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Ephémère députée et secrétaire d’Etat LREM, Brune Poirson a été mandatée par le premier ministre d’une mission sur l’éducation au développement durable. Son rapport a été longuement attendu et sa mission prolongée. Mais finalement le rapport est là. Sans analyse sérieuse et sans recommandations claires. Et il ne pèse pas lourd. Mais, on le verra, il répondait à une demande politique.

De l’EDD à l’animation des éco-délégués

Dès le début B Poirson change l’intitulé de sa mission. « le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports souhaite que je consacre l’essentiel de ma mission à un travail d’animation et de mobilisation des rectorats afin d’aider au déploiement et à la pérennisation du dispositif des éco-délégués.

Du coup la mission sur l’EDD devient une série de rencontres avec les éco délégués. « Mon objectif, à la demande du ministre de l’Education Nationale, a donc été d’aller à la rencontre de chaque acteur clef dans le domaine afin de comprendre et recueillir les initiatives exemplaires qui existent déjà et tenter d’en saisir les contenus afin de proposer qu’elles soient répliquées ».

Commentaires superficiels

Elle explique que des webinaires sont organisées par les académies , enfin presque toutes (sans indication de nombre). Ces rencontres donnent lieu à des commentaires assez superficiels. « Au fil des rencontres avec les éco-délégués des différentes académies, plusieurs types de projets relativement classiques sont souvent revenus. D’autres croisaient plusieurs enjeux ou étaient plus originaux. Dans un certain nombre de cas, la présentation des projets était faite sous l’angle des objectifs du développement durable (ODD) notamment des projets croisant plusieurs ODD, par exemple croisant les thématiques environnement et solidarité. On pouvait aussi noter une certaine créativité et une adaptation aux spécificités des territoires ».

Contradictions et recommandations floues

Le rapport attire l’attention sur « 3 points de vigilance » mais n’hésite pas à se contredire. Ainsi un des points de vigilance est que « une approche morale de l’écologie pourrait affaiblir la compréhension de la nécessité d’agir ». Mais deux pages plus loin il est question « d’intégrer l’écologie comme faisant partie des valeurs de la République » comme une priorité.

Le reste est à l’avenant. Ainsi il est question de « valoriser les acquis et compétences des éco-délégués » sans qu’aucune proposition concrète ne soit formulée. Le paragraphe suivant propose « d’offrir aux enseignants des dispositifs souples de formation ». C’est simple : « il pourrait être utile de mettre en place une plateforme en ligne qui pourrait être un centre de ressources, avec notamment un forum de questions/réponses où les professeurs pourraient poser leurs questions et trouver des réponses. Et on pourrait l’appeler Eduscol, où une page propose déjà beaucoup plus d’information et d’actions pour animer l’action des éco-délégués.

La conclusion souligne le vide de ce rapport. « Il est apparu que le dispositif des éco-délégués était fédérateur et mobilisateur en faveur d’un plus grand respect de l’environnement. De nombreuses initiatives et projets ont pu voir le jour à travers la France. Les échanges et séminaires organisés avec des éco-délégués ont montrés que ce dispositif permet aux élèves d’acquérir non seulement des connaissances scientifiques et techniques, mais également des compétences indispensables au 21ème siècle. Alors que le dispositif des éco-délégués continue à se généraliser, trois grandes priorités se dégagent suite à la mission : (1) écologiser le ministère de l’Education Nationale en mettant les éco-délégués au coeur du dispositif d’éducation au développement durable… ; (2) structurer le travail des éco-délégués… ; et (3) développer et structurer des partenariats avec les collectivités locales, le ministère de la Transition Ecologique et les associations/organisations non-gouvernementales ».

Un rapport pour éviter une élection ?

France Bleu Vaucluse, qui a exhumé ce rapport de bas d’une page du site ministériel, montre que la finalité réelle du rapport était surtout politique. Grâce à ce rapport la mission de la députée B Poirson a été prolongée au delà de 6 mois. Du coup elle perdait automatiquement son poste de députée. Elle pouvait rejondre comme elle le souhaitait un grand groupe privé. Et il n’y avait pas besoin d’organiser une élection.  » La mission sur l’éducation au développement durable a permis à LREM d’éviter une élection partielle à Carpentras ».

Il y a quand même un petit problème de date. Brune Poirson a été mandatée en octobre 2020 (JO du 5 octobre 2020) d’une mission  » ayant pour objet l’éducation au développement durable ». Le rapport publié a été rédigé d’octobre à mars 2021, selon les indications de la couverture. Mais le JO du 2 avril 2021 prolonge la mission de B Poirson jusqu’en juin. La prolongation aurait elle eu lieu après la rédaction du rapport ? Il y a là une singulière curiosité…

François Jarraud

Le rapport

FRance Bleu