Offensive laïque sur l'Alsace Moselle
"On parle beaucoup de laïcité. Il faut balayer devant sa porte". La formule de Christian Chevalier, secrétaire général du Se -Unsa, résume les revendications portées par un collectif laïque le 5 avril pour obtenir que l'enseignement religieux devienne optionnel en Alsace et en Moselle. Le collectif demande une décision politique.
Le collectif
Ils sont tous là. Depuis quelques mois on n'est plus habitués à une telle unanimité dans le monde éducatif. Dans le collectif laïque réuni le 5 avril, siègent ensemble C Chevalier du Se Unsa, Anne Feray, secrétaire nationale de la Fsu et L Moyano, présidente de la Fcpe. Avec eux Claude Hallé , secrétaire général de Laïcité d'abord et Michel Seelig, président du Cercle Jean Macé de Metz,, à l'initiative du collectif. Leur appel est soutenu par la Ligue de l'enseignement , la Ligue des droits de l'homme, représentés sur place, Jean Baubérot, Henri Pena-Ruiz, Philippe Meirieu, Jean-Louis Auduc et beaucoup d'autres organisations ou personnalités.
Le régime local
Tous veulent obtenir que l'enseignement religieux soit optionnel en Alsace et Moselle et non obligatoire. Suite à l'annexion par l'Allemagne de ces départements en 1871, les lois J Ferry et la loi de 1905 n'ont pas été appliqués en Alsace et Moselle. Après le retour des départements en 1918, trois lois , puis une ordonnance de 1944, ont validé un droit local particulier qui maintient la situation de 1870 dans ces départements. L'enseignement religieux est inscrit à l'emploi du temps des élèves de l'école au lycée à raison d'une heure par semaine. Ils peuvent être dispensés sur la demande de leurs parents et suivre une heure de morale (en plus de l'EMC). L'enseignement religieux est effectué par des enseignants de religion ou des intervenants payés par l'Etat et inspectés par un corps spécial d'inspecteurs. Ces personnes sont choisies par les cultes reconnus : deux cultes protestants, le catholicisme et le judaïsme. L'islam ne bénéficie pas de ce régime.
Un enseignement en déclin
C Chevalier dénonce "la frilosité des politiques alors que cet enseignement se délite". C Hallé souligne aussi que "les parents ont fait leur choix" avec 27% des collégiens qui suivent l'enseignement religieux en Alsace et 20% en Moselle et seulement 13% des lycéens en Alsace et 2% en Moselle. Des chiffres qui oublient que cet enseignement est encore majoritaire à l'école primaire même s'il est en rapide recul.
Séparer savoir et croyance
L'existence de cet enseignement obligatoire prive les élèves d'une heure de cours par semaine, dénonce le collectif, ce qui ne respecte pas le principe d'égalité avec les autres écoliers. D'après le collectif, les rectorats disposent d'un fichier des élèves selon leur religion pour pouvoir organiser l'enseignement ce qui n'est pas admissible. L'enseignement religieux est en contradiction avec la Charte de la laïcité pourtant affichée dans chaque école. Pour A Feray, le statut local brouille aussi les enseignements. Elle demande à ce qu'on "distingue les savoirs enseignés des contenus de l'enseignement religieux".
Le collectif interpelle le gouvernement pour obtenir que l'enseignement religieux devienne optionnel et à ce qu'il soit instauré en dehors de l'horaire dédié aux enseignements.
F Jarraud
Par fjarraud , le mercredi 06 avril 2016.