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« promouvoir à nouveau la culture de l’enseignement »
remeryPour D. Ottavi, l’obsession du reour à l’ordre est sans doute la conséquence d’un certain « retour du refoulé » qu’on a un peu laissé grandir. « Dans les années passées, on a parfois laissé entendre que l’ordre scolaire venait naturellement de la mise en place de la « bonne pédagogie », sans mesurer en quoi la montée de ces problèmes imposait de les prendre en compte, sans pour autant tomber dans les excès de la « leçon de tenue de classe ».
Selon elle, on paie peut être l’occulation d’un patrimoine articulé à l’enseignement, subit une contradiction entre un héritage des idées nouvelles qui amenaient à « rejeter l’autorité » avec la montée de la violence scolaire. Dans les « conditions de l’Education », Marcel Gauchet fait le constat que la question de l’autorité « ne se pose plus ».
« Quel était cet acquis historique, que j’appelle « culture de l’enseignement », « qui ne se confond pas avec la philosophie républicaine de l’Ecole ? » La « discipline scolaire » est un pan de la philosophie scolaire qui était certes plus développé pour le primaire, mais valable aussi pour le secondaire. « Définir ce qu’est une classe (un ensemble qui permet des acquis), à ne pas confondre l’émulation et la concurrence, à une époque où on parle de mérite et d’excellence, ne me semble pas superfu. »

Elle appelle à dépasser l’opposition entre les pédagogies « modernes » et les pédagogiques « traditionnelles ». Cousinet, qu’on ne peut pas considérer comme un traditionnel, critiquait l’organisation scolaire, mais pensait tout comme Octave Gréard la dynamique qui peut survenir quand on met les enfants ensemble.
remery« L’objectif me semble dont être de donner davantage des outils pour penser que des trucs pour agir ». Pour théoriser la pratique, on ne peut pas faire beaucoup mieux. « La pratique de la classe est toujours individuelle : à un moment, ce sont toujours des individus enseignants qui sont l’incarnation de la vérité ultime, c’est à dire une position inconfortable. C’est pourquoi je pense que l’intérêt de la culture commune des enseignants peut être utile lorsque les gens sont en mesure de se les réapproprier, de les dicuter, de les faire vivre. »
remerySi un jour on remet en route une véritable formation professionnelle des enseignants, ce serait sans doute un appui : un patrimoine de mots et d’expérience pour que nos échecs se transforment en expérience. « C’est quand l’échec est inutile qu’on ne le supporte plus. Pus que le charisme personnel, c’est un outil au service de l’analyse du présent, et de la dédramatisation de la relation pédagogique. »

Ceci dit, l’augmentation de la violence dans l’institution, que constate l’intervenante tout en reconnaissante en être encore préservée dans l’enseignement supérieur, ne lui semble pas se résumer à une nouvelle forme de chahut ou de bande. le lieu école n’est plus un lieu émancipateur. « C’est dramatique, il faut en prendre conscience, même si on ne peut pas le modifier ». L’Ecole est le théâtre des évolutions d’une société ou le savoir n’est pas valorisé pour lui-même…

« Restons observateurs », conclut l’intervenante. Observateurs, ou acteurs ? Belle controverse pour le jury…