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Julien Tourneville vient de soutenir une thèse sur « le rapport au temps dans le travail enseignant ». « Si aucun lieu n’est « vide » de travail, puisque celui-ci s’invite également au domicile, aucun temps ne l’est, et la frontière entre vie privée et vie professionnelle est beaucoup plus difficile à délimiter, renforçant le sentiment d’un travail trop présent, omniprésent », écrit-il. « Ce faisant, nous avons montré que des distinctions existent entre les enseignants du primaire et ceux du collège, puisque la structuration même de leur pratique est différente, et que les enseignants du collège peuvent plus facilement organiser leur travail hors classe au sein de leur établissement. Des distinctions existent également dans les manières de vivre le temps en fonction des caractéristiques non professionnelles des enseignants, des propriétés sociales comme le genre ou la composition familiale. En effet, l’étude montre au chapitre 8 que les femmes sont surreprésentées au sein du profil d’enseignants qui sont débordés par une pratique professionnelle qui prend tous les temps, donc dans une posture plus sacrificielle de leur temps de vie privée, alors que les hommes sont surreprésentés dans une manière de vivre le temps de la pratique enseignante plus distanciée ». Surtout il montre comment ce temps est impacté par la politique ministérielle. « Par l’imposition d’un modèle de praticien en éternelle remise en question, et parce que l’institution est en incapacité à proposer des lectures de l’avenir, des enseignants sont happés dans un présent qui ne s’inscrit plus dans l’expérience ou l’histoire, ni qui ne se projette plus, ce qui génère une perte de sens, décrite dans la thèse comme une véritable déréliction temporelle. » Un point sur lequel le Café reviendra…

La thèse