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Alors même que les premières épreuves du bac avaient lieu (pour le bac professionnel), la Commission éducation du Sénat recevait le 16 juin Pierre Mathiot, co-pilote du comité de suivi de la réforme du lycée et largement à son origine, et Bruno Bobkiewicz, nouveau secrétaire général du Snpden-Unsa, le premier syndicat de personnels de direction. Au menu : la réforme du bac. P. Mathiot a annoncé des changements dans l’organisation du contrôle continu et la prise en compte des options.

Le retour du contrôle continu intégral

Ce que JM Blanquer n’avait pas voulu trancher dans la réforme du bac est-il en train d’évoluer sous la poussée du Covid ? La réforme du bac n’avait pas tranché entre un véritable examen final et un bac au controle continu. Résultat, le nouveau bac comprend en théorie 40% de controle continu. Mais ce controle continu est en fait organisé comme des épreuves d’examen, avec sujets nationaux, convocation etc., qui s’échelonnent dès la première. Epreuves qui ont suscité beaucoup de critiques et d’opposition. Pris entre le Snpden Unsa, favorable à un controle continu véritable quitte à ce que l’examen devienne local, et les syndicats enseignants, notamment le Snes Fsu, favorable à un examen national, face à la forte résistance des enseignants, le ministre a tergiversé.

C’est cet équilibre qui est remis en question grâce à la pandémie. « Il s’agit de repenser la manière dont les 40% de controle continu au bac vont être calculés », déclare P Mathiot qui rappelle qu’il reste deux réunions du comité de suivi de la réforme d’ici les vacances. « Les épreuves ponctuelles mettent en péril l’organisation du lycée. Il faut aller vers un controle continu intégral ».

Cette position du représentant du ministre est appuyée par B Bobkiewicz. « C’est un sujet qui peut maintenant passer… C’est un message qui peut être accepté par les enseignants. C’est l’occasion de transformer l’essai ». Pour lui aussi le moment est venu de supprimer les épreuves ponctuelles pour mettre en place un controle continu intégral.

Les épreuves communes (ex E3C) seront remplacées par la moyenne des notes obtenues sur les 3 trimestres selon le système mis en place pour le bac 2021. Il n’y aurait plus d’épreuves à organiser dans les lycées et de contestation à affronter. Envers du décor : la disparition des sujets nationaux et de l’harmonisation renforce le caractère local du bac ce qui le décrédibilise un peu plus.

P Mathiot et B Bobkiewicz s’inquiètent d’un autre phénomène bien installé : la contestation des notes. « il y a une vraie tension » estime B Bobkiewicz. « On ne peut arriver au controle continu intégral que si les enseignants sont accompagnés dans la culture de la note », enchaine P Mathiot. Il demande que l’inspection encadre les enseignants sur la notation.

Prise en compte des options

Le second point sur lequel une évolution va avoir lieu selon P Mathiot c’est la prise en compte des options. L’opportunité est offerte par la question des langues régionales. Après la décision du Conseil constitutionnel le ministre est obligé de faire un geste, comme le dit P Mathiot. « On va redonner de l’intérêt par rapport au bac pour ces options ». Les notes seraient prises en compte avec un coefficient 4. Il s’agirait des notes et non des points au dessus de 10.

Réduire l’offre de spécialités

Mais encourager les options c’est consommer des moyens, alors que B Bobkiewicz précise que les moyens pour appliquer la réforme sont insuffisants. La solution est vite trouvée : il suffit de réduire l’offre de spécialités. « On était arrivé à un grand nombre de triplettes. Si un lycée va vers 20 triplettes proposées c’est pas mal « , déclare P Matiot. « On a un lycée très onéreux.. Il y a dans certains lycées une façon de concevoir la réforme pour poser des triplettes au risque de bouffer la DHG. Si dans un lycée on réduit l’offre de triplettes on reste dans l’esprit de la réforme et on regagne des moyens sur la DHG à condition que les professeurs acceptent de modifier leur emploi du temps ». « Si chaque établissement n’a pas toutes les spécialités ce n’est pas très grave », acquiesce B Bobkiewicz.

L’accord entre le ministère et le Snpden peut-il, dans les circonstances actuelles, emporter les résistances ? Les prochaines réunions de comités de suivi vont le dire.

François Jarraud