Print Friendly, PDF & Email

La pression exercée par les associations savantes de mathématiques, leurs relais dans la société, ont eu raison de JM Blanquer. Le 17 février, le ministre annonce la création d’un comité d’experts chargé de proposer « des scénarios réalistes et efficaces d’amélioration de l’offre de l’enseignement des mathématiques ». Un énième Comité Tartempion ?

Un comité d’experts

Dans une lettre envoyée à tous les enseignants le 17 février, le ministre de l’éducation nationale annonce la création d’un « comité d’experts » chargé « de conduire dans les toutes prochaines semaines une série large d’audiences de tous les acteurs intéressés ». Le comité devrait entendre les associations de professeurs de mathématiques et des disciplines scientifiques ainsi que les organisations syndicales, « les instances de l’enseignement supérieur », et les parents d’élèves. « Les premières rencontres pourront se tenir dès la semaine prochaine », annonce le ministre.  » Ce comité s’attachera à établir un constat complet sur la situation des mathématiques au sein du nouveau lycée général, à recenser les remarques et propositions, et à me remettre des scénarios réalistes et efficaces d’amélioration de l’offre de l’enseignement de mathématiques. »

Pour JM Blanquer, cette large consultation n’est que la suite de « la consultation large à laquelle ont pris part à la fois les lycéens, les associations de professeurs, les organisations représentatives » qui aurait eu lieu pour la réforme du lycée. Pour rappel cette réforme a été rejetée par le Conseil supérieur de l’éducation à une très large majorité le 12 avril 2018.

Un ministre sous pression

Depuis plusieurs semaines JM Blanquer subit une pression montante sur l’enseignement des mathématiques au lycée. Les associations mathématiques (Apmep, Irem, Cfem etc.) ont dénoncé la chute du nombre d’élèves faisant des maths et particulièrement celle des filles. Ainsi on est passé de 38% de filles parmi les élèves faisant au moins 8 h de maths en 2010 à 31% en 2021. Le nombre d’élèves ne faisant plus du tout de maths en cycle terminal du lycée est passé de 50 000 à 140 000.

Après avoir annoncé le 6 février un retour des maths dans le tronc commun du lycée alors que ce n’était qu’un peu plus de maths dans l’enseignement scientifique, un cache misère qui réunit toutes les disciplines scientifiques, JM Blanquer a connu une recrudescence des critiques relayées dans les assemblées et même au Medef. Cédric Villani, un des initiateurs de la réforme, s’est même désolidarisé de son application. Le 9 février encore il débattait très violemment à l’Assemblée, accusant ses contradicteurs de mensonge et d’agitation politique. Il annonçait qu’il contactait les sociétés mathématiques pour « avancer sur ce sujet ».

Comité Tartempion et impasse globale

La réponse du ministre est-elle susceptible de faire avancer le débat ? On ignore la composition du « comité d’experts ». On sait que c’est une pratique courante au ministère de l’Education nationale de créer des comités Tartempion pour enterrer un sujet brulant. Les exemples ne manquent pas et JM Blanquer les connait.

Il y a quand même un élément intéressant dans ce création de ce rapport. Le ministre demande  » des scénarios réalistes et efficaces d’amélioration de l’offre de l’enseignement de mathématiques ». C’est que , de toutes façons, JM BLanquer ne peut pas immédiatement régler ce problème. Evidemment il n’a pas inscrit au budget des postes supplémentaires en maths et les DHG 2022 sont déjà arrivées. Mais c’est pire que cela. Si les horaires de maths ont été sabrés c’est bien sur pour dégager des postes et faire des économies. Rien que pour l’enseignement public, il y a 12 125 professeurs de maths en lycée. Une réduction de 36% de l’horaire élève cela fait plusieurs milliers de postes économisés. Mais c’est aussi parce que le ministère paye si mal ses enseignants qu’il ne trouve plus les professeurs de maths dont il a besoin. Au capes 2021 de maths, on a compté 1067 admis pour 1167 postes proposés. 100 postes n’ont pas été couverts. En 2020 c’était 140.

Ne croyons pas que ces nombres ont là par hasard. L’impasse des maths est aussi la résultante d’une politique néfaste pour le recrutement des enseignants tout au long des 5 années du ministère Blanquer. Et là on touche au bilan du ministre…

François Jarraud