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Où va l’Ecole du futur annoncée par Emmanuel Macron, Secrétaire national PS à l’école, Yannick Trigance montre la continuité du programme présidentiel pour l’Ecole sur les deux quinquennats et son glissement progressif vers la droite et le Nouveau Management Public. Se construit une « école du marché, de la sélection et de la compétition ».

Suivre le sillon tracé par JM Blanquer

Le résultat des élections législatives ne manquera pas d’infléchir fortement et durablement la dérive néo-libérale et droitière de la politique éducative voulue par le Président de la République et fortement engagée sous le précédent quinquennat.

Et ça n’est pas la nomination du ministre Pape Ndiaye – décision uniquement destinée à capter l’électorat de gauche avant les élections législatives, avec le succès que l’on connaît … – qui y changera quelque chose. Il n’est pour s’en convaincre que de regarder de près la constitution de son cabinet qui vaut toutes les analyses et tous les discours…

Une fois passée l’effet de sa nomination, force est de constater que le nouveau ministre poursuit sans fléchir le sillon tracé pour l’école par le tandem Macron/Blanquer pendant 5 ans.

Convergence LR – LREM

Les résultats du scrutin législatif introduisent une donnée qui ne peut qu’impacter la politique éducative de la mandature qui s’ouvre : en l’absence d’une majorité absolue, le Président de la République va devoir trouver des appuis et des soutiens au-delà de son propre camp, notamment chez les député.e.s des Républicains.

Le défi est loin d’être impossible étant donnée la forte convergence entre les élu.e.s macronistes et les élu.e.s LR en matière d’éducation, comme on a pu le constater au cours de la campagne présidentielle où les propositions d’Emmanuel Macron et de Valérie Pécresse sont apparues comme quasiment identiques sur bien des points, à partir d’une vision néo-libérale de l’école fondée sur l’autonomie –au sens managérial et non pédagogique du terme-, sur la compétition et sur la sélection.

Au sujet de l’autonomie des établissements régulièrement présentée comme le « nec-plus-ultra » de l’école de demain, les deux camps souhaitent engager un « Nouveau Management Public » (NPM) visant notamment à renforcer les pouvoirs des chefs d’établissements et des directeurs d’école sur les questions de recrutement, de notation et de rémunération au mérite des enseignants.

L’école du futur, une gestion libérale de l’Ecole

C’est d’ailleurs tout le sens de l’expérimentation « l’école du futur » lancée il y a quelques mois par E. Macron dans des écoles de Marseille avec des postes à « exigence particulière », une revalorisation conditionnée à des tâches supplémentaires, des financements liés à des projets spécifiques et des enseignants recrutés par les directions d’école habilités à sélectionner des profils.

Cette déréglementation « Macronienne » constitue de la même manière une proposition forte du programme « éducation » des Républicains, Valérie Pécresse l’ayant déjà engagée dans les lycées franciliens avec la création d’un « budget autonomie » par ailleurs octroyé sans aucune prise en compte de la réalité des territoires.

Ce nouveau mode managérial de gestion des enseignants est également préconisé dans un récent rapport du Sénat produit par Gérard Longuet au début du mois de juin et adopté par la commission des finances de ce même Sénat, rapport qui propose notamment d’augmenter « la productivité » des enseignants en augmentant leurs missions et en réorganisant le réseau d’établissements pour en réduire le nombre.

Déport vers la droite du macronisme

Enfin, la réforme d’un lycée professionnel -aujourd’hui rattaché au ministère du travail et de l’éducation- privilégiant d’abord et avant tout une formation en entreprises au détriment des enseignements généraux- déjà bien réduits sous le quinquennat précédent – apparaît comme un trait d’union important entre le programme d’E. Macron et celui des députés LR.

Privé d’une majorité absolue, E. Macron sera, s’il veut appliquer son projet néo-libéral pour l’école publique, irrémédiablement déporté sur sa droite par des députés LR qui au-delà des propositions communes avec le président de la République, lui feront payer leur soutien avec un objectif consciemment partagé : la remise en cause profonde et assumée du système d’enseignement public.

Face à cette école du marché, de la sélection et de la compétition voulue par E. Macron et l’ensemble des députés de droite, les élu.e.s de la NUPES auront à porter et à promouvoir une école qui ne laisse aucun jeune au bord du chemin, une école faite pour tous les élèves qui n’ont qu’elle pour apprendre, une école qui démocratise la réussite partout sur le territoire de la République.

Yannick Trigance

Conseiller Régional Ile de France

Secrétaire National PS à l’école, à l’éducation et aux savoirs