Print Friendly, PDF & Email

Par François Jarraud

François JarraudA quelques jours des élections européennes, le sujet semble laisser indifférents les Français. Pourtant une bonne partie des décisions qui concernent notre présent et notre avenir se prennent à Bruxelles. La majorité des lois françaises ne font qu’appliquer des accords européens. On a même vu récemment, à propos de la loi Hadopi, que l’Europe pouvait apparaître comme un recours contre la législation française.

Mais s’agit-il vraiment de désintérêt ? Ne s’agit-il pas plutôt de réticence ? Plusieurs indices plaident en ce sens. Politiquement l’obstination à contourner le referendum de 2005 plutôt qu’à chercher à faire évoluer l’opinion, ne peut que dresser les démocrates contre l’idée européenne. Ce ne serait pas la première fois que des politiques sacrifieraient les principes à l’efficacité. L’Histoire montre que celle-ci est souvent toute temporaire même si elle peut excéder un mandat…

Un autre indice concerne les seuls enseignants. Dans un remarquable article, Nicole Allieu-Mary nous montre qu’enseigner l’Europe est difficile pour les professeurs. C’est enseigner quelque chose qui fait débat dans la société. Par suite cela interfère beaucoup avec leur style d’enseignement et leur conception du métier.

L’Ecole française va-t-elle se fondre dans une Ecole européenne ? Si l’Europe impulse des projets pédagogiques jusque dans nos classes, est-elle à même de changer l’Ecole, voire d’unifier les écoles européennes ? Car le diagnostic, dressé de façon remarquable par un numéro de la Revue de Sèvres, c’est la diversité des systèmes éducatifs et surtout des façons de faire classe. Et derrière cela des conceptions bien différentes de ce qu’est l’enfant et de ce à quoi sert l’Ecole d’un pays européen à un autre. Ainsi si toutes les écoles recherchent l’égalité, celle-ci n’est pas définie de façon identique à Londres et à Paris.

Si l’uniformisation des conceptions paraît bien lointaine, celle des objectifs et des standards semble en route. L’Europe y joue un rôle en demandant aux états, qui restent souverains en ce domaine, puisque l’éducation scolaire n’est pas une prérogative européenne, d’atteindre certains objectifs. Mais sur ce sujet, la réflexion est-elle propre à l’Europe ? D’autres acteurs ont leurs mots à dire, à commencer par l’OCDE.

Entre nation et mondialisation, l’Europe s’essouffle à se faire entendre. Son venir dépendra vraiment de la volonté des Européens de lui rendre des voix…