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Qu’est ce qui alimente les inégalités territoriales de réussite scolaire ? Le corporatisme enseignant, estime le géographe Jacques Lévy dans un rapport publié par Terra Nova. Sans surprise, J Lévy détruit l’idée que les zones rurales seraient défavorisées sur le plan scolaire, idée utilisée par le ministère pour revenir sur les crédits affectés aux Rep. Pour expliquer les inégalités bien réelles de réussite scolaire, J Lévy évoque un facteur ayant « un impact catastrophique : le corporatisme enseignant ». « La protection généreuse offerte par la puissance publique à ces catégories a conduit leurs organisations représentatives à revendiquer et obtenir davantage : toute réforme qui risque de différencier les situations des membres de la corporation doit être rejetée ; toute action gouvernementale décidée sans l’accord préalable des organisations corporatives doit être annulée ; le ministère ne doit pas viser à la production d’un bien public mais d’abord à défendre les intérêts des personnels… D’une part, les évolutions vers un suivi individuel des élèves sont systématiquement refusées, ou ignorées par la plus grande part du monde enseignant. Or, un large consensus reconnaît que c’est le seul moyen pour aider efficacement les élèves en difficulté… D’autre part, les syndicats d’enseignants les plus puissants s’accrochent au « Mouvement » qui fait que ce sont les « points » accumulés par les enseignants en fonction surtout de leur ancienneté dans un poste, qui leur permettent de choisir un établissement plutôt qu’un autre. Or, tant que le collectif éducatif déjà en place ne peut se renforcer et s’enrichir en sélectionnant lui-même, sur candidature, les nouveaux collègues, la constitution d’une équipe compétente, motivée et cohérente demeure hors de portée ». On retrouve là deux idées classiques du nouveau management public. Il vaut mieux laisser la hiérarchie locale recruter les enseignants. Problème : là où c’est mis en pratique on observe un déficit d’enseignants et de chefs d’établissement. Et on ne voit pas d’effet sur le niveau des élèves sauf à croire les résultats des tests. En France, les directions du privé sous contrat a ce pouvoir de choix des enseignants. Or toutes les études montrent que ces établissements ont une plus value plus faible que celle des établissements publics. Quant au suivi personnalisé des élèves, le bourrage des classes semble le rendre plus difficile que l’action syndicale…

Le rapport