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La rentrée des classes aura-t-elle lieu le 3 janvier ? Alors que la stratégie vaccinale semble avoir enrayé la progression du variant delta, Omicron se répand si rapidement dans la population qu’il devrait être majoritaire pour Noël. Une perspective qui remet en question la politique gouvernementale et repose la question du confinement et de la fermeture des écoles.

Une situation dégradée qui évolue vite

En apparence tout va bien à l’Education nationale. Lors de son dernier point, le 17 décembre, le ministère déclarait un peu plus d’élèves malades (50 052) et encore moins de classes fermées (2599 contre 2694 la semaine précédente), grâce à l’allègement du protocole décidé par JM Blanquer. Coté tests, le ministère compte 242 729 tests réalisés soit autant que la semaine précédente.

D’autre données sont moins optimistes. Ainsi Geodes, le site du ministère de la Santé, comptait 22 917 nouveaux cas de covid chez les 0 à 19 ans pour la seule journée du 13 décembre. Le 19 décembre dans 36 départements le taux d’incidence des 6 à 10 ans était supérieur à 1000. C’était aussi le cas dans 18 départements pour les collèges et 5 pour les lycées.

Omicron change la donne

Cette situation très difficile va être bouleversée par l’arrivée du variant omicron. Selon O Véran, le 22 décembre omicron représente déjà 20% des nouveaux cas et il double tous les 2 à 3 jours. Il sera donc majoritaire pour Noël et aura éclipsé le variant delta à la fin décembre.

La particularité d’omicron c’est sa contagiosité , particulièrement auprès des jeunes. L’arrivée d’omicron se fait alors que , selon O Véran, « c’est dans la population des enfants que le virus circule le plus », avec un taux d’incidence supérieur à 1000. La perspective d’entasser les enfants dans des classes pas ou mal ventilées à la rentrée est donc particulièrement inquiétante. D’autant que l’efficacité des vaccins semble moins grande avec omicron qu’avec delta. Même si moins d’enfants que d’adultes vont développer des cas graves, la très forte augmentation du nombre d’enfants contaminés se traduirait par une explosion du nombre d’enfants ayant une forme grave. Même si le gouvernement vient d’autoriser la vaccination des enfants de 5 à 11 ans. Cela semble bien tard par rapport à la rapidité avec laquelle omicron se répand.

Olivier Véran pointe l’Ecole

Olivier Véran n’a pas hésité à pointer l’école comme lieu de transmission de la maladie le 22 décembre. La forte croissance des cas chez les enfants se fait « parce que les enfants sont brassés à l’école, qu’ils se sont croisés, qu’ils ont joué, parce que le respect des gestes barrières est plus difficile, parce qu’ils ne sont pas vaccinés et qu’ils ne pouvaient pas l’être jusqu’à présent », a t-il déclaré. Il s’oppose ainsi aux discours rassurants de JM BLanquer qui , régulièrement, déclare que les enfants se contaminent davantage en dehors de l’école et que l’école les protège.

Même si JM Blanquer reste dans le déni, c’est là une évolution importante de la parole gouvernementale. Si le gouvernement veut freiner la croissance de l’épidémie dans la population, la fermeture des écoles et établissements peut être efficace si elle intervient au démarrage de la vague et si une continuité pédagogique est mise en place. En gardant les jeunes à la maison, on ralentit la circulation du virus et on gagne du temps. La mesure a par contre un cout économique important surtout si les écoles primaires ferment.

Comme s’il voulait repousser cette perspective, le protocole ministériel ne prévoit pas la fermeture des écoles primaires mais seulement la demi jauge au collège et au lycée. Or c’est au primaire, là où les enfants sont pas ou peu vaccinés, que l’épidémie se répand le plus vite depuis des semaines. Il est donc particulièrement inadapté à la situation réelle.

Le gouvernement a écarté les autres moyens de faire face à l’épidémie. A la rentrée l’Ecole ne disposera pas de plus de personnels pour effectuer les remplacements. Et on sait qu’à la rentrée 2022 ce sera pire encore. Aucun plan d’équipement des écoles en capteurs de co2, en purificateurs d’air, en ventilation mécanique filtrée n’est sérieusement mis en oeuvre. Masques FFP2, savon, éviers, sanitaires sont toujours manquants dans les écoles. Le budget de l’Education nationale continue à faire comme si l’épidémie n’existait pas. Pas grand chose a été fait avant les vacances pour anticiper la continuité pédagogique en cas de fermeture. Peu d’académies ont envoyé des instructions aux chefs d’établissement pour prêter du matériel informatique aux élèves avant les vacances.

Encore une fois l’Ecole se trouve dans l’attente d’une décision qui sera prise très tard alors qu’elle semble déjà inscrite.

François Jarraud