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Quand Marseille a un taux d’incidence de 683, Montpellier de 515 et Clermont-Ferrand de 99, peut-on raisonnablement appliquer le même protocole sanitaire dans toute la métropole ? Evidemment non. C’est pourtant le choix fait par le ministère le 25 août pour la métropole. Le ministère se défile aussi sur l’achat de capteurs de Co2. Par contre il annonce l’embauche de 700 assistants d’éducation, notamment pour organiser la vaccination des élèves.

Un niveau unique pour des situations sanitaires différentes

Le ministre a beau vanter l’autonomie et la décentralisation, c’est la même règle qui devrait s’appliquer sur le plan sanitaire dans toute la métropole. Selon Elisabeth Alain Moreno, secrétaire nationale du Se Unsa, le ministère a décidé d’appliquer le niveau 2 du protocole sanitaire dans tous les départements métropolitains à la rentrée. Le ministère estime que cela pourrait évoluer plus tard.

Pourtant la situation sanitaire est très différente d’un département à l’autre. Ainsi on a un taux d’incidence de 683 à Marseille, de 515 à Montpellier, de 466 à Toulouse contre « seulement » 99 à Clermont Ferrand, 127 à Brest et 176 à Paris.

Heureusement les écarts sont plus faibles pour le moment chez les écoliers (0-9 ans). On est à 78 dans la région Centre, 90 en Ile de France et en Pays de la Loire, 117 en Auvergne, 209 en Occitanie et quand même 309 en Provence (PACA).

Un niveau suffisant ?

Le niveau 2 est-il suffisant ? Ni le Snuipp Fsu, ni le Se Unsa ne le pensent. Les deux syndicats demandent des aménagements du protocole et des investissements. En moyenne le taux d’incidence des écoliers (0-9 ans) est à 128, celui des collégiens et lycéens à 291 et celui des étudiants à 397 (20-29 ans).

Or le protocole actuel autorise le retrait du masque dans la cour de récréation. Il est souple sur le non brassage des élèves et l’utilisation de la cantine. A défaut de tenir compte du niveau local de la pandémie, l’Education nationale va donner une occasion aux préfets d’intervenir dans les affaires scolaires. Il est possible qu’ils imposent des réglements locaux.

Aucune avancée sur les capteurs Co2

Les deux syndicats ont demandé aussi des capteurs de Co2 dans les classes , comme cela se fait par exemple en Angleterre, et des purificateurs d’air. JM Blanquer a déclaré le 22 aout y être favorable. Il a annoncé que l’Etat aiderait les collectivités locales à s’équiper. Mais interrogé par les syndicats le 25 août, le ministère est incapable de préciser le budget prévu. Il renvoie à son bureau de l’architecture scolaire. Et surtout se défausse sur les collectivités locales : « les élus n’expriment aucune intention sur ce sujet », déclare le directeur de cabinet de JM Blanquer.

700 AED pour aider la vaccination des élèves

Le ministère a donné quelques précisions sur les conditions de la vaccination des élèves. Les directions d’établissement seront mobilisées pour la gestion des autorisations. Le ministère annonce l’embauche de 700 AED supplémentaires en appui aux établissements pour gérer la vaccination des élèves. C’est le personnel de l’ARS qui fera les gestes médicaux. La vaccination se fera dans les établissements ou en conduisant les élèves volontaires dans un centre proche.

Confirmation des règles d’isolement des élèves

Précisions aussi sur les décisions de fermeture de classe. « Dans le 1er degré, c’est toute la classe qui est fermée durant 7 jours, dès le 1er cas dans la classe », annonce le Conseil des ministres du 25 août. « Dans le 2nd degré, un contact-tracing fin est organisé qui mobilisera les établissements, les services de santé scolaire et les caisses primaires d’assurance maladie (CPAM). En cas de contamination, les élèves qui ont été en contact avec un cas confirmé, sans mesure de protection – telle que le port du masque – et qui ne sont pas vaccinés ou immunisés, suivent l’enseignement à distance pendant 7 jours. Les autres élèves poursuivent l’enseignement en classe ». Outre qu’il est probable que la CPAM ait autre chose à faire, le « contact tracing fin » est juste impossible. Les élèves retirent le masque dans la cour de récréation et se regroupent… Surtout le statut vaccinal des élèves est déterminé par la déclaration des parents. Non seulement les élèves vaccinés peuvent attraper et transmettre la maladie mais il n’y a pas de controle, en dehors de celui très théorique de la CPAM.

Des cas non réglés

De nombreuses questions restent sans réponses. Comment les élèves des lycées professionnels non vaccinés pourront ils faire leur stage dans les secteurs à pass sanitaire ? Quelle décision pour les personnels vulnérables ? Il faudra à nouveau guetter l’évolution de la FAQ cette semaine…

François Jarraud

Rentrée à risque au niveau 2