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Alors que l’Assemblée nationale est dominée par la majorité présidentielle, l’opposition est majoritaire au Sénat. Voilà pour la théorie car la droite qui domine le Sénat a de nombreux points d’accord avec la politique menée par JM Blanquer. Cela aboutit à une modification en zigzag du budget de l’Education nationale qui se traduit surtout par un soutien à l’enseignement technique agricole et aux MFR.

Quand l’opposition est d’accord avec le gouvernement…

L’analyse du budget menée par les commissions des finances, avec Gérard Longuet (LR) comme rapporteur, et par la commission de l’éducation, avec Jacques Groperrin (LR) comme rapporteur, se distingue nettement des rapports de l’Assemblée nationale.

Le Sénat peut se montrer critique. C’est le cas par exemple sur l’augmentation du volume des heures supplémentaires. « Le problème est sérieux », explique J Grosperrin qui « peut comprendre que le ministère y recoure… mais doit le faire sans excès parce qu’on sait qu’en pratique cela ne fonctionne pas ». Pour la majorité de droite du Sénat réduire le nombre de postes d’enseignants est une bonne chose. Mais la solution avancée par le ministère (remplacer les postes par des heures supplémentaires) n’est pas crédible.

La majorité sénatoriale approuve aussi la réforme de l’éducation prioritaire. « Elle a mobilisé beaucoup de moyens sans résultats suffisamment tangibles ». Dans son rapport J Grosperrin réclame de l’efficacité. Mais cette majorité semble surtout soucieuse de faire baisser le budget de l’Education nationale ce qui l’amène à approuver la gestion de JM BLanquer. Dès maintenant J Grosperrin, dans son rapport sur le budget, demande au ministre ce qu’il compte faire de l’argent lié à la baisse démographique. Une préoccupation qui n’a pas empêché le Sénat d’approuver l’instruction obligatoire à 3 ans qui se traduit par le transfert d’une centaine de millions aux écoles privées sans aucune amélioration du service offert.

Budget modifié pour l’enseignement agricole

Le Sénat a surtout modifié le budget au bénéfice de l’enseignement technique agricole. Il prévoyait 80 suppressions de postes. Un amendement de la commission des finances prélève 15 millions sur l’éducation nationale au bénéfice de l’agriculture. Un autre amendement LR abonde de 6 millions, prélevés au même budget, en faveur des MFR, des structures privées. L’argument qui est donné c’est qu’un élève des MFR ne coute que 4500€ quand un élève de l’enseignement agricole public coute 9000€. Evidemment ce n’est pas la même formation ! Un amendement PS pour installer des ULIS dans l’enseignement agricole est une nouvelle occasion de le soutenir.

Le Sénat a aussi adopté un amendement EELV en faveur de Canopé (1 million) pour revenir sur les 45 emplois supprimés, un amendement PS pour financer l’éducation à la sexualité (à hauteur de 300 000 euros), enfin un amendement LR pour le savoir nager à hauteur de 5 millions.

Des amendements repoussés

Mais le Sénat a aussi repoussé de nombreux amendements de gauche, particulièrement du PS. Ainsi la demande de Marie Pierre Monier (PS) pour faire bénéficier les professeurs documentalistes de la prime informatique (2 millions), pour améliorer la formation continue (30 M), doubler les fonds sociaux des établissements (30M), recruter des Rased (30M) ou des médecins (3M) ou encore soutenir les directeurs d’école (30M) sont repoussées par la majorité avec le soutien du ministre.

Que restera t-il de ces amendements lors de la négociation finale avec l’Assemblée ? Il est probable que cette année encore le budget de l’Education nationale sera diminué de façon marginale au bénéfice de l’enseignement agricole et spécialement le privé. Les autres amendements du Sénat ont peu de chance de faire leur chemin.

François Jarraud