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Même si le nombre de classes fermées diminue, l’épidémie ne cesse de progresser dans les écoles et les établissements. Face à la montée du taux d’incidence chez les scolaires, aux demandes des syndicats et aux interrogations des médecins, l’allègement du protocole décidé il y a une semaine ne semble plus pouvoir être maintenu. Que pourrait annoncer le gouvernement ?

La gestion et l’éthique

Les accusations sont particulièrement graves. « Plutôt que de se doter de moyens en adéquation avec l’objectif initial de suivi hebdomadaire, le gouvernement a préféré annoncer un allègement du protocole sanitaire en vigueur comme si l’objectif était dorénavant d’éviter les fermetures des classes quitte à laisser filer l’épidémie à l’école », écrit la revue médicale Caducée. Et de citer les recommandations du Haut Conseil de la Santé publique et du Conseil scientifique Covid qui demandaient un dépistage sérieux dans les écoles. Or la revue constate « le fiasco » de ce dépistage. Et renvoie à la théorie de l’immunité naturelle préconisée par la Société française de pédiatrie. « Laisser filer l’épidémie à l’école est-il éthique ? » demande la revue qui rappelle que de 5 à 10% des enfants contaminés sont victimes de covid long.

Une croissance exponentielle des contaminations en milieu scolaire


Depuis la publication de cet article le 2 décembre la situation sanitaire dans les écoles s’est encore aggravée. Le taux d’incidence des 6-10 ans a largement dépassé les plafonds des 3 dernières vagues sanitaires. Et il continue de grimper verticalement au rythme d’un doublement chaque semaine. En ce début de semaine le taux est au dessus de 500 dans 6 départements pour les jeunes : Ardèche, Charente, Corse du Sud et Haute Corse, Hautes Pyrénées. Si on ne prend que les 6-10 ans 28 départements ont au dessus de 1000.

Les données ministérielles montrent que le protocole ne fait que camoufler cette progression. Selon les données du ministère il y a nettement moins de classes fermées depuis le récent allègement. On passe de 8890 à 4578 soit presque moitié moins. Pourtant il y a moitié plus d’élèves contaminés : 33 550 cette semaine contre 21 976. Encore ce chiffre minimise t-il la réalité. Selon Géodes, le site du ministère de la Santé, on compte 16 849 nouveaux malades pour la seule journée du 29 novembre.

Le protocole modifié le 25 novembre n’a pas endigué l’expansion de l’épidémie. Il cherche juste à ne pas répercuter ses effets sur les familles. En autorisant le retour en classe des élèves testés négatifs le jour où un cas se déclare, il ne tient pas compte du délai d’incubation de la maladie. Une partie de ces tests négatifs deviennent positifs par la suite. La théorie de l’immunité naturelle ne fait pas que s’asseoir sur les cas de covid longs. Elle oublie que la plupart de ces enfants ne sont pas orphelins. Les taux d’incidence sont plus élevés à l’école que les taux moyens. C’est par l’école que le covid se répand dans la société.

Quelles mesures ?

Que pourrait faire le gouvernement ? La Belgique vient de trouver une solution en anticipant d’une semaine les congés de Noël. C’est une décision que le ministère français a du prendre pour les mêmes raisons l’année dernière. Mais son coût économique est important puisqu’il implique qu’un adulte garde les écoliers. Et s’il faut anticiper tout en maintenant la durée des congés, les retombées sur l’économie touristique seront graves.

Une autre piste c’est le changement de niveau du protocole. Mais aucun niveau défini actuellement ne permettrait une baisse du taux d’incidence dans les écoles. Le protocole actuel écarte, même au niveau 4, la demi jauge ou la fermeture des écoles primaires. Or, au vu de la rapidité avec laquelle l’épidémie se répand dans les écoles, où les enfants ne sont pas vaccinés, et aussi au collège, il va bien falloir d’une façon ou d’une autre diminuer le nombre d’élèves dans ces établissements. Tout le reste serait dérisoire face à l’expansion de la maladie.

La troisième annonce possible serait le retour à la fermeture dès le 1er cas avec des mesures pour le 2d degré. Dans les écoles, cette mesure aurait pu avoir un effet mais est-elle aujourd’hui suffisante ? Ce serait aussi un désaveux pour JM Blanquer.

Quelle que soit la décision prise , ou l’absence de décision, il faudra bien aussi considérer que l’épidémie est durable et s’attaquer vraiment à l’équipement des écoles et des établissements en ventilation mécanique filtrée, en purificateurs, en détecteurs et également en équipement sanitaire. Gouverner c’est prévoir. On cueille actuellement les fruits d’une gestion à la petite semaine, dont , en plus, on se félicite.

François Jarraud