« Ce sont des choix opérés par le principal. C’est à lui de choisir ». Interrogée sur les suppressions d’options et de dédoublements en raison de la mise en place des groupes de niveaux en 6e et 5e, la ministre a renvoyé la responsabilité aux choix faits par les personnels de direction. Elle a par contre promis à la Commission des affaires culturelles du Sénat d’augmenter l’horaire des Segpa qui passera à 27 h au lieu de 26 h. Les principaux apprécieront aussi la mesure…
Le problème c’est le budget
« Il faut réactiver la fonction d’ascenseur social de notre école« . Interrogée par la Commission des affaires culturelles du Sénat le 3 avril, la ministre affirme refuser « l’idée de tout tri social » et présente la politique éducative du gouvernement comme une politique sociale.
Le problème c’est le budget. Si les sénateurs Les Républicains affirment vouloir soutenir son action, ils posent des questions pertinentes. La reprise de 692 millions du budget de l’Éducation nationale « va à l’encontre des promesses du 1er ministre sur l’école mère des batailles », relève J. Grosperrin. « Vous allez devoir faire des choix. On vous a raboté 692 millions d’un côté. On vous a ajouté des dépenses (avec les groupes qui n’étaient pas prévus au budget NDLR). Où allez-vous faire des économies« , demande Olivier Paccaud.
« L’équipe de direction fait des choix »
La ministre explique qu’elle s’est trompée sur le nombre d’emplois affectés aux groupes de niveau. Ce sera 2330 et non 2830 comme annoncé à l’Assemblée le 27 mars. Elle confirme qu’il sera fait appel à des contractuels et des enseignants du 1er degré « qui seront remplacés par un éventuel appel aux listes complémentaires » et enfin à des retraités, comme nous l’annoncions le 29 mars. Pour la ministre, la création des groupes de niveau ne doit coûter que 2330 emplois, soit environ 120 millions.
C’est ce qui explique la minceur des dotations horaires arrivées dans les collèges. Aux sénateurs qui l’interrogent sur les dédoublements et les options supprimés dans les établissements pour pouvoir faire les groupes, N Belloubet se défausse sur les personnels de direction. « Ce sont des choix opérés par le principal. C’est à lui de choisir… L’équipe de direction fait des choix c’est sa prérogative. S’il y a des difficultés, nous sommes toujours à l’écoute ». Les personnels de direction, qui doivent souvent faire des choix difficiles, apprécieront…
27 h pour les Segpa
N. Belloubet réagit à l’annonce dans la presse de la suppression d’une heure à l’horaire des Segpa pour alimenter les groupes de niveau. « Il y a cette heure qui est prise« , confirme la ministre, « mais deux heures supplémentaires seront données aux Segpa. Elles n’auront pas 26 heures hebdomadaires, mais 27 heures avec deux heures de soutien« . Cette annonce va aussi concerner les principaux chargés de la mettre en œuvre.
Mais cela ne suffira pas. Le budget du service civique sera raboté. Le fonds de soutien aux activités périscolaires est aussi sur la sellette. Son maintien doit se décider avant la fin de l’année scolaire.
Mixité sociale : pas de politique arrêtée
L’autre sujet du moment c’est le rapport Vannier Weissberg sur l’enseignement privé sous contrat et la ségrégation scolaire. La ministre dit qu’elle n’a pas lu le rapport, mais veut « conduire une politique de mixité scolaire« . Elle rappelle l’article 1er du Code de l’éducation qui fait de la mixité sociale une obligation pour les établissements privés comme publics. Mais comment faire ? « La politique de mixité passera par des enseignements ici, là-bas par une sectorisation comme Affelnet à Paris, par un travail avec le privé pour l’encourager pour plus de mixité« , explique la ministre. Elle ne s’engage pas plus sur le contrôle des établissements privés. « Nous devons faire un effort pour le contrôle« , dit-elle. « Le Secrétariat général de l’enseignement catholique est d’accord avec cette idée… 60 IPR et IEN apporteront leur concours à ce travail« . Le rapport Vannier Weissberg montre que les établissements privés sont contrôlés une fois tous les 1500 ans en moyenne. « Je n’ai pas une politique arrêtée sur la question de la mixité. C’est une politique qui aura des dispositions globales, mais aussi spécifiques à des zones précises ».
Labellisation : Les enseignants pourront choisir leur manuel
N Belloubet évoque aussi le Pacte qui « rencontre un certain succès« : 30% des enseignants auraient pris au moins une brique du Pacte. Mais pour les remplacements de courte durée, la priorité du Pacte dans le 2d degré, la ministre annonce 2 millions d’heures effectuées sur 13 millions d’heures non remplacées.
Autre sujet d’actualité : la sécurisation des établissements. Une réunion est organisée le 4 avril au ministère de l’Intérieur. « On va demander aux préfets de réunir les acteurs de la sécurité des écoles et de prendre des mesures pour mettre en place des alarmes anti-intrusion et des enceintes« . Actuellement la moitié des écoles n’ont pas ces alarmes.
Reste une bonne nouvelle pour les enseignants. N Belloubet ne veut pas revenir sur la labellisation des manuels scolaires. Mais « ce n’est pas une obligation. Cela n’interdit pas à un enseignant de choisir un autre manuel« . Maintenant vous le savez…
François Jarraud