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« La profession doit retrouver la confiance dans l’institution ». C’est la conclusion de Bruno Bobkiewicz, le nouveau secrétaire général du Snpden Unsa, 1er syndicat de personnels de direction, après la publication d’une étude sur l’impact de la crise covid sur ces personnels. Pour G Fotinos, ancien conseiller MGEN, et M Horenstein, psychiatre, « la crise a amplifié des tendances lourdes d’évolution du métier qui deviennent très inquiétants », et pas seulement dans les relations avec la hiérarchie.

Un climat scolaire dégradé

Portant sur 4340 personnels de direction, soit un tiers d’entre eux, l’étude de G Fotinos et M Horenstein se veut très représentative de l’impact de la crise sanitaire sur le moral de ces personnels.

Elle prend volontiers les idées véhiculées dans les médias à rebours. Ainsi au lieu de la solidarité c’est la violence entre les élèves qui se serait développée durant la crise. C’est du moins l’avis des personnels de direction, seuls interrogés Ils signalent aussi la croissance des violences des parents sur les adultes. Le climat scolaire aurait connu une nette dégradation avec 28% des « perdirs » signalant un climat médiocre , contre 6% en 2011. Les relations entre profs et élèves se seraient dégradées aussi. Enfin l’impact sur le décrochage et la réussite scolaire serait aussi très négatif : 79% des perdirs parlent de dégradation, 1% d’amélioration ! On est loin des propos rassurants du ministre sur la baisse du nombre de décrocheurs.

Des perdirs déprimés

Mais c’est surtout l’impact sur les personnels de direction qui est l’objet de l’enquête. Et là rien ne va plus. 80% des perdirs disent passer par des moments de dépression et 10% souffrent de dépression sévère. 59% ont une mauvaise opinion d’eux même dont 12% tous les jours. 84% sont parfois dans l’impossibilité psychique de remplir leur mission. Alors cela a des effets sur leurs pratiques. 76% disent avoir des difficultés dans les décisions hiérarchiques et autant dans la conduite de la politique éducative de leur établissement. A peine moins dénonce un impact sur leur vie privée.

Vous l’avez compris le moral est en berne. Ce qui l’explique c’est le sentiment d’une dégradation de leur mission pendant la crise sanitaire (pour 81%). Pour 77% d’entre eux leur confiance dans l’institution s’est dégradée. Seulement 1% signale une amélioration. Les relations avec la hiérarchie s’est aussi dégradée pour 40 % des personnels de direction.

Les auteurs ont voulu finir sur une note plus positive. Ils signalent le sentiment d’innover chez 66% des perdirs.

Regagner confiance en l’institution

Comment expliquer cette dégradation ? Pour Bruno Bobkiewicz, le nouveau secrétaire général du Snpden, « l’exercice professionnel a été complexifié » par la crise sanitaire. Le Snpden n’a pas apprécié que les personnels de direction apprennent par la presse les décisions ministérielles. « C’est très agaçant », lache t-il. Pour B Bobkiewicz c’est un élément important de la perte de confiance. « La profession doit regagner confiance en l’institution », dit-il. Et il compte sur les groupes de travail post Grenelle pour cela. Au menu des discussions : « l’anticipation de la communication ministérielle », des améliorations à apporter au fonctionnement quotidien, par exemple l’informatique professionnelle.

François Jarraud