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Par Françoise Solliec

Deux ans après l’adoption du schéma régional de la formation initiale et continue tout au long de la vie, quel premier bilan peut-on tirer des actions engagées ? Quelles pistes de travail à privilégier ? Une série de 8 rencontres, organisées dans le cadre de la seconde édition des états généraux des formations, ont permis aux élus et aux services de la région de poser ces questions à leurs partenaires et à tous les franciliens.

Des rencontres largement ouvertes

Comme il s’y était engagé dans le schéma régional de la formation tout au long de la vie, le président Jean-Paul Huchon a convié tous les acteurs de la formation (membres de l’éducation nationale, des branches professionnelles, partenaires sociaux, collectivités locales, etc.) aux seconds états généraux des formations, pour un suivi participatif des actions inscrites dans ce schéma et pour tracer, en ces temps de crise, de nouvelles pistes pour la réussite, l’insertion et la sécurisation des parcours professionnels des franciliens.

Du 15 mai au 12 juin, les rencontres , largement ouvertes, ont permis de balayer les grandes thématiques inscrites dans le schéma régional des formations : offrir un dispositif performant d’accueil, d’information et d’orientation ; assurer l’accès de tous à une formation qualifiante, en luttant contre le décrochage et en permettant à chacun de poursuivre le plus loin possible en formation initiale ; assurer une formation tout au long de la vie de qualité, en prise avec les évolutions des métiers ; renforcer les partenariats avec le monde professionnel et socio-économique. Dans les échanges et les présentations, les rencontres ont ancré ces problématiques dans le concret, ont fait apparaître de nombreux points positifs et des besoins encore à couvrir.

Les vidéos tournées à l’occasion de ces rencontres sont disponibles sur le site de la région.

Le forum, un moyen d’expression ouvert à tous

Parallèlement aux rencontres, un forum d’expression générale a été ouvert.

Malgré sa spécificité, le forum a suscité une participation importante, 112 messages ont été publiés, concernant 22 sujets.

Les principales questions abordées par les internautes ont porté sur

Choisir sa formation, choisir son métier

Les jeunes sont-ils bien informés sur les dispositifs et les aides ?

Comment s’y retrouver parmi les structures : mission locales, CIDJ, Pôle emploi ?

Où se renseigner sur les filières qui embauchent ?

La mission locale peut elle vraiment aider à trouver un emploi ?

Les filières professionnelles sont elle suffisamment valorisées dans le milieu scolaire ?

Qualifier pour insérer

Apprentissage : les entreprises jouent-elles le jeu ?

La filière sanitaire et sociale : filière d’avenir en temps de crise ?

Les salariés sans emploi sont-ils bien informés sur les dispositifs existants ?

La formation est elle une garantie pour retrouver un emploi ?

La formation, une réponse à la crise ?

Les salariés et les chefs d’entreprises sont-ils bien informés sur le droit à la formation ?

Le rythme des formations est il suffisamment adapté au mode de vie des salariés (à envisager : développement des cours du soir, de l’E-Learning)

Est-il aujourd’hui plus facile de changer de filière professionnelle ?

Quels sont les outils et dispositifs d’accompagnement ?

Nouvelles compétences, nouveaux métiers

Quelles nouvelles filières / nouveaux métiers vont-ils se développer ?

Les filières d’apprentissage sont elles bien adaptées aux nouveaux besoin des entreprises ?

Les formateurs et les professeurs ont-ils le temps d’acquérir ces nouvelles connaissances ?

Le développement durable est il vraiment une filière d’avenir ?

La journée de synthèse du 29 juin

La journée de synthèse du 29 juin a été l’occasion de donner la parole à l’équipe régionale porteuse du schéma des formations, le président Jean-Paul Huchon et 4 de ses vice-présidents, Francine Bavay, chargée du développement social , de l’économie sociale et solidaire, de la santé et du handicap, Daniel Brunel, chargé de la formation professionnelle, du développement économique et de l’emploi, Elisabeth Gourévitch, chargée des lycées et des politiques éducatives et Marc Lipinski chargé de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation scientifique et technique ainsi qu’à leurs partenaires, représentants de l’éducation nationale, des entreprises, des syndicats ou d’autres institutions, notamment le conseil économique et social.

Des échanges de cette journée, suivie par une nombreuse assistance, on retendra quelques constats forts et pistes d’action, qui devraient se concrétiser dans les mois à venir.

Le chômage des jeunes a crû de 20% et le taux d’employabilité des seniors est l’un des plus bas d’Europe. Le pacte social de l’après-guerre est en train de se déliter. Les enfants ne sont plus sûrs d’occuper une position sociale plus élevée que leurs parents.

Dans ces conditions, la formation est un investissement. C’est sans doute aussi une réponse à une crise systémique qui touche particulièrement les jeunes. Le niveau des jeunes franciliens n’a jamais été aussi élevé, mais c’est une nécessité pour les métiers de demain et pour des adultes qui en exerceront plusieurs dans leur vie. Le contenu des formations doit faire place à l’innovation, que ce soit pour répondre aux évolutions des aspirations de la société (une agriculture moins industrielle, des constructions prenant davantage en compte les principes du développement durable) ou des technologies.

Les nombreuses initiatives en matière d’accueil d’information et d’orientation doivent être poursuivies et mieux coordonnées. « Il faut vraiment essayer de simplifier le langage et le foisonnement des organismes pour que les jeunes et leurs parents s’y retrouvent mieux » déclare Jean-Paul Huchon. Le site lesmetiers.net a vocation à devenir le site régional de référence pour toute question d’orientation tout au long de la vie.

Les actions pour assurer le tryptique élévation du niveau de qualification, maîtrise des technologies de l’information, maîtrise des langues, seront poursuivies. La lutte contre le décrochage doit s’intensifier et concerner les premières années à l’université. La mise en place des ENT, la distribution de clés USB, le développement et la maintenance des outils informatiques (tableaux interactifs notamment) dans les établissements permettront à tous les élèves et les apprentis d’acquérir les bases d’une culture numérique. Pour la maîtrise des langues, des programmes d’aide et à la mobilité internationale et des actions de soutien linguistique sont mises en place.

L’apprentissage est désormais une voie de réussite incontestable, grâce à laquelle les entreprises peuvent disposer de personnel plus qualifié et plus fidélisé. Il faut cependant réfléchir à des modalités d’aide aux petites entreprises pour leur recrutement d’apprentis, car c’est un investissement qui n’est pas immédiatement rentable.

L’accord national interprofessionnel sur le développement de la formation tout au long de la vie professionnelle, la professionnalisation et la sécurisation des parcours professionnels conclu le 7 janvier 2009 prévoit la création d’un fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels et d’un observatoire d’évaluation des formations. Dans ce même esprit, la convention signée le 16 avril entre l’Etat, le conseil régional Ile-de-France et les partenaires sociaux régionaux marque notamment la volonté des signataires « de mobiliser tous les leviers dont ils disposent au titre des politiques d’emploi et de formation professionnelle, en accordant la priorité au maintien en emploi des salariés et à l’élévation de leurs qualifications. Ils prolongent et amplifient ainsi des expériences partenariales réussies à l’occasion de plusieurs opérations de soutien aux salariés d’entreprises en difficulté (Rioglass, JDC, LSG Gate Gourmet) ».

Mais il faut encore développer davantage les partenariats. Ainsi, le contrat d’objectifs et de moyens sur l’apprentissage va évoluer et un partenariat Etat région sur l’emploi des jeunes sera proposé au haut commissariat à la jeunesse. Des écoles de la 2ème chance doivent s’ouvrir dans les départements qui n’en ont pas encore, avec un fort soutien des branches professionnelles. Il est néanmoins regrettable que, dans cette situation de crise qui appelle à davantage de solidarités, les perspectives offertes par l’Etat en matière d’emplois soient si peu satisfaisantes.