Print Friendly, PDF & Email

Les déclarations sur la revalorisation ne suffisent pas. Cette année encore, l’Education nationale n’a pas réussi à remplir tous les postes proposés aux concours externes de certifiés et de professeurs de lycée professionnel (PLP). Si le nombre de postes non couverts est moins important qu’en 2020, la décrue s’amplifie du coté des candidatures. On a là une dynamique inquiétante.

300 postes restent vacants

2021 ne verra finalement pas une aggravation de la crise du recrutement des certifiés. En ajustant à la baisse l’offre de postes, le ministère réussit à avoir moins de postes vacants qu’en 2020 ou 2019.

Au final, trois disciplines n’arrivent toujours pas à remplir les postes proposés. En lettres classiques seulement 66 postes sont couverts pour 134 postes mis au concours. Il y avait 84 admissibles. C’est donc moins de la moitié des postes proposés qui trouvent preneurs. C’était déjà le cas en 2020 où 145 postes étaient proposés. En allemand, 222 postes sont proposés et on ne compte que 156 admis. Il y avait 177 admissibles. En 2020 seulement 136 candidats étaient admis pour 242 postes. En maths, on compte 1067 admis pour 1167 postes proposés. Il y avait 1705 admissibles. En 2020 1045 candidats avaient été admis pour 1185 postes. Tous les postes en physique chimie et en lettres modernes sont pourvus ce qui n’était pas le cas en 2019. En lettres modernes, 810 candidats sont admis sur 1293 admissibles…

Au total 234 postes de certifiés ne sont pas pourvus. C’était 331 en 2020 et 532 en 2019. Apparemment c’est mieux. Mais la situation réelle se lit dans l’évolution du nombre de candidats au concours. En 2021 le capes externe ne compte que 30 494 candidats contre 33 490 en 2019. Il y en a encore quelques centaines de moins en 2021 par rapport à 2020.

Chez les PLP une centaine de postes ne sont toujours pas pourvus. C’est le cas en biotechnologies où il y a 149 admis pour 200 places. En arts design 12 postes restent vacants sur 50. En hotellerie OPC 3 postes sont également non pourvus. Il manque encore des admissions dans de petites spécialités.

Chez les PLP aussi on lit la baisse du nombre de candidats : 13 001 inscrits en 2019, 10428 en 2020 et seulement 9878 en 2021. La baisse est constante.

Comment l’expliquer ?

Comment expliquer cette évolution ? Plusieurs facteurs jouent. A commencer par l’inversion de tendance impulsée depuis 2017 sur le nombre de postes. La réduction du nombre de postes proposés depuis 2017 a cassé la lente et difficile reconquête qui avait été opérée par le gouvernement précédent. On est rentré à nouveau dans un cycle de déclin des candidatures à l’enseignement comme celui qu’on a connu sous Sarkozy. Or pour que les étudiants s’orientent vers le métier d’enseignant il faut leur garantir une certaine stabilité de recrutement. Ou alors il faut réduire la formation à une seule année… On peut difficilement faire entrer des étudiants dans une tunnel de formation de 2 ans si chaque année on diminue le nombre de postes. L’année où on en propose un tout petit peu plus (au capes externe 2020) les candidats ne se sont plus là.

Une autre raison est bien sur à trouver dans les conditions d’exercice des enseignants. Les salaires enseignants sont inférieurs de 26% à ceux des cadres équivalents de la fonction publique. Et ils le sont encore davantage par rapport à ceux du privé. Les éventuels candidats voient aussi les conditions d’exercice du métier menacées. Il n’est question d’augmenter la durée du travail, de diminuer les libertés dans le métier, d’encadrer et surveiller davantage. Les enseignants ne s’y trompent pas qui ne recommandent très majoritairement pas à leurs enfants leur métier. Il faut ajouter que le gouvernement encourage l’embauche sous contrat plutôt que celle de fonctionnaires.

Et cela ne risque pas de s’améliorer. La réforme de la formation des enseignants qui entre en application en 2021-2022 repousse à l’issue du master la qualité de stagiaire. Concrètement pour les candidats au métier d’enseignant c’est une année de plus sous le statut d’étudiant sans salaire. L’éducation nationale y voit une opportunité pour proposer des stages aux étudiants et disposer de remplaçants à peu de frais. Mais cette mesure écarte du métier les étudiants qui ont du mal à financer leurs études. Or la profession a du mal à recruter dans des milieux plus favorisés.

François Jarraud