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Quelle efficacité pour l’Ecole rurale ?

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Esnon

Pendant longtemps, on a dit qu’elle faisait moins bien : moins d’émulation, moins de sollicitation, moins de ressources culturelles, matérielles… Pendant longtemps, les efforts ont tendu à rompre l’isolement. Les années 70 ont connu, dans nombre de départements, le temps des  » regroupements pédagogiques « . Concentrés au village-bourg ou dispersés en continuant à faire fonctionner les antiques classes de village, les regroupements ont souvent été pour les enseignants et les maires un bon moyen de préserver l’essentiel : une école dans chaque village, mais des cours moins hétérogènes. Parfois, le prix a payer a été pour les élèves, trimballés dans les cars quatre fois par jour (on n’avait pas forcément envie de payer la cantine) dès la maternelle.


Avec les années 80 est venu le temps des calculettes : quelle efficience avaient ces moyens dispersés sur le territoire ? Le rapport Mauger, en 1990, jette un pavé dans la mare en proposant de fermer toutes les structures à moins de 3 classes. Mais le rapport suscite surtout l’organisation de multiples collectifs, débats, structures… En 1993, un moratoire prévoit qu’aucune école rurale ne pourra fermer sans l’accord du maire, et en 1995 les collectivités sont progressivement associées aux pilotage de la carte scolaire, parfois en faisant faire la grimace aux syndicats… En 1997, une décision de Séolgène Royal instaure les Comités Locaux d’Education, composés de l’inspecteur d’académie, des maires, du député, du conseiller général, des parents d’élèves, des directeurs d’écoles et des enseignants. Mais ces comités  » consultatifs et informels  » ne sont généralement pas mis en place : personne n’est à l’époque prêt à jouer le jeu du dialogue social entre  » partenaires « …

En 1998, le rapport Lebossé se préoccupe d’organiser une réflexion cohérente sur le maillage territorial de l’action éducative. Mais en 1999, le moratoire sur les fermetures d’écoles rurales est levé.

Désormais, les inspecteurs d’académie tentent désormais de négocier sur le terrain en cherchant à convaincre les élus et les enseignants de construire des  » pôles ruraux  » pour développer les équipements et les conditions d’accueil des plus jeunes enfants.


Mais quels sont réellement les résultats des élèves ?
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Venizy

La première enquête sur la question, par la DEP en 1990, constitue une vraie surprise que vont colporter à l’envi les défenseurs de l’école rurale : les élèves des classes à plusieurs niveaux, et singulièrement des classes uniques, réussissent au moins aussi bien que les autres !

L’observatoire de l’Ecole rurale rend également des résultats favorables pour les élèves scolarisés en « zone de montagne ». (voir notamment les résultats présentés par Pierre Champollion à http://ecoledeproximite.free.fr/PChampollionSept06.pdf)

Mais le consensus vient d’être remis en cause par une étude récente de l’IREDU qui observe la variable des classes à plusieurs niveaux (et non les classes rurales/urbaines – voir http://www.u-bourgogne.fr/upload/site_120/publications/[…] )

Cette étude laisse entendre au contraire que dans les écoles suivies par ses chercheurs, c’est dans les classes à un cours que se trouvent les meilleurs résultats.


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Chailley

Au delà du débat qui reste sans doute largement à approfondir, c’est sans doute le signe, une fois de plus, qu’il est extrêmement difficile de dégager les causes de l’efficacité pédagogique dans les multiples variables : motivation, voire militantisme de l’enseignant qui accepte de rester travailler dans une zone isolée, équilibre social et familial, respect des rythmes physiologiques de l’enfant, modalités pédagogiques spécifiques, influence du tutorat, du nombre d’élèves de la classe se combinent. Mais il ne faut pas pour autant passer sous silence le difficile accès aux équipements culturels, le manque de sollicitation ou d’émulation, la routine, la solitude de l’enseignant, voire le risque que peut constituer le fait de passer plusieurs années avec le même maître…. Lorsque tout va bien, c’est extraordinaire, mais quand le courant ne passe pas…


Patrick Picard – publication le 01-12-2006

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