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La publication des « bleus budgétaires » permet d’avoir une vue plus précise et plus solide sur le budget de l’Education nationale. Celui de 2022 est marqué par une constante : la stabilité des emplois, trait caractéristique du ministère Blanquer. Et par une touche spéciale : c’est l’enseignement privé qui connait la plus forte croissance des dépenses en 2022.

Des emplois stables

JM Blanquer a beau dédoubler les classes de certains niveaux de l’éducation prioritaire et donc créer un besoin d’emplois, il n’y répond jamais par des créations de postes. La crise sanitaire peut s’ajouter à la crise sociale , il n’y a pas de créations d’emplois dans l’enseignement. Cela ne change pas pour 2022. Ainsi aux 1369 créations de postes ETPT dans le 1er degré correspondent 1354 emplois supprimés dans le 2d degré. Si l’évolution totale des emplois (ETPT) dans l’éducation nationale est positive (+913) c’est du à une évolution technique. Les 900 emplois créés sont des AESH qui passent en CDI. Auparavant ils étaient en CDD, embauchés par les établissements, et donc n’apparaissaient pas dans le plafond d’emplois inscrit au budget.

Une dépense d’éducation qui augmente davantage dans le privé

On a beau parler revalorisation, les cordons de la bourse sont tenus serrés. Ainsi les crédits prévus pour le premier degré augmentent de 2.3% en 2022, en lien avec les créations de postes. A noter que le nombre d’élèves diminue. Mais le ministère continue à dédoubler des classes de grande section de maternelle et à limiter à 24 élèves les CP et CE1 hors éducation prioritaire.

Dans le second degré les dépenses n’augmentent que de 1.5% alors que le nombre d’élèves augmente d’autant en lycée. Ces deux taux sont aussi à comparer au taux d’inflation : 2.7% pour 2021.

L’enseignement privé connaitra en 2022 une hausse des versements de l’Etat de 3%, passant de 7.7 à 8 milliards malgré la suppression de 159 postes. La hausse la plus forte en pourcentage concerne les dépenses de remplacement qui passent de 194 à 202 millions. A ces dépenses il faudra ajouter celles qui sont liées à la prise en charge de toutes les maternelles du privé depuis la loi Blanquer. 100 millions sont crédités pour cela au budget. Mais on ne connaitra le cout réel que courant 2022.

Un cas intéressant des dépenses est fourni par les décharges des directeurs d’école. Depuis 2017 le taux de directeurs totalement déchargés est passé de 7 à 10%. Globalement on est passé de 65 à 67% de directeurs déchargés quelque soit le temps de décharge. On voit que l’accent est mis sur les plus grosses écoles. Mais entre temps, le nombre d’écoles a sérieusement diminué. On est passé de 45 401 écoles en 2017 à 44 262 en 2020. Le mouvement devrait continuer en 2021 et 2022…

Et par élève ?

« Ainsi, en 2020, la dépense par élève des établissements publics et privés sous contrat, incluant l’enseignement spécialisé, hors apprentissage et formation continue, est estimée à 3 460 euros en maternelle (vs 3 360 € en 2019), 4 410 euros en élémentaire (vs 4 230 € en 2019) et 6 260 euros en collège (vs 6 190 euros en 2019). Le coût estimé par élève est de 7 870 euros au LEGT (vs 7 840 € en 2019) et de 9 630 euros au lycée professionnel hors apprentissage et formation continue (vs 9 540 € en 2019). Enfin, le coût estimé par étudiant de STS est de 9 840 euros (vs 9 540 € en 2019) et de 12 230 euros par étudiant de CPGE (vs 12 190 € en 2019) », indique le budget.

En 2022 les fonds sociaux , destinés à payer la cantine ou des dépenses d’urgence pour les élèves les plus en difficulté, vont augmenter de 3 millions. Elles atteindront 49.6 millions. Soit 17% de moins qu’en 2017, dernier budget du quinquennat précédents.

François Jarraud

Les bleus budgétaires

Le budget 2022 : 500 suppressions d’emplois dans le 2d degré