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Le lycée Lurcat à Paris Photo CP

« Reconnaître vraiment l’EPLE comme un espace autonome de l’action pédagogique. Respecter le principe de spécialité de l’EPLE. Organiser les services académiques dans une perspective de service effectif aux établissements. Aider les EPLE à mieux s’organiser pour assurer de manière plus efficace leurs tâches pédagogiques et administratives ». Quelques jours après l’accord conclu entre le ministère et les chefs d’établissement, l’Inspection générale, sous les plumes de Jean-Paul Delahaye et François Louis, publie un rapport sur l’EPLE (l’établissement public local d’enseignement) et ses missions ».

C’est que pour l’Inspection « il apparaît temps de clarifier ce que sont les missions de l’EPLE… Le sentiment général est que les EPLE ont perdu la lisibilité de ce qui leur est demandé. L’empilement des réformes et des consignes a parfois ébranlé les convictions. Les chefs d’établissement considèrent en outre que la multiplicité des tâches qui s’accumulent sur les EPLE et sur leurs directions les éloigne des missions de base : la transmission des connaissances, l’éducation et la formation des futurs citoyens, ainsi que l’orientation, l’insertion et la préparation à la vie professionnelle, qui constituent en réalité une mission unique, la mission d’enseignement au sens large du terme. ».

Le rôle social et éducatif de l’école prend parfois le pas sur l’enseignement. Mais les inspecteurs ont aussi entendu la voix des chefs d’établissement qui se plaignent de « harcèlement administratif ».

Aussi leurs recommandations concernent-elles les modalités de travail des chefs d’établissement et la redéfinition des fonctions de leurs subordonnés.

 » Il paraît tout d’abord souhaitable d’instituer auprès du secrétaire général du ministère et auprès des recteurs dans les services académiques une fonction de « filtre » destinée à réduire le nombre de circulaires adressées chaque année aux EPLE. Les personnes chargées de cette fonction pourraient veiller aussi à réduire le nombre des enquêtes ». Venant du ministère la formule mérite d’être soulignée. L’Inspection demande également de mieux hiérarchiser les sollicitations liées aux enseignements, par exemple les innombrables actions éducatives. Ils souhaitent aussi simplifier la gestion comptable des établissements ou améliorer leur secrétariat.

Les autres recommandations concernent les différents acteurs de l’établissement. Et d’abord le CPE.  » Le CPE ne fait certes pas partie des personnels de direction au sens strict ; pour autant il est, de facto, un membre de l’équipe de direction élargie… Le CPE est, d’autre part, un élément de la chaîne hiérarchique entre le chef d’établissement et les personnels éducatifs ; il est devenu un personnel d’encadrement au sein de l’établissement, et, de ce fait, il est naturellement et obligatoirement membre à part entière de l’équipe de direction élargie du collège ou du lycée… Ce rôle majeur de chef direct des personnels éducatifs, comme de conseil du chef d’établissement sur les questions éducatives, doit être conforté ».

L’Inspection critique la multiplication des statuts du personnel de surveillance. « Les services académiques souhaiteraient que, dans le cadre du programme budgétaire « vie de l’élève », on s’attache vraiment à retrouver le fil conducteur qui avait inspiré, il y a à peine quatre ans, la création des « assistants d’éducation » et que les faits, depuis, ont totalement perdu de vue : simplifier, précisément, le statut des personnels assurant les tâches d’encadrement des élèves dans les EPLE ». Ces statuts avaient été changés pour faire de menues économies sur ces personnels. Ce que ne dit pas le rapport, ce sont maintenant les difficultés de recruter des surveillants tant la paye et la sécurité de l’emploi ne sont pas à la hauteur des efforts et des connaissances demandées.

Enfin les rapporteurs souhaiteraient voir évoluer les missions des enseignants. L’Inspection souhaite qu’un texte inclue dans ces missions  » la connaissance effective de l’EPLE comme lieu d’identification professionnelle,… l’approche des connaissances et compétences des élèves telle qu’elle est envisagée par le socle commun ; l’usage des TICE ; l’évolution du contexte social depuis une dizaine d’années et des attentes à l’égard de l’école ». L’implication dans le conseil pédagogique serait également prise en compte.

Toucher à l’Eple c’est évidemment toucher au cœur même du système éducatif. Le plus surprenant dans ce rapport c’est la faible place faite aux acteurs locaux, alors qu’ils sont devenus des interlocuteurs quotidiens des chefs d’établissement. L’avenir des établissements est pourtant dans cette problématique.