Un calendrier pour la réforme
Le ministre a annoncé, lundi 1er septembre, le calendrier de la réforme du système éducatif. Estimant que “la situation appelle un vrai débat sur les missions de l’école, missions dont les contours ne sont plus toujours perceptibles, dont le sens se brouille et n’est plus toujours partagé”, Luc Ferry souhaite le mener en deux phases. De la rentrée au printemps 2004, il fera rédiger un diagnostic de la crise de l’école par le Haut conseil de l’évaluation de l’école. Une commission nationale animera le débat national qui se déroulera jusqu’en janvier dans les établissements scolaires, mais aussi dans des réunions publiques locales. A l’issue du débat, le gouvernement déposera un projet de loi d’orientation de l’école, remplaçant celle de 1989. Elle pourrait être votée à l’automne 2004.
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=200391954
Le débat sur l’école bute sur la censure
Drôle de débat ! Après la censure de l’émission TV “Liberté, égalité, scolarité” par un groupe de manifestants le 8 septembre, Le Monde du 13 septembre annonce l’interdiction d’un ouvrage sur l’école rédigé conjointement, sous forme d’un débat, par P. Meirieu et X. Darcos. Selon Le Monde, le premier ministre aurait demandé à X. Darcos de reporter la publication de l’ouvrage. Philippe Meirieu “ne comprend pas l’attitude d’un gouvernement qui promeut un débat et censure un livre”. Du coup, Le Monde publie de larges extraits de l’ouvrage où P. Meirieu évoque la réforme de l’éducation et le malaise enseignant. D’autres extraits paraîtront dans La Vie jeudi.
Ainsi, sur la réforme du collège, P. Meirieu estime nécessaire d’instaurer la bivalence des maîtres : “Pour réussir le collège, je suis partisan d’y réintroduire la polyvalence des enseignants, afin de diminuer progressivement le nombre de professeurs par élève, au moins en 6e et en 5e. La majorité d’entre eux y est aujourd’hui opposée, mais on pourrait proposer systématiquement aux volontaires de se former à une deuxième discipline. Et, progressivement, par un phénomène de tache d’huile, des professeurs enseigneraient, à un bon niveau d’exigence universitaire, plusieurs disciplines”. Celle-ci existe dans les pays qui ont fait le choix d’une école primaire prolongée. P. Meirieu critique également l’orientation précoce souhaitée par L. Ferry : “L’hétérogénéité des niveaux des élèves ne pose jamais vraiment problème aux enseignants. Il n’est pas très difficile de s’occuper de quelques élèves plus lents ou plus en difficulté, s’ils ne perturbent pas le fonctionnement de la classe. Les maîtres de classe unique rurale y font face aisément dans le primaire. Les problèmes les plus graves sont liés à l’hétérogénéité des comportements, quand deux ou trois élèves absorbent 80 % de l’énergie psychique et pédagogique de l’enseignant. Je comprends les difficultés de mes collègues face à ces situations, mais je me refuse à ce que les empêcheurs de tourner en rond soient progressivement écartés, par un système de déversoirs successifs, vers des classes qui les prennent en charge d’une manière définitive… sans aucune possibilité de rémission, sans droit au retour…. Ne soyons pas dupes : quand on enlève le dernier wagon, il y a toujours un dernier wagon…” Une autre critique concerne le retour à l’autorité souhaité par Luc Ferry : ” La crise de l’autorité dans notre société n’est pas simplement le fruit de la démission des adultes en général et des enseignants en particulier… Elle est un phénomène plus général. C’est le corollaire de la fin de toute théocratie : il n’y a plus d’idéologie qui s’impose à tous, ni dans le Ciel ni dans le Parti… Trop d’enseignants, légitimement sensibles à l’amour de leur discipline, vivent son refus ou son rejet par leurs élèves comme une blessure personnelle. Ils ont alors tendance à se durcir, voire à croire que l’autoritarisme et les sanctions sont les seuls remèdes. En les y encourageant, le gouvernement actuel les mène à l’échec. Il faudrait, au contraire, leur faire entendre quelles sont les exigences spécifiques de l’école.” Sur la décentralisation, P. Meirieu plaide plutôt pour un centralisme des objectifs et une autonomie des établissements : ” Pour moi, il y a dans la décentralisation telle qu’elle a été présentée une forme de régression par rapport à une autonomie régulée des établissements. Le risque est très grand qu’au lieu de rapprocher le service du public, elle rende plus confus et encore moins lisibles les services, multiplie les interlocuteurs et pénalise ceux et celles qui ne savent pas se débrouiller dans la jungle des administrations…. Aujourd’hui, nous sommes centralisateurs et autoritaires sur les procédures et totalement libéraux sur les objectifs. C’est évidemment l’inverse qu’il faut faire : être très ferme sur les objectifs et décentralisateur sur les méthodes.”
Dans l’optique d’un réel débat d’opinion sur l’école, il est regrettable de ne pas disposer des réponses de X. Darcos à ces critiques. La commission sensée diriger le grand débat est nommée ce lundi. Elle mesure déjà l’étroitesse de sa mission.
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226–333845-,00.html
http://medias.lemonde.fr/medias/divers_obj/meirieu-extraits.rtf
Pour un débat sur l’école
Issu de “l’appel pour un débat national sur le collège unique”, ce site propose les comptes-rendus de la conférence du 4 juin ainsi que des contributions.
http://www.collegeunique.org/
La commission Thélot mise en place
“Nous abordons un tournant historique pour l’école”. Pour Claude Thélot “Il faut remonter à 1902 pour trouver une date où les Français ont eu à réfléchir sur les transformations fondamentales de leur système éducatif”. Le nouveau président de la Commission du débat national sur l’avenir de l’école, mise en place le 15 septembre, dirige un groupe d’une soixantaine de membres. Si le débat sur l’école doit être “l’affaire de tous”, elle est particulièrement celle des philosophes très nombreux dans la commission. On remarque aussi les absents… La commission dispose déjà d’un site Internet tout juste doté pour le moment d’une adresse de courriel. Un peu juste pour y faire débatrre les visiteurs.
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226–334116-,00.html
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226–334108-,00.html
http://www.debatnational.education.fr/
Une commission accueillie avec scepticisme
Les médias rendent compte avec scepticisme de la mise en place de la commission Thélot chargée de mener le grand débat sur l’école. Dans Le Monde, Luc Bronner souligne le manque de spécialistes dans la commission et évoque la longue liste des pédagogues écartés. Pour Luc Bronner, ” l’animateur de télévision Jean-Luc Delarue n’a pas été retenu non plus” : il semble que son nom ait été évoqué par le premier ministre cet été. Dans Libération, Emmanuel Davidenkoff la commission pourrait être plus “explosive” que prévu, Claude Thélot ayant l’intention de débattre des moyens financiers de l’éducation.
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226–334165-,00.html
http://www.liberation.fr/page.php?Article=136938
Autorité rime avec redoubler
Le ministre a tracé à grands traits ses conceptions éducatives lors de la réunion de rentrée. Il appelle à un déplacement en fin de cycle des évaluations. nationales ” Une telle évolution en matière d’évaluation permettrait d’aborder sur de nouvelles bases la question du redoublement, de formuler plus explicitement les compétences exigibles des élèves en fin de cycle, de réfléchir à la façon de mettre en place en temps utile les procédures pédagogiques nécessaires et de fonder les éventuels redoublements sur un projet pédagogique adapté”. Le ministre souhaite un suivi des “bonnes pratiques” : des “observatoires académiques des programmes et des enseignements” permettront leur diffusion.
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=200391954
Les dispositifs transversaux menacés
Avant la publication du diagnostic sur l’école, Luc Ferry remet en question TPE, IDD, PPCP, mais aussi modules et aide individualisée. “Les professeurs constatent à l’expérience que ces dispositifs, quand ils sont institués sans prise en compte suffisante du contexte ou de façon trop rigide et systématique, ne permettent pas d’atteindre les résultats escomptés. Il ne s’agit pas de revenir sur l’existence même de ces dispositifs qui ont permis l’initiative pédagogique et dont de nombreux élèves ont pu profiter. Néanmoins, il ne faut pas confondre un dispositif avec son objet : la finalité est bien que les élèves s’approprient plus efficacement les contenus des programmes et qu’ils acquièrent de bonnes méthodes de travail. Ainsi, selon les lieux et les besoins des élèves, la marge de choix des équipes pédagogiques concernant la mise en place de ces dispositifs pourrait être accrue, par exemple par leur rapprochement (TPE et ECJS) ou par le passage de l’un à l’autre (des IDD à l’aide individualisée aux élèves)”. Dans une interview accordée à Libération, il dit clairement que “les IDD doivent à mes yeux devenir facultatifs”. Ces dispositifs ont permis d’adapter l’école à des jeunes hétérogènes et de recentrer la pédagogie sur leurs besoins.
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=200391954
http://www.liberation.fr/page.php?Article=134081
Au secours Dany, Maigret occupe la Sorbonne !
Pour France 2, ce devait être le premier grand débat public sur l’école dans la perspective de la réforme de la loi d’orientation sur l’enseignement. Ce fut plutôt un tour d’échauffement. Sans surprise, Luc Ferry reprend les thèmes de sa “Lettre” : rétablissement de l’autorité professorale et orientation précoce. Il multiplie les gestes vers les enseignants les plus conservateurs : défense du redoublement, sensé résoudre les difficultés de lecture, et des conseils de discipline d’antan où les enseignants faisaient la loi. Il réaffirme son souhait de rendre bientôt facultatifs les itinéraires de découverte des collèges, les établissements pouvant disposer des moyens horaires afférents pour renforcer les cours disciplinaires. L’école de demain c’est celle de ses souvenirs d’écolier, évoqués avec une certaine nostalgie. “Nous n’étions pas comme cela” dit le ministre qui ne se reconnaît pas dans les collégiens d’aujourd’hui. Arrivé sur le tard, Jack Lang plaide pour les IDD et une école qui “tirerait vers le haut le système”. Pour être fidèle aux clichés, il fallait que l’émission soit perturbée par des enseignants. Les téléspectateurs ont vu le ministre disparaître brutalement l’écran : selon l’AFP, des enseignants auraient saboté l’installation électrique de France 2. Symboliquement c’est la police avec un téléfilm de la série du commissaire Maigret, qui met fin pendant un quart d’heure au désordre en Sorbonne. Puis le débat reprend, encore une fois, sans donner la parole aux pédagogues et, pourquoi pas, aux élèves.
http://infos.aol.fr/info/ADepeche?id=194489&cat_id=1
La FCPE condamne l’école à deux vitesses
” Luc Ferry a tenu des propos démagogiques à l’égard des enseignants et exposé sa vision rétrograde et réactionnaire de l’éducation, qui va dans le sens du poil des enseignants, en jouant l’exclusion des parents” Pour Georges Dupon-Lahitte, président de la FCPE, ” son projet de rendre les itinéraires de découverte facultatifs introduit encore plus une notion d’école à deux vitesses”. La fédération de parents d’élèves entend lutter pour maintenir l’enfant au centre du système scolaire. De son côté, le ministre a annoncé que la commission nationale de débat sur l’école sera nommée le 15 septembre.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_030909135300.f69mtljp.html
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_030909181310.g2gahzat.html
Le CRAP prend position
” Enseigner est certes un art, mais aussi un métier qui s’apprend… et qui se pratique en équipe, dans une dimension collective qui apparaît peu actuellement. Le ministère parle beaucoup de ” retour à l’autorité “. Mais celui-ci est en fait illusoire. L’autorité de l’enseignant doit s’appuyer sur la responsabilisation des élèves, donc sur leur implication dans la vie de la classe et de l’établissement. Le ” rappel à l’ordre ” ne pourra être efficace sans cela, et sans le travail solidaire de tous les acteurs de l’établissement”. Le CRAP estime qu’on peut réviser la loi d’orientation de 1989 mais que “son esprit doit être sauvegardé”. L’école est faite pour les élèves.
http://www.cahiers-pedagogiques.com
Pour des débats locaux
La FCPE, la Ligue de l’enseignement et Education & Devenir appellent à multiplier les débats locaux et ouverts dans chaque département sur l’avenir de l’école. Pour ces associations, il s’agit ” de donner un élan à la construction d’une Ecole démocratique qui, des classes de maternelle à l’université, soit tournée vers la réussite de chaque jeune”.
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=305
Claude Allègre et le débat sur l’éducation
“Contrairement à une opinion répandue, l’enseignement français (jusqu’à la fin du collège) n’est pas le meilleur du monde, loin s’en faut… L’enseignement français est socialement l’un des plus injustes. C’est l’un de ceux qui permettent la moins bonne promotion des élèves issus des classes modestes, l’un de ceux pour lesquels l’aide de l’Etat contribue le moins à la redistribution sociale et à la promotion des classes sociales défavorisées. C’est un enseignement pour privilégiés”. Ces fortes affirmations de l’ancien ministre dans L’Express s’appuient sur les résultats des enquêtes internationales, comme PISA. Celle-ci mettait au même niveau les systèmes éducatifs français et américains par exemple. Pour C. Allègre, le remède est vite trouvé : “L’une des principales causes de cette dégradation est l’importance exagérée d’un syndicalisme corporatiste morcelé, plus préoccupé du quantitatif que du qualitatif et qui, par un effet d’écran, empêche que s’exprime le désir d’évolution, d’amélioration et de proposition de la majorité du corps enseignant”.
http://www.lexpress.fr/express/info/france/dossier/educationnation/dossier.asp?ida=402735
La pédagogie exclue du débat sur l’école ?
C’est la question qui vient aux lèvres à la lecture des résultats du sondage réalisé par la Sofres et publié par Ouest-France. Les inquiétudes des parents envers l’école se portent d’abord sur la sécurité (un parent sur deux). Seulement 9% souhaiteraient un renouvellement des méthodes pédagogiques et 6% l’apprentissage des langues vivantes. Les attentes des parents portent sur l’apprentissage de la vie en société et la préparation à la vie professionnelle, bien avant l’acquisition d’une bonne culture générale.
http://www.ouest-france.fr/ofinfosgene.asp?idDOC=93563&idCLA=3636