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« Il y a un moment où on apprécie un minimum de respect ». Jean-Rémi Girard, président du Snalc, prend ses clics et ses claques et quitte le comité de suivi de la réforme du lycée. En cause le double discours tenu par le ministère sur les ajustements apportés au bac, comme nous le révélions le 23 juin. Non seulement le ministère va instaurer un vrai controle continu à la place des épreuves communes (E3C) mais il va aussi retirer le français, la philosophie et les deux spécialités de la note de controle continu globale (les 10%), affaiblissant ainsi leur part dans le bac. Presque tout a été dit au Sénat et à l’Assemblée par P Mathiot et JM Blanquer pendant qu’au comité de suivi du 22 juin les deux co présidents disaient que rien n’a été décidé. Derrière cette tromperie et ce micmac, c’est la question d’un diplôme national et donc de la valeur du bac qui est posée.

Refus d’être instrumentalisé

« On sait que c’est acté et décidé . On le dit partout. Le seul endroit où on le dit pas c’est au comité de suivi de la réforme du lycée où on laisse croire que rien n’est acté ». Jean-Rémi Girard président du Snalc refuse d’être « instrumentalisé » par le ministre qui affirme aux députés qu’il consulte le comité de suivi. Et il met les pieds dans le plat en quittant le comité de suivi.

Trois étapes

Toute cette histoire se fait en trois épisodes. Le 16 juin devant la commission de l’éducation du Sénat, P Mathiot, co pilote du comité de suivi, annonce le passage à un « vrai » controle continu à la place des épreuves communes (ex E3C). Annonce visiblement coordonnée avec le Snpden qui soutient vraiment la décision. En même temps il annonce aussi que les options seront prises en compte, notamment les langues régionales, sous forme d’une note sur 20 et non de points au dessus de zéro, dans la mesure de 4% du bac, ce qui correspond au poids du français, de la philosophie et des deux spécialités dans les 10% de controle continu.

Le 22 juin, P Mathiot explique en comité de suivi qu’il ne s’est exprimé qu’à titre personnel et les deux copilotes écoutent les syndicats sans donner d’avis sur les aménagements du bac. C’est le micmac que nous annoncions le 23 juin.

Au même moment, le 23 juin, JM Blanquer dit devant l’Assemblée nationale que « le comité de suivi du baccalauréat se réunit cette semaine pour écouter les parties prenantes. Ses conclusions donneront sans doute lieu à de nouveaux aménagements, non pas pour modifier la répartition – la part de contrôle continu restera de 40 % – mais pour adapter les modalités et donner aux élèves la sérénité nécessaire ». Comme nous l’écrivions alors,  » la formule donne à penser que les propos de P Mathiot le 16 juin n’étaient pas tenus à titre privé mais reflétaient bien la pensée du ministre. Ce double discours c’est le micmac.

Une mesure qui touche la qualité du diplôme

Toucher à l’organisation du controle continu pose la question de la qualité du diplôme. Un « vrai » controle continu comme l’annonce P Mathiot diminue le caractère national du diplôme. Cela justifie ensuite le tri effectué par Parcoursup, selon le lycée d’origine, et par suite les barrages mis à l’entrée dans le supérieur d’une partie croissante des jeunes et moins de dépenses dans le supérieur. L’enjeu n’est pas mince. P Mathiot avait aussi annonce la réduction de l’offre de spécialités dans les lycées. Cela devrait être prochainement confirmé car c’est ainsi que le ministère entend financer les options. Or l’entrée des options se lit dans les 4% de note de controle continu retirés avec le français, la philosophie et les deux spécialités. En dehors de cette exigence de maintenir les coefficients du bac à 100 on ne voit pas d’autre raison de rendre encore plus complexe la machine à gaz que constitue l’évaluation au bac.

François Jarraud

P Mathiot le 16 juin

Micmacs sur le bac le 22 juin