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Quel bilan dresser de la gestion de la crise sanitaire ? L’OCDE publie le bilan de la première année de Covid 19 dans l’Ecole. L’organisation examine comment les systèmes éducatifs ont réagi dans 30 pays. Il s’en dégage que la France n’est pas le seul pays à avoir maintenu l’école ouverte longtemps. Par contre elle fait partie des rares pays qui ne donnent pas la priorité aux enseignants pour la vaccination. Et se dessinent des choix pédagogiques français qui tous ciblent les minorités ethniques.

Le pays qui a laissé les écoles ouvertes le plus longtemps ?

« C’est une chance pour la France que d’avoir eu ses écoles ouvertes de septembre jusqu’à aujourd’hui. Cela nous singularise dans l’ensemble du monde occidental ». Ces propos, JM Blanquer les a multiplié comme ici au Sénat le 31 mars 2021, vantant l’image d’une stratégie française d’une ouverture exceptionnelle des écoles. L’OCDE a vérifié sur l’année 2020. Si la France fait bien partie des pays ayant ouvert le plus longtemps leur école , elle n’est qu’au 5ème rang (sur 30) derrière le Danemark, l’Allemagne, la Nouvelle Zélande et la Norvège. L’OCDE note surtout que plus les performances des systèmes éducatifs sont faibles plus les écoles sont restées fermées. Ainsi le Costa Rica, la Colombie ou la Turquie dépassent les 100 jours de fermeture en 2020 contre une quarantaine chez nous , soit quand même deux fois plus longtemps qu’en Allemagne…

Au dernier rang de la vaccination des professeurs

Seconde constatation pour la vaccination prioritaire des enseignants, une question qui est elle aussi dans l’actualité. On sait que JM BLanquer, O Véran et E Macron disent des choses floues et contradictoires à ce sujet ce qui laisse peu d’espoir aux enseignants lors que les nouveaux variants les exposent à des enfants aussi contagieux que les adultes. Selon l’OCDE, en mars 2021, dans 19 pays sur 30 les enseignants sont prioritaires pour la vaccination. Sans les citer tous on peut dire que c’est la cas de l’Autriche, l’Allemagne, le Chili, la Colombie, l’Irlande, Israël, la Russie, le Portugal, la Pologne, l’Espagne etc. En Allemagne, par exemple, les professeurs du 1er degré sont au niveau 2 de priorité c’est à dire qu’ils sont aussi prioritaires que les 70-80 ans. La France fait partie de la minorité qui refuse la priorité. Mais dans certains pays celle ci est inutile comme au Japon, en Angleterre où la vaccination est de la population est très avancée. En France par contre très peu de personnes sont vaccinées…

La patte de JM Blanquer

L’OCDE apporte encore des informations qui dessinent par petites touches les singularités des choix pédagogiques de JM Blanquer. Sa patte. Car la France ne se singularise pas dans le budget apporté à la crise sanitaire ou dans les ressources pédagogiques mises à disposition des élèves et des familles pendant la crise. Pourtant des lignes se dessinent très cohérentes avec les options de JM BLanquer.

Ainsi tous les pays ont produit des ressources nouvelles pour l’enseignement à distance pendant l’épidémie. Et la France en a produit dans de nombreux domaines. Par exemple elle a mobilisé des radios ce que n’a pas fait l’Allemagne. Par contre la France a omis de se servir d’un support : le smartphone. Elle n’a pas produit de ressources spécifiques pour cet outil. 21 pays ont utilisé le smartphone. 11 ne l’ont pas fait. Le smartphone n’est pas seulement l’outil numérique le plus utilisé par les élèves. Pendant la fermeture des écoles il a été le seul outil accessible pour les jeunes les plus défavorisés. Mais la répulsion de JM BLanquer pour cet outil l’emporte.

Presque tous les pays ont mené des politiques spéciales vers les élèves les plus en difficulté. Généralement cela s’est traduit par des soutiens spécifiques pour les élèves défavorisés, ce que la France a fait aussi. Par contre la France se singularise par d’autres choix. Onze pays sur 32 ont produit des ressources pédagogiques pour des minorités linguistiques. C’est le cas par exemple en Angleterre, en Pologne, en Espagne. Mais pas en France.Une autre catégorie n’a pas eu de stratégie particulière pour aider les élèves à combler le déficit de niveau du à la pandémie : les immigrés et réfugiés et les minorités ethniques en général. La moitié des pays de l’OCDE ont monté des politiques spéciales, comme la Belgique, l’Angleterre, les Pays bas, la Pologne, l’Espagne. Mais pas la France.

Dernier trait français. Après l’Espagne, la France est le pays où les résultats à l’examen final du second degré sont nettement plus élevés en 2020 qu’en 2019. Alors que dans la plupart des pays il n’y a pas d’écart. La gestion des examens face aux pressions populistes y est pour beaucoup. Là aussi on reconnait la politique ministérielle.

François Jarraud

Le rapport de l’OCDE

OCDE : L’école française mal préparée au choc du covid