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« Un consensus scientifique existe : tous les chercheurs s’accordent pour reconnaitre l’influence de la qualité du décodage des mots sur la compréhension des textes. Insuffisamment automatisé, le décodage représente une opération coûteuse qui prive les élèves d’une part de leurs ressources attentionnelles au détriment des traitements cognitifs de haut niveau permettant l’accès au sens. Malheureusement depuis cinq ans, le MEN a concentré tous ses efforts sur cet unique volet, délaissant la pédagogie de la compréhension. Poursuivant la croisade amorcée au CP avec l’imposition d’une méthode syllabique radicale, il renforce sans cesse l’enseignement du déchiffrage pour faire croire à l’opinion publique que la faiblesse de celui-ci est la seule cause des problèmes de compréhension en lecture que les évaluations internationales viennent rappeler. La fluence est ainsi devenue l’emblème de la politique ministérielle de la lecture, rejetant les dimensions intellectuelles, sociales et culturelles de cet apprentissage pour se cantonner aux mécanismes cognitifs de bas niveaux, facilement modélisables et calculables. Elle est à présent l’étendard de la rationalité pédagogique chère au ministre, celle d’une éducation fondée sur la mesure, d’une pédagogie pilotée par l’évaluation et celle d’une individualisation de l’enseignement transposée de la médecine ». Dans un document de travail destiné à la formation des enseignants, Roland Goigoux revient sur l’obsession ministérielle sur la fluence. Il démonte le mécanisme de création des seuils dans les études de la Depp et la façon dont le ministère en joue pour sa communication. Il montre aussi que la fluence ne se limite pas, comme le ministère tente de le faire croire, à la rapidité de la lecture. La prosodie par exemple est un élément reconnu internationalement par la recherche (et totalement oublié dans les études ministérielles).Il rappelle l’inefficacité des ateliers d’entrainement à la fluence. Un texte éclairant pour les professeurs du premier degré mais aussi pour tous les acteurs de l’éducation qui veulent comprendre comment le ministère s’arrange avec la science.

Le document