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 » Nous allons rehausser au niveau 3 le protocole sanitaire s’appliquant aux écoles primaires », a annoncé le 6 décembre Jean Castex à l’issue d’un nouveau conseil de défense sanitaire. Mais le niveau 3 se distingue du 2 uniquement dans le second degré. Passer au niveau 3 dans le seul premier degré c’est décider de ne rien faire. Pourtant en école élémentaire le taux d’incidence est à 665, un taux supérieur au taux moyen national (411). Alors que l’épidémie passe par l’école pour toucher le reste de la société, des enfants vers les parents et grands parents, l’immobilisme gouvernemental ne coïncide pas avec la volonté de lutter contre la pandémie. Malheur aux non vaccinés ?

Le vaccin a changé la donne

« Le virus circule vite dans notre pays. Avec près de 50 000 cas quotidiens ces derniers jours, nous sommes à des niveaux supérieurs à ce que nous avions connu lors des précédentes vagues », a expliqué Jean Castex le 6 décembre. « Cette situation nous appelle à la lucidité et à la vigilance, sans céder pour autant à je ne sais quel affolement. Car si le nombre de cas est à nouveau très élevé, la situation n’est pas la même qu’il y a un an. Les Français se sont massivement vaccinés – c’est le cas de 52 millions d’entre nous – et cela a changé la donne ».

S’il est vrai que les effets de la maladie sont réduits par le taux important de vaccination, le premier ministre doit reconnaitre que des tensions se manifestent déjà dans les hopitaux où les entrées et les arrivées en réanimation grimpent verticalement. Pourtant J Castex annonce peu de mesures : fermeture des discothèques, vaccination des 6-11 ans à risque, contrôles plus stricts des passes sanitaires et enfin mesures pour l’école.

Le niveau 3 ne change rien dans les écoles

« Nous allons rehausser au niveau 3 le protocole sanitaire s’appliquant aux écoles primaires », annonce J Castex. « Notre priorité et notre boussole depuis le début de la crise restent et resteront de préserver l’éducation de nos enfants. C’est dans cet objectif que nous avons déjà renforcé les mesures barrières au sein des écoles, avec notamment le port du masque dans les classes. Pour les enfants du primaire, nous allons demander un effort complémentaire jusqu’aux vacances. A compter de jeudi prochain, le port du masque sera également requis dans les cours de récréation et les sports collectifs avec contacts seront restreints. A partir de lundi prochain, les conditions de restauration seront aménagées en lien avec les élus locaux pour limiter les brassages. Nous maintiendrons notre politique de dépistage systématique de tous les élèves s’il y a un cas positif dans la classe et de fermeture de la classe au bout de 3 cas positifs ».

Concrètement rien ne change. Le port du masque dans les cours de récréation a déjà fait son retour dans de nombreuses écoles sur décision préfectorale. La règle du dépistage dès le 1er cas fonctionne très mal car les laboratoires ne suivent pas dans de nombreuses régions. Et elle ne tient aucun compte du délai d’incubation. Un enfant déclaré négatif peut être positif le lendemain ou le surlendemain et transmettre la maladie. Les seules contraintes nouvelles seront en EPS où le sport en intérieur reste quand même autorisé, et pour les cantines où les municipalités devront chercher une solution. Quand il y en a. Le niveau 3 appliqué au second degré aurait eu d’autres conséquences. Mais justement il ne s’y applique pas.

Un niveau pourtant record dans les écoles

Pourtant tout aurait du pousser le premier ministre à prendre de vraies mesures. Le taux d’incidence est déjà très élevé dans les écoles et supérieur au taux moyen ce qui montre que les écoles sont devenues les locomotives de la pandémie. Les enfants ramènent la maladie chez eux.

En maternelle, le taux d’incidence moyen est de 304 avec 5 départements au dessus de 500 (Jura, Creuse, Ardèche, Pyrénées atlantiques et Hautes Pyrénées). Ce dernier département et la Creuse sont déjà à 800 avec un doublement chaque semaine.

En école élémentaire, ce sont 62 départements métropolitains où le taux d’incidence est supérieur à 500. 8 départements ont déjà un taux supérieur à 1000 : Jura, Haute saône, Rhône, Hautes Alpes, Lot et Garonne, Pyrénées atlantiques, Hautes pyrénées et l’Ardèche qui culmine à 1519.

Le collège connait aussi des taux d’incidence élevés avec un taux moyen de 393 et 23 départements au dessue de 500. Un département dépasse : l’Ardèche avec un taux moyen des 11-14 ans de 1059.

Dans cette brève liste on remarquera certains départements qui cumulent de très forts taux d’incidence de la maternelle au collège voir au lycée (Ardèche à 629, les deux départements corses à 560 et 697). On se demande pourquoi ces départements où les taux sont déjà extrêmement élevés, voire inédits, ont le même niveau de protocole que les autres.

Il reste encore deux semaines avant les congés de Noël. Au taux actuel de doublement du taux d’incidence chaque semaine, les écoles françaises auront largement dépassé un taux d’incidence de 1000. Faute d’un réel dépistage, les enfants vont continuer à accélérer la transmission de l’épidémie dans leur foyer et à alimenter les hopitaux. Le gouvernement semble prendre le risque de l’explosion de la maladie. Malheur aux non vaccinés ?

François Jarraud

La carte vient du site de G Forestier