Print Friendly, PDF & Email

Le Salon de la pédagogie Freinet aura lieu à Paris le 5 février. Magali Jacquemin et Arthur Serret, professeurs des écoles et membres du groupe Icem de Paris, présentent ce salon pas comme les autres où les enseignants apportent et échangent leurs savoirs faires.

Freinet est souvent associé à l’enseignement primaire. Le Salon Freinet est un événement pour le premier degré ?

Magali Jacquemin : Le Salon propose aussi un atelier pour le second degré qui reflète le travail du groupe Icem 75 du second degré. Ce groupe travaille par exemple sur le texte libre et la classe coopérative au collège. Un autre atelier, sur le FLE, est transversal au premier et second degré.

C’est un salon professionnel pour les professeurs ou il concerne aussi les parents ?

Arthur Serret : Il est ouvert à tous ceux qui s’intéressent à la pédagogie, c’est à dire aussi les éducateurs spécialisés, les acteurs sociaux. Mais le Salon est organisé autour d’ateliers et donc tourne autour des pratiques pédagogiques. Je veux aussi lever une ambiguité. La pédagogie Freinet est une pédagogie de l’école publique qui respecte la carte scolaire. Ce n’est pas un catalogue d’écoles où les parents peuvent venir inscrire leur enfant.

Quel intérêt peut avoir un professeur d’aller au Salon ?

MJ : Des enseignants s’interrogent sur leurs pratiques classiques qui ne se passent pas toujours très bien. Il sont envie de se tourner vers une autre pédagogie, par exemple coopérative. Le Salon est une bonne adresse surtout s’ils veulent aussi une pédagogie émancipatirce. Il y a aussi des enseignants du second degré qui pensent que la pédagogie Freinet peut avoir sa place dans le second degré. Enfin il y a des enseignants qui ont envie de rencontrer et d’échanger avec des collègues sur la pédagogie Freinet. C’est une pédagogie tournée vers le collectif, la co construction, l’échange de pratiques. Et c’est aussi un engagement politique sur l’école et l’émancipation des élèves.

Justement on est dans la 5ème année du ministère Blanquer. On est aussi en plaine crise Covid. Il y a encore de la place pour Freinet ?

MJ : Les groupes Freinet ne se sont jamais autant réunis que pendant le 1er confinement. On a pu ainsi sauver une partie de l’aspect vivant de nos classes. On verra d’ailleurs au Salon les journaux de classe rédigés par les élèves pendant le confinement.

AS : JM Blanquer a beaucoup attaqué les pratiques pédagogiques des enseignants. Il y a un vrai enjeu à résister et à construire une contre culture professionnelle. L’ICEM est un deslieux où cette culture s’entretient en débat avec les collègues. On a d’autant plus besoin de l’ICEM que le ministre ne laisse aucun espace de débat pour les enseignants.

Le Salon se clôt par une discussion sur « être ou ne pas être acteur de sa pédagogie ». Mais comment peut-on ne pas être acteur de sa pédagogie ?

MJ : Avec JM BLanquer on a assisté à un autoritarisme pédagogique avec, par exemple, des kits tout faits comme le livre orange de la lecture. On a eu des évaluations nationales très normatives et ne tenant pas compte des réalités des classes. Tout cela pousse les enseignants à être de simples exécutants. C’est cela l’objectif de JM Blanquer. Pour nous l’enseignant doit être un chercheur, un expert et être capable de construire son enseignement. Le Salon sert aussi à réaffirmer l’enseignant comme expert.

Propos recueillis par François Jarraud

Le programme