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« Je ne sous-estime pas la formation aux valeurs de la République, surtout si l’on entend par là les valeurs de liberté, égalité et fraternité, mais on ne doit pas se contenter d’enseigner un catéchisme républicain », écrit Philippe Meirieu dans Droits & libertés, la revue de la Ligue des droits de l’homme (n°194). » On doit s’efforcer de mettre l’ensemble des activités et du fonctionnement scolaire en cohérence avec ces valeurs. Cela suppose qu’on les incarne et qu’on les explicite tout à la fois, sans jamais sacrifier l’une des deux dimensions… Mais cela ne signifie pas qu’il faille faire de l’école une « institution démocratique » au sens politique du terme. Les enfants ne sont pas des citoyens, et supposer qu’ils le sont déjà est le meilleur moyen de les empêcher de le devenir. Il ne peut être question de singer, à l’école, un fonctionnement démocratique qui s’avèrera toujours une imposture : soit parce que l’adulte récupèrera en séduction ce qu’il a abandonné en contrainte, soit parce qu’il sera contraint de reprendre le pouvoir dès que la « démocratie enfantine » menacera l’exercice de son autorité. La formation à la démocratie à l’école doit donc s’effectuer dans le cadre de ce qui constitue sa mission : la transmission des savoirs. C’est pourquoi je ne considère nullement comme formatrice une école qui transmet en assujettissant au mimétisme concurrentiel, même si elle ménage, à côté, quelques parenthèses « démocratiques »… Toute autre est la proposition des pédagogies coopératives : on y apprend à « penser par soi-même » et à « construire du commun » dans les activités scolaires elles-mêmes, et l’on met en place un « conseil d’élèves » où, sous la responsabilité du maître qui en fixe le cadre et en régule le fonctionnement, ce qui se vit en classe peut être réfléchi et débattu pour aller vers toujours plus de lucidité et de solidarité ».

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