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Par François Jarraud

« Pour parvenir à la parité entre sexes, il faut que toute la société participe à la remise en question des normes qui permettent que l’on dévalorise les filles et les femmes et que l’on nie leurs droits« 

Pour la directrice de l’Unicef, la parité n’est pas affaire que de justice. « Les sociétés où filles et garçons ont reçu une éducation », dit-elle, « créent un environnement propice au développement économique ». Mais l’organisation rappelle que dans le monde, seulement 43% des filles sont scolarisées dans le secondaire. 130 millions de femmes ont été victimes de mutilations génitales. 150 millions de jeunes filles ont fait l’expérience de relations sexuelles forcées. Une femme sur trois est en couple avant l’âge de 18 ans.

La question de la parité ne concerne pas que les pays en voie de développement. A l’occasion de la journée du 8 mars, le ministère de l’éducation nationale publie une brochure sur la parité dans le sytème éducatif français. Elle met en évidence la sélection par le genre dans nombre de filières. Ainsi on compte 70% de filles en bep tertiaire mais 13% en Bep de la production. 9% de filles en terminale STI, 45% en S mais 81% en L. Si les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons, si 68% des filles obtiennet le bac contre 57% des garçons, elles n’en tirent pas le même profit. On trouve une majorité de filles dans les études paramédicales, le social, le journalisme et une minorité en formation d ‘ingénieurs, en IUT et en Cpge.

On mesure ainsi le poids des représentations sociales dans l’orientation des jeunes filles. La différence apparaît très tôt. Dès le Ce2 les filles ont de meillleurs résultats que les garçons en français et le contraire en maths. Le caractère social du phénomène est attesté par ses fortes variations géographiques. Comment expliquer sinon que le pourcentage de filles en terminales scientifiques baisse de 30% de Paris à Rouen ?

Comment lutter contre ces représentations ? Il appartient bien sûr aux familles elles-mêmes de veiller à leurs exigences. Mais c’est aussil’affaire de l’Ecole. Or peu de disciplines ont réellement pris en compte cette dimension. Signalons une exception : l’EPS. Evidemment les capacités physiques des garçons et des filles ne sont pas identiques. Mais la thèse de Cécile Vigneron montre comment les pratiques des enseignants favorisent les garçons. Par exemple, dans les apprentissages l’accent est mis toujours sur l’attaque, les apprentissages techniques sont relégués, les filles confinées sur le terrain dans des espaces périphériques, le rôle des défenseurs dévalorisé etc. Cette autocritique de l’Eps montre que cette discipline comence à prendre en charge le problème et, par exemple, chosit les épreuves d’examen en écartant celles qui favorisent un genre. Malheureusement l’Eps n’est pas la discipline où la parité souffre le plus dans notre système éducatif…

Communiqué Unicef

→ Thèse Vigneron

Document ministère