposions cette conférence aux élèves de la filière scientifique de première et de terminale générale, ainsi qu’aux élèves de la filière Sciences et techniques de Laboratoire du lycée. Cette année nous l’avons proposé aux élèves qui suivent la spécialité SVT. Les conditions sanitaires et le confinement d’une partie des classes ont limité le nombre d’élèves ayant participé. Nous avons donc filmé l’intervention pour la rendre accessibles aux élèves restés confinés.

L’intervention s’intègre parfaitement dans le programme de SVT, avec le thème de génétique surtout et avec le thème « Corps humain et santé pour le système immunitaire ». L’intervention a lieu début novembre et à cette époque en 1ere nous avons traité, dans le cadre du programme, les notions de patrimoine génétique, de mutations et d’expression des gènes. Lors de la conférence, les notions traitées comme celles des maladies génétiques, de la manipulation du génome (avec notamment CRISPR-CAS9), de la thérapie génétique, font un complément au travail effectué en classe.

Quel travail d’orientation est effectué avec cette venue ?

Pour ma part, dès le début d’année scolaire, les élèves et leur famille ont une « mission » de recherche à effectuer en termes d’orientation. Ils doivent chercher et proposer, pour la fin du 1er trimestre, deux projets virtuels de cursus post bac dans lequel ils répondent à de multiples questions comme : où ? Quel établissement ? À quelles conditions ? Pour y faire quoi ? A quel prix ? etc… Cela sert ensuite de support pour nos entretiens individuels et leur permet de se rendre compte du nombre importants de questions auxquelles il faut réfléchir avant d’envisager ou de s’engager dans un cursus post-bac.

L’autre intérêt est également de les préparer à poser davantage de questions lorsqu’ils se rendent aux divers salons de l’orientation au 2eme trimestre. Cette intervention au lycée est un « plus », elle permet un contact réel avec le monde du travail. Le chercheur prend le temps de répondre aux questions sur son métier. La conférence devient une expérience concrète, elle fait partie du processus d’orientation.

Entretien par Julien Cabioch

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