Pour la seconde fois, Emmanuel Macron décrète la fermeture générale des écoles, collèges et lycées à partir de lundi prochain. Un an après la première fermeture, presque jour pour jour, cette décision signe l'échec des demi mesures prises depuis des mois par JM Blanquer. Sans changement de cap quel sera son impact durable ?
Secrétaire général de la première fédération syndicale de l'enseignement, la Fsu, Benoit Teste attend surtout du ministre que le temps de la fermeture ne soit pas du temps perdu. Ni sur le terrain matériel , avec la vaccination des enseignants et l'équipement des établissements, ni sur celui de la pédagogie: il faut définir les objectifs du distanciel , revoir programmes et examens.
"Nous devons dès à présent nous préoccuper de préparer la reprise. Pour cela la vaccination des personnels qui travaillent dans les écoles, collèges et lycées est une priorité et doit se concrétiser rapidement. Nous devons également procéder aux recrutements qui permettront d’assurer les remplacements et le renforcement des vies scolaires et se donner les moyens de mettre en place le triptyque « tester-alerter-protéger » dans de bonnes conditions", écrit l'Unsa Education.
"Si l'Ecole a tenu son rôle, c’est surtout grâce à la professionnalité des acteurs et au respect de leur liberté et de leur autonomie dans le cadre sanitaire qui leur était imposé. Ces deux conditions ont permis des adaptations créatives, des relations renouvelées avec les élèves et leurs parents, des interrogations fécondes sur le numérique et ses limites, des dynamiques collectives, dans l’échange comme dans la décision". Ce numéro de la revue de l'Afae ne cache rien. Il donne à voir la crise du pilotage qui s'est installée au début du confinement quand les managers ont perdu pied et que les professeurs, avec quelques rares cadres, ont été les seuls à tenter de faire vivre l'Ecole. Il montre aussi l'évolution du métier enseignant en raison des circonstances. Quel bilan tirer de cette période ? Quand on voit l'impréparation alors que la probabilité d'un second confinement est très forte, sans doute que le ministre préfère oublier cette page pas glorieuse.
"Le moment est historique. Jamais on n'a fermé toutes les écoles et les établissements scolaires en France", écrivions-nous le 13 mars 2020. La veille, E Macron avait contredit son ministre de l'éducation en décrétant la fermeture complète des écoles et établissements scolaires pour le lundi 16 mars 2020. Une nouvelle période s'ouvrait. Nous n'en sommes toujours pas sortis. Nous vous invitons à revivre ces moments uniques dans l'histoire de l'Ecole comme le Café pédagogique les a vécus, d'heure en heure, de conférence de presse au ministère en enquêtes sur le terrain.
Alors que l'épidémie de Covid 19 explose généralement en France et particulièrement dans les établissements scolaires, la gestion de la crise sanitaire par l'Education nationale est vivement critiquée. JM Blanquer maintient ses propos : "il y a moins de contamination dans les établissements scolaires que dans la population en général".
Quel bilan dresser de la gestion de la crise sanitaire ? L'OCDE publie le bilan de la première année de Covid 19 dans l'Ecole. L'organisation examine comment les systèmes éducatifs ont réagi dans 30 pays. Il s'en dégage que la France n'est pas le seul pays à avoir maintenu l'école ouverte longtemps. Par contre elle fait partie des rares pays qui ne donnent pas la priorité aux enseignants pour la vaccination. Et se dessinent des choix pédagogiques français qui tous ciblent les minorités ethniques.
Finalement la fermeture annoncée des classes dès le premier cas de covid ne sera pas rétroactive comme l'avait dit JM Blanquer le 26 mars. C'est la première surprise de la Foire aux Questions (FAQ) quia été mise à jour par le ministère de l'éducation nationale le 27 mars. La FAQ est un peu plus incitative pour les collèges que les propos du ministre. Et elle fixe un maximum de 50% des élèves dans les lycées des19 départements, là où l'édition précédente en faisait un minimum.
Le nouveau protocole dans les départements « confinés » impose la fermeture des classes à partir d’un cas positif. Une décision dont s’est réjoui le SNUipp-FSU 93 jusqu’à ce que le syndicat découvre la faq publiée le 27 mars. En effet, si un élève est déclaré positif, la classe ferme mais si l’enseignant de la classe est lui positif, pas de fermeture et pas de remplaçant, puisqu’il n’y en a plus aucun de disponible dans le département. Une situation ubuesque surtout dans le premier degré lorsque l’on sait le sort réservé aux élèves dans le cas d’une absence d’enseignants : ils sont répartis dans les autres classes. Vingt-cinq élèves, dans le meilleur des cas, qui se retrouvent obligés de passer la journée dans une classe qui n’est pas la leur. Quid du non-brassage pour limiter la propagation du virus ?
Politique ministérielle : Censure : JM Blanquer bat son record
Nouveau record pour l'Education nationale ! Le rapport d'activité de l'Inspection générale de l'Education nationale fait l'éloge de la réforme de fond réalisée par JM Blanquer et la cheffe de service de l'Inspection, Caroline Pascal. Il a surtout pour avantage de publier la liste des rapports de "l'inspection générale de l'éducation du sport et de la recherche". Malgré cette extension d'activité, encore moins de rapports ont été rendus publics en 2019.Cette année là seulement 7 rapports ont été publiés sur 82 produits soit 8%. Les autres ne sont jamais sortis du cabinet de JM Blanquer. Celui-ci bat son record de 2017.
Le ministère publie la répartition des postes de professeurs des écoles mis aux concours. On le savait depuis novembre : un millier de postes sont supprimés en 2021. Ce qu'on découvre c'est que les académies de Créteil et Versailles sont particulièrement ciblés par une baisse importante des postes offerts aux concours normal et spécial. Le concours spécial de Versailles n'est même plus mentionné. Les économies de moyens, déjà douteuses en pleine épidémie, sont faites aux dépens des académies les plus populaires.
Selon deux études de la Depp, le service des études du ministère de l'éducation nationale, les effectifs d'élèves vont continuer à diminuer dans le premier degré et à augmenter dans le second. Des prévisions qui ne sont pas une surprise. Mais qui soulignent l'irrationalité des choix du ministère d'augmenter les postes dans le premier degré et de les diminuer dans le second. A noter que le ministère attend peu d'effet de la scolarisation obligatoire à 3 ans sur le nombre d'élèves.
Salaire, carrière, accès aux corps les plus prestigieux : dans le ministère le plus féminisé, la place laissée aux femmes n'est jamais la première. Alors que l'Education nationale porte les valeurs de la République, l'égalité entre les femmes et les hommes reste à conquérir, comme le montrent les données du Bilan social du ministère.
Après les contradictions de ses premières interventions devant les Assemblées, ce n'était pas facile pour Nathalie Elimas de se faire entendre par le Sénat lors d'une séance consacrée à la réforme de l'Education prioritaire. La ministre a minimisé son projet, parlant d'expérimentation et non de réforme. Elle a peu éclairé le Sénat notamment sur le financement et la place du privé. Une seule annonce : celle d'une ligne budgétaire pour sa réforme dans le projet de loi de finances 2022.
Lancés en septembre 2020, les "territoires numériques éducatifs" par JM Blanquer, N Elimas et Guillaume Boudy, secrétaire général pour l'investissement, à la tête des Programmes d'investissement d'avenir (PIA), les "Territoires numériques éducatifs" sont l'amorce d'un nouveau plan numérique censé bouleverser la pédagogie. Le Café pédagogique révèle la liste des 12 départements prévus pour leur déploiement en 2021.
L'annonce a été saluée par la presse comme une réussite. La petite startup française éducative Lalilo vient d'être achetée par une des plus grandes multinationales du numérique éducatif, le groupe américain Renaissance Learnig. Alors que JM Blanquer n'a cessé de vanter le développement de l'EdTech française, cet achat exprime une autre réalité. Retenue par l'Education nationale dans le cadre d'un programme national de subvention, Lalilo a vu sa recherche et développement financée par l'Etat. Le savoir faire financé par l'éducation nationale est parti aux Etats -Unis.
Séparatisme : Le Sénat interdit les signes religieux aux mamans accompagnatrices
Sans surprise la majorité de droite du Sénat a adopté le 30 mars un amendement à l'article 1 de la loi séparatisme interdisant le port de signes religieux aux mères accompagnatrices lors des sorties scolaires ou des interventions en classe. Le gouvernement a pris parti contre cet amendement. Le projet de loi devra revenir vers l'Assemblée pour que la mesure entre en vigueur.
Le projet de loi séparatisme produit au Sénat le même effet qu'à l'Assemblée : il excite la xénophobie et le racisme et réveille la droite. Au Sénat où elle est majoritaire la droite s'emballe et adopte des textes déraisonnables. Après l'interdiction du port de signes religieux par les accompagnatrices des sorties scolaires, l'examen du projet de loi séparatisme a continué au Sénat. La majorité a adopté 4 amendements qui méritent d'être connus. Quant au gouvernement il a saisi l'occasion de cette chaude atmosphère pour annoncer la mise à mort prochaine de l'Observatoire de la laïcité qui gêne peut-être sa dérive droitière.
"Cordées de la réussite", programmes de parrainage, admissions parallèles : tous ces dispositifs largement promus par le gouvernement son inefficaces. C'est ce que montre la récente étude, implacable, de Cécile Bonneau, Georgia Thébault, Pauline Charousset et Julien Grenet. Invitées au séminaire Liepp de Carlo Barone à Sciences Po, Cécile Bonneau et Georgia Thébault ont pu exposer leur thèse le 16 mars. Les dispositifs d'ouverture n'ont pas atteint leurs objectifs, loin s'en faut. Les grandes écoles accumulent les ségrégations : scolaire, sociale, géographique et de genre. Les écarts de niveau scolaire n'expliquent pas le séparatisme des grandes écoles. Il faut une autre stratégie pour lutter contre un séparatisme social indécent.
Les ouvertures de la Cité scolaire internationale de Marseille et du lycée international de Palaiseau manifestent l'expansion des établissements internationaux préparée par la loi Blanquer. Alors que le ministre pourfend le "séparatisme", il encourage et installe des établissements qui reposent sur le séparatisme social le plus flagrant.
Métier enseignant : Revalorisation : Publication des textes
Le JO du 14 mars publie les décrets sur la prime d'attractivité et l'indemnité des CPE. La prime d'attractivité est versée aux personnels enseignants, CPE et psychologues EN des échelons 2 à 7 à hauteur de 500 à 1400€ bruts annuels. Elle est également versée aux contractuels des indices inférieur à 408 à 591 à hauteur de 400 à 800€ brut annuels. Les CPE, qui ne bénéficient pas de la prime informatique, voient leur indemnité forfaitaire passer de 1199€ à 1450€. Mais l'indemnité est désindexée du point fonction public. Sur cette mesquinerie s'achève la "revalorisation" 2021 qui au final n'aura touché qu'un tiers des enseignants en ce qui concerne la prime d'attractivité. Pour deux enseignants sur trois la revalorisation se limite à 12.50€ par mois.
De nombreux personnels souhaitent quitter l'Education nationale avec une indemnité. Introduites par la loi de transformation de la fonction publique, les ruptures conventionnelles permettent de quitter son emploi dans la fonction publique d'un commun accord avec l'administration. D'un premier bilan présenté en Comité technique ministériel (CTM) le 17 mars, il ressort que près de 300 ruptures ont été signées en 2020, soit un peu plus que les départs volontaires de l'année précédente. Ce sont des enseignants du second degré qui en ont davantage bénéficié.
De quoi faut-il s'étonner le plus ? Du changement de stratégie de la majorité qui adopte au Sénat ce qu'elle a refusé à l'Assemblée ? De l'atmosphère de pièce déjà jouée qui a marqué tout le débat sur la loi Rilhac le 10 mars au Sénat ? Le Sénat a donné le 10 mars une "autorité fonctionnelle" non délimitée aux directeurs d'école avec l'aval du rapporteur LREM, du ministre JM Blanquer et de la majorité de droite du Sénat. La décision met fin à la tradition de collégialité des professeurs des écoles en instituant dans chaque école un chef d'établissement. Mais sans l'appartenance à un corps spécifique, sans la garantie d'emploi, sans les aides nécessaires et sans le salaire afférent...
Après le vote du Sénat, le Snuipp Fsu et le Se-Unsa, les deux premiers syndicats chez les professeurs des écoles marquent leur divergence. Pour G David (Snuipp) c'est un "tournant dans l'histoire de l'école". Pour S Crochet (Se-Unsa) "ce n'est pas un problème".
Que sait-on du bureau du directeur d'école ? Lieu terrifiant pour les élèves c'est aussi un espace que les enseignants ramènent souvent en lieu de passage ou en espace collectif. Autrement dit un espace où se nie l'autorité du directeur d'école. C'est ce que nous explique Cécile Roaux (Laboratoire Cerlis, Université Paris Descartes).
Il était une fois des professeurs qui passaient un concours et finissaient par être titulaires de leur poste. Ce bon vieux temps devient légendaire en Gironde où déjà environ un professeur des écoles sur cinq est invité à passer un entretien d'embauche ou à déguerpir là où il pourra. Cette situation violente, mise en place avec les dédoublements des classes de l'éducation prioritaire, gagne cette année les grandes sections de maternelle.
"En Gironde, les professeurs des écoles invités à repasser un entretien d'embauche". Dans son article, le Café pédagogique montre comment les postes de GS, CP et CE1 de l'éducation prioritaire sont devenus des postes à profil dans ce département, obligeant les enseignants en place à passer devant une commission ou à déguerpir...
Alors que le ministre entreprend la réforme de la formation des enseignants dans les INSPE, il a créé une voie parallèle pour la formation des seuls professeurs des écoles en lycée. Ce "parcours préparatoire au professorat des écoles" (PPPE), voulu par les plus conservateurs de son entourage, ramène la formation des enseignants du premier degré à ce qu'elle était dans les écoles normales d'autrefois. Dans une lettre du 12 février , que le Café pédagogique s'est procurée, JM Blanquer pousse les recteurs à faire connaitre le PPPE et leur donne des moyens pour rétribuer des professeurs de lycée pour qu'ils participent aux PPPE.
Lycée : Des "professeurs référents de groupes d'élèves"
Comment accompagner les lycéens de première et terminale alors que la réforme du lycée a cassé les groupes classes rendant la tâche des professeurs principaux impossible ? Avec une projet de décret présenté le 2 mars, que le Café pédagogique s'est procuré, le ministère envisage d'ajouter aux professeurs principaux des "professeurs référents de groupes d'élèves" chargés de suivre les élèves notamment pour leur orientation. Une réforme qui complexifie encore davantage l'organisation des classes sans pour autant assurer un suivi des élèves équivalent à ce qui existait avant.
Les élèves du hors contrat devront passer des épreuves en présentiel. Une note de service publiée au BO du 11 mars met en application les récents arrêtés pris par le ministère et clarifie notamment le cas des lycéens des établissements hors contrat et des élèves du Cned
"La priorité, c'est de finir l'année dans la meilleure sérénité possible et ça implique pour nous d'annuler le grand oral. Il faut annuler le grand oral cette année... Aujourd'hui, la priorité n'est pas de mettre la pression de l'examen sur les élèves de terminale qui ont déjà eu une année suffisamment compliquée comme ça". Sur France TV Info, Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du Snes fsu, appelle à l'annulation de l'épreuve en raison des fortes inégalités de préparation entre les candidats.
Le Café pédagogique est un média associatif, imaginé et développé par des enseignants.
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