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En fin de réunion du groupe de travail direction, le 2 juillet, le ministère annonce la mise en place d’emplois fonctionnels de direction dans les écoles à décharge complète. C’est un changement complet du fonctionnement des grosses écoles qui est engagé. Pou rle Snuipp Fsu « une ligne rouge est franchie ».

Les grosses écoles dotées d’un emploi fonctionnel

En fin de réunion du groupe de travail direction, le 2 juillet, le ministère annonce sa volonté d’aller vers un emploi fonctionnel pour les directeurs totalement déchargés « indépendamment de la proposition de loi Rilhac ».

La mesure ne concernerait que les écoles maternelles ayant 13 classes et plus et les élémentaires ayant 14 classes et plus soit environ 6% des écoles.

Les directeurs et directrices seraient détachés sur l’emploi fonctionnel. Ils bénéficieraient d’une grille salariale plus attractive.

Une décision réglementaire

La question du statut des directeurs d’école a été ouverte par JM Blanquer depuis la loi Blanquer. Après un premier échec devant la mobilisation des professeurs des écoles, il avait du abandonner son projet. Il a été relancé récemment avec la proposition de loi Rilhac qui a connu des heurs et malheurs. Sous la pression des députés de la majorité, la proposition de loi a été vidée de son contenu avant d’être transformée au Sénat où la majorité sénatoriale a redonné une autorité forte aux directeurs. Le texte devait repasser au Parlement.

JM Blanquer prend l’initiative d’appliquer la proposition de loi par voie réglementaire sans attendre un avis des parlementaires qui ne lui serait peut-être pas favorable. Il force ainsi la main à sa propre majorité.

Des directeurs supérieurs hiérarchiques

Que veut dire emploi fonctionnel ? Le ministère met en avant que les directeurs ne formeront ps un corps à part et qu’ils n’auront pas d’autorité personnelle sur les professeurs des écoles. En fait le directeur en emploi fonctionnel reste bien un professeur des écoles (PE). Il n’appartient pas à un nouveau corps. Mais il détient une délégation d’autorité de l’inspecteur pour exercer son emploi fonctionnel. Dans le cadre de cet emploi il est le supérieur hiérarchique des professeurs des écoles. Il n’a par contre pas la garantie statutaire que donnerait l’appartenance à un corps de directeurs. A tout moment, s’il déplait à son supérieur hiérarchique, il n’est plus directeur et retourne au mouvement pour retrouver un poste de PE.

C’est une vraie rupture culturelle qui se passe avec cette décision. Jusque là dans toutes les écoles c’est le conseil des maitres qui décide. Le directeur n’ets qu’un interlocuteur des partenaires de l’école. Il n’a pas autorité sur ses collègues qui dépendent hiérarchiquement de l’inspecteur.

Dorénavant il y aura donc deux façons d’exercer le métier de PE. Certains PE se retrouveront sous l’autorité directe et très proche du directeur. D’autres continueront à fonctionner en équipe.

Cette mesure résulte du Grenelle de l’éducation qui a recommandé des emplois fonctionnels de directeurs. Le Grenelle demande par exemple que les directeurs évaluent les professeurs des écoles, comme le font les personnels de direction du 2d degré.

Une ligne rouge franchie

Pour le Snuipp Fsu, cette décision « ne règle rien des problèmes des directeurs ». Le Snuipp rappelle que plusieurs consultations ont montré que les PE sont hostiles à cetet évolution. Une consultation ministérielle récente a montré que 11% seulement des PE sont favorables à un directeur supérieur hiérarchique. Ce que demandent les PE ce sont des décharges pour les directeurs et de l’aide administrative. Cette aide a été supprimée par E Macron en 2017. Sur ce point le ministère n’annonce rien.

Pour Régis Metzger, co secrétaire général du Snuipp, « le ministère passe en force. Une ligne rouge est franchie. Le ministère met en place une autorité hiérarchique et bouleverse le fonctionnement des écoles ».

Cette annonce faite lors du GT direction devrait être confirmée par une déclaration ministérielle avant la mi juillet. Il est probable que le ministère mette la mesure en application à la rentrée 2021. Il a attendu la fin de l’année scolaire pour franchir le Rubicon.

François Jarraud

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