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Quoi de plus motivant pour élèves et enseignants que de se dire qu’on écrit une histoire qui sera lue par des milliers de leurs pairs ? Le concours Plumes en herbe, organisé par Nathan, réunit tous les ans plus d’un millier de classes et des dizaines de milliers d’élèves. Cette année, 1198 classes se sont inscrites au concours, 45 000 élèves ont participé à l’aventure. Une école de Seine-Saint-Denis s’est particulièrement distinguée. L’école Blaise Pascal de Gagny a vu deux de ses classes remporter des prix. La classe de Cp de Nathalie Aussanaire qui a remporté le premier prix national du concours ainsi que la classe de CE1 de Sandra Ducatteau, qui elle est l’une des deux lauréates de l’académie de Créteil.

Blaise Pascal est une école de 12 classes dans une petite ville tranquille à l’est de la Seine-Saint-Denis, près du parc Courbet. Elle accueille 315 élèves et 14 professeurs et professeures des écoles. Nathalie, professeure des écoles (PE) depuis près de vingt ans, s’était essayé au professorat d’anglais avant une reconversion vers le premier degré. Titulaire d’une classe de CP cette année, elle accueille vingt-quatre élèves qu’elle accompagne dans les premiers pas de lecteurs. Sandra Ducatteau est, quant à elle, enseignante depuis près de trente ans. Aujourd’hui, c’est dans l’école de son enfance, dont elle a usé les bancs en tant qu’élève, qu’elle officie en classe de CE1. Ses vingt-six élèves, qu’elle qualifie de « vivants », « ont une grande aisance à l’oral et pour certains, un vocabulaire assez riche » explique-t-elle.

Plumes en herbe, un projet qui donne du sens à l’écriture

Le concours Plumes en herbe de Nathan, c’est au salon du livre jeunesse de Montreuil que Nathalie l’a découvert, il y a six ans. Depuis, tous les ans, elle fait participer sa classe. Elle a d’ailleurs remporté le prix académique à deux reprises, pour le premier prix national, c’est une première. « C’est en discutant avec des auteurs que je me suis intéressée à ce concours. J’aime beaucoup travailler la lecture à partir d’albums en classe, et organiser des rencontres avec certains d’entre eux. J’ai ainsi eu le plaisir d’accueillir en classe Mimy Doinet, Hélène Kérillis, Antoine Guilloppé ou encore Isabelle Simler… Toujours pour des classes de CP. Ces projets sont très motivants et fédérateurs. Les auteurs interviennent en fin d’année pour clôturer des projets de lectures suivies tels que les albums sur la tour Eiffel de Mimy Doinet ou encore ceux sur la mythologie grecque d’Hélène Kérillis… Malheureusement, ces interventions sont interrompues pour la deuxième année consécutive à cause de la crise sanitaire » raconte Nathalie.

« J’ai commencé à participer au projet ‘Plumes en Herbe » de Nathan à partir de mon arrivée à l’école Blaise Pascal. Ce sont mes deux collègues Nathalie Aussanaire et Catherine Legrand, fortement impliquées dans ce projet qui m’ont donné envie de me lancer aussi » explique Sandra. Un choix qu’elle ne regrette pas. « Il s’agit d’un gros investissement et en début d’année, je n’étais pas certaine de réinscrire la classe. Les élèves avaient très envie de découvrir les illustrations de ce nouveau projet et d’imaginer l’histoire. Nous avons donc démarré en novembre » ajoute-t-elle. Du côté de Nathalie, aucune hésitation. « Dès la première année, la participation à ce concours a été une réussite. Les élèves sont motivés, ils écrivent pour être lus et éventuellement pour gagner un prix. Cela donne tout son sens à l’écriture. Alors, comme d’habitude, nous nous sommes lancés. J’initie le projet en décembre généralement pour un rendu en février ».

Partir de l’illustration pour écrire l’histoire

Dans les deux classe, la méthode est la même. On familiarise les élèves avec les auteurs et illustrateurs des livres qu’ils doivent écrire. Cette année, il s’agissait de l’auteur René Gouichoux et de l’illustrateur Rémi Saillard. Les élèves, pour le besoin du concours, doivent donc plancher sur les illustrations de l’album. « On scrute tout dans les moindres détails » raconte Sandra, « il s’agit de comprendre de quoi il s’agit, d’où se situe l’histoire, de qui sont les personnages, de quels prénoms leur donner, des relations entre eux … On fait des mises en commun un peu chaque jour. Cette année, à l’oral, en collectif. Certaines années, les enfants écrivaient leurs idées pour chaque illustration ». Pour la classe de CP, Nathalie explique aux élèves qu’ils devront écrire une histoire à la place de l’auteur, avec les illustrations d’un vrai album à paraître en mars. « Je leur décris le travail que nous allons faire, et insiste sur l’importance de chercher des idées originales, qui seront différentes des autres classes participantes. Cette année, il s’agissait d’un album de René Gouichoux, qui utilise les fables de la Fontaine comme fil conducteur. Nous avons donc commencé par lire ses albums précédents, et à étudier quelques fables. Nous avons réfléchi au sens des morales, et nous sommes ensuite davantage concentrés sur le thème de l’album du concours, le lièvre et la tortue ».

Des activités pédagogiques riches

L’activité, qui se déroule en général sur deux séances hebdomadaires, est toujours ludique. Les élèves se sentent très impliqués dans l’aspect concours de l’exercice. Les CP trouvent des idées en groupe. Lors d’un temps collectif, les élèves débattent de la pertinence de celles-ci et votent, finalement pour celles qui leur semblent les plus plausibles. « La narration et les dialogues sont ajoutés avec les élèves en classe directement sur le site. J’encourage les enfants à chercher des synonymes, à utiliser des expressions, ou à construire des jeux de mots. Les élèves sont très souvent surprenants, les idées fusent, il n’y a qu’à piocher ! » raconte Nathalie. « Du côté des objectifs pédagogiques, c’est très riche. Nous travaillons l’expression orale et écrite, l’enrichissement du lexique, le travail sur les champs sémantiques, les expressions, les synonymes et les contraires. Il faut aussi beaucoup travailler la différence entre la narration et les bulles des personnages, c’est l’un des points les plus difficiles. Ce projet favorise la motivation, la cohésion dans la classe – il faut aussi garder nos idées secrètes, d’autres classes de l’école sont inscrites au concours, le respect des idées de chacun, l’argumentation pour mettre en avant ses idées, choisir démocratiquement, savoir écouter les autres, respecter les règles de prise de parole, accepter aussi que certaines idées soient retenues plutôt que d’autres. Ce travail permet à chaque élève, indépendamment de ses compétences en lecture ou en écriture, d’avoir une participation active. Cela favorise la prise de confiance, la participation orale, même des plus timides. Ce projet est valorisant pour tous, et est source de beaucoup de surprises de la part d’élèves qui ne sont pas naturellement bavards ! » ajoute l’enseignante.

Dans la classe de CE1, c’est devant le TNI que les élèves se rassemblent. « Ils ont ainsi la chance de voir l’illustration en grand. C’est un moment où je privilégie une grande liberté dans la prise de parole. Chacun propose ses idées. Les enfants construisent des phrases simples mais structurées qu’ils proposent. Ils exercent ainsi leur maîtrise du langage. On respecte toutes les propositions. Cette année, un petit garçon proposait des mots en anglais ! Une première ! L’activité permet vraiment à tous les élèves de participer, qu’ils soient timides ou très à l’aise à l’oral. Cela crée également un lien fort, on crée une histoire tous ensemble » raconte Sandra.

Du côté des prix, parce que ça compte aussi. Les élèves de Nathalie, premier prix national, ont le droit à plusieurs prix comme l’explique l’enseignante. « Les enfants ont gagné plusieurs prix, notamment la publication en trois exemplaires par élève de leur histoire. L’album de la classe est également en ligne sur le site des Éditions Nathan. Le premier prix est un séjour de trois jours à Paris, avec visite des grands sites touristiques. Malheureusement, à cause de la pandémie, les enfants ne pourront pas profiter cette année de cette récompense. En accord avec Nathan, l’Association Paris d’Enfants est intervenue deux jours en classe pour des conférences pour remplacer ce prix sur les thèmes du Louvre, de la mythologie grecque, des pharaons et des châteaux forts » relate Nathalie. Un moment qu’ils ont généreusement partagés avec leurs camarades de CE1.

Participer à un concours est souvent très motivant pour les élèves, à l’école Blaise Pascal, parents, membres de l’équipe éducative et élèves sont très fiers des exploits littéraires de leurs camarades de CP et CE1.

Lilia Ben Hamouda