Cette recherche internationale, est publiee entre autres dans sa version québécoise (voir plus loin pour la version française). Intitulée LES JEUNES ET INTERNET (représentation, utilisation et appropriation), ce travail est disponible à cette adresse : http://www.autoroute.gouv.qc.ca/ et plus précisément téléchargeable à : http://www.mcc.gouv.qc.ca/pubprog/info/jeunes_internet_2001.pdf
(travail mené entre autres de Jacques Piette, Chistian-Marie Pons, Luc Giroux, Florence Millerand)
Cette enquête qui est très récente remet en perspective, la précédente étude menée sur le même thème en 1997 au Canada
Ce travail, contrairement au précédent est un travail de recherche universitaire. C’est pourquoi la première partie du document reprend l’explicitation des choix méthodologiques et théoriques. Le volet québécois de cette étude dégage des faits » saillants » dont certains méritent un examen plus précis et dont d’autres corroborent l’enquête citée ci-dessus.
» C’est surtout à la maison que ça se passe ; en moyenne une heure par jour . Internet à la maison et à l’école : deux mondes différents «
» Ni enfer ni paradis : Internet ne change pas tellement le monde «
» Un divertissement avant tout, mais qui peut se faire sérieux «
» L’information est fiable, le commerce ne l’est pas «
» Internet et l’école : que l’écran n’efface pas le tableau ni le prof «
» Internet, ce n’est pas l’informatique «
» Malgré l’immensité du réseau, une tendance à tisser de » petites toiles
personnelles «
» La pratique est individuelle, elle n’est pas solitaire «
» Un engouement modéré ; une fascination raisonnable «
Dans ces quelques éléments, on confirme la remarque de la banalisation de l’outil (99% d’utilisateurs) qui s’effectue avant tout dans un cadre de divertissement. Tout se passe comme si l’Internet était devenu la télévision des temps modernes : outil de distraction accessoirement éducatif… Du coté des usages, on remarque cette observation des petites communautés qui doit nous alerter sur les modalités de socialisation qu’induit ce type de pratique. En effet, ni grand phénomène de mutualisation, ni développeur de l’individualisme, l’Internet fait le lit d’une certaine forme de recherche de protection au sein du petit groupe d’appartenance. Cependant l’analyse portant sur des adolescents, on peut comprendre que ce soit cette modalité qui est mise en avant. Les études sur les ados ont toujours montré l’importance du groupe restreint comme moyen de construction identitaire et de socialisation.
Ces deux enquêtes sont progressivement enrichies par la publication des versions des la deuxième recherche des divers pays Européens associés. Ainsi on peut trouver le volet français de la recherche à l’adresse du Clemi :
http://www.clemi.org/jeunes_internet.html
L’enquête du Clemi semble confirmer l’enquête québécoise en ce qui concerne
les représentations et les utilisations que les jeunes font d’Internet. La
différence la plus sensible concerne les taux d’équipement et d’accès à
Internet qui sont deux fois moins élevé en France qu’au Québec.On note aussi une différence concernant l’appréciation de l’importance de la langue anglaise sur Internet : elle est considérée comme dominante en France alors
qu’au Québec cela ne semble pas poser de problème.
Pour ce qui est des convergences intéressantes : les jeunes Français considèrent assez largement Internet comme un loisir, même s’ils l’utilisent assez largement pour l’école avec un taux d’équipement scolaire assez important. Cette enquête confirme donc un fait important que des études précédentes avaient mises en doute : Internet est un loisir avant d’être un outil de connaissance. On avait pensé en particulier au début du développement d’Internet que la dimension encyclopédique serait un facteur important, or il n’en est rien par rapport à la fonction loisir. Cette
information confirme aussi en France comme au Canada la prééminence du rôle de l’école et des enseignants pour l’acquisition des savoirs. Il faut nuancer ce propos en n’oubliant pas que les élèves n’ont que ce modèle
d’apprentissage à connaître aussi bien dans leur pratique que dans la culture transmise par leurs parents.
Au delà de ces quelques résultats appuyés sur des chiffres très intéressants, il semble nécessaire de noter que le travail sur les discours des jeunes souffre d’une certains faiblesse, car il ne peut pas rendre compte du véritable usage et des véritables modalités d’intégration. Il semble que la dimension ethnographique d’une telle recherche aurait permis des éclairages particulièrement riches. Malheureusement le » coût » de telles recherches est très élevé pour des résultats qui peuvent être très décevants.
Les travaux proposés vont donc nous permettre de nous occuper pendant les soirées d’été en nous aidant à mettre en perspective nos observations quotidiennes en allant au delà des apparences.
Bruno Devauchelle
Cepec
http://www.clemi.org/jeunes_internet.html