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« Personne ne supporte plus d’entendre le ministre se féliciter de sa politique… Ca va pour la gestion de l’épidémie mais aussi pour les réformes pédagogiques et catégorielles ». Le 25 août, Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa, a dressé un bilan très critique des 4 années de ministère Blanquer. Le syndicat demande des recrutements et du matériel pour faire face à la crise sanitaire. Il est déçu de la mise en place des professeurs référents en lycée. Il demande une revalorisation plus élargie. Pour autant, le Se-Unsa souhaite de vrais établissements dans le 1er degré.

Le double discours de JM Blanquer

« Il est profondément attaché à l’école mais dans une version pédagogique très conservatrice. Il est trop convaincu de ce qu’il fait faire à l’école et dans chaque classe… Ce ministre a été d’emblée un ministre tout à fait politique sachant maitriser son discours, un discours de reprise en main de l’école ». A quelques mois des présidentielles, alors que l’Institut Montaigne et JM Blanquer lui-même construisent un bilan peint en rose de l’action ministérielle, Stéphane Crochet tient à remettre les pendules à l’heure.

« La rentrée est marquée par l’inquiétude et l’usure face au contexte épidémique et politique », dit-il. Il peint des enseignants « naviguant entre deux mondes, celui du ministre et le monde réel ». La coexistence de ces deux mondes, avec les injonctions ministérielles créent une souffrance au travail et un métier « en perte de sens.. avec des instructions descendantes qui se heurtent au réel. La satisfaction au travail des personnels se réduit ».

Absence d’adhésion des enseignants

Stéphane Crochet donne quelques exemples. Dans le premier ministre, JM Blanquer « tente de faire dire aux évaluations qu’il y a une inversion alors qu’il faut plusieurs années pour mesurer des effets durables. Sur les dédoublements on ne peut pas mesurer les effets sur les élèvs ». En ce qui concerne la réforme du lycée, « l’absence d’adhésion est quasi unanime » et le Se Unsa s’y attaque en demandant des groupes de 25 élèves. S’il était exaucé toute l’économie de la réforme (faire en sorte que tous les groupes soient toujours et partout à 35) tomberait.

Pour l’école inclusive « il y a un grand écart entre le discours et le réel. Les moyens font défaut pour les élèves, les familles et les personnels ». Enfin, « la promesse de démocratisation de l’école est fragilisée par le refus de l’exécutif de s’attaquer à l’absence de mixité sociale ».

Au lycée, le Se Unsa est déçu par la mise en place des professeurs référents, faite « à moyens constants ». « Il faudrait des personnels en plus pour accompagner les élèves », explique Claire Krepper, secrétaire nationale. « Il est urgent de réagir » au maintien des discriminations de genre et sociales dans l’orientation faute d’accompagnement.

Une revalorisation insuffisante

Gilles Langlois, secrétaire national, estime que les moyens de la revalorisation « ne suffisent pas à répondre aux attentes ». Le syndicat souhaite un début dans le métier à 2000€ net. Pour la revalorisation 2022, il demande une extension de la prime d’attractivité jusqu’au 9ème échelon.

Pour des établissements publics du 1er degré

Même sur les directions d’école, où le syndicat semble plus proche du projet ministériel, le Se-Unsa est déçu. Il demande des avancées sur les décharges des directeurs et les aides administratifs qui ne viennent pas. Le Se Unsa veut de vrais établissements publics du premier degré, une idée abandonnée par la loi Blanquer du fait des réactions des enseignants. Cette idée vient de loin. Elle a été portée par F Filllon, puis G de Robien, puis C Chatel. A l’étranger elle n’a pas fait ses preuves, comme l’avait rappelé l’OCDE en 2017. JM Blanquer avance sur cette voie mais trop lentement, semble t-il, pour le Se Unsa qui y voit davantage d’autonomie pour les écoles.

Des moyens pour faire face à l’épidémie

Le Se-Unsa a aussi un message à faire passer sur la situation sanitaire. Pour le Se Unsa, il faut recruter des AED , des enseignants, des Psy-EN, des Cpe pour faire face à l’épidémie et à la campagne de vaccination. Surtout, « la mesure du niveau 2 (du protocole sanitaire) n’est pas assez prudente », explique S Crochet. Le syndicat estime qu’il faudra suivre de près ce qui se passera en début d’année. « On demande des capteurs de Co2 et des purificateurs d’air depuis des mois. Le partenariat entre l’Etat et les collectivités locales ne s’est pas noué. Or dès l’automne la météo va réduire la possibilité d’aérer ». L’automne commence bientôt…

François Jarraud