Print Friendly, PDF & Email

Par François Jarraud

Il y avait la mère de famille de Sceaux qui s’inquiétait du maintien du niveau des études au lycée Lakanal. Il y avait aussi la dame de Saint-Denis qui souhaitait davantage d’égalité et de moyens pédagogiques pour le lycée Louise Michel. Et plus d’une centaine de personnes : parents, enseignants, chefs d’établissement, cadres éducatifs, élus locaux et régionaux, syndicalistes. Des citoyens venus discuter avec Henriette Zoughebi, vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France en charge des lycées et Ariane Azéma, directrice des lycées, du programme d’investissement des lycées pour la décennie 2012-2022. Et tout a été déballé…

Organisée au lycée Buffon à Paris, la réunion de restitution des consultations sur le programme d’investissement des lycées, a réuni le 15 novembre plus d’ une centaine de personnes. Elle faisait suite à douze réunions, tenues en 2010 et 2011 dans des lycées des différents départements de la région Ile-de-France. Pour Henriette Zoughebi, vice-présidente de la région en charge des lycées, ces réunions avaient déjà permis d’ entendre près de 600 personnes (parents, professeurs, élus) évoquer leurs besoins et leurs difficultés. Ces 12 réunions sont synthétisées dans un clip vidéo qui fait remonter ces demandes.

Reviennent ainsi les demandes d’installations sportives, les questions de transport qui perturbent la vie des lycées de banlieue, les retombées de ces problèmes sur la fréquentation des cantines, le besoin de lieux de vie, les lycées qui explosent depuis la suppression de la carte scolaire, ceux qui se vident, les orientations contraintes en L.P., la demande de classes post bac dans les lycées de banlieue etc. Peu de surprise dans la salle qui retrouve les propos tenus dans les réunions. C’est l’occasion de porter ses demandes directement aux élus et aux responsables académiques (directeur de l’académie de Paris, inspecteurs académiques) qui sont aussi présents.

Et il y a à dire parce que la disparition de la carte scolaire a aggravé les déséquilibres dans une région déjà aux oppositions marquées. « La région s’interroge sur les moyens que l’éducation nationale met en matière de personnel et de matériel pour lutter contre ces inégalités », explique H Zoughebi. « Nous allons ouvrir le débat avec l’Etat sur la sectorisation et sur les critères d’affectation dans les établissements afin de défendre la mixité sociale et scolaire ». Les représentants de l’Etat ne disent mot… A ces déséquilibres sociaux s’ajoutent les écarts scolaires. La région entend modifier la carte des formations post-bac pour garder en banlieue des lycéens qui fuient vers le centre. Elle veut renforcer l’offre de formation dans les lycées en associant professionnel, général et technologique dans le même établissement. La région entend aussi développer des internats dans les lycées de banlieue pour développer la carte des formations et la diversifier.

Enfin il y a des évolutions démographiques contrastées. Il y aurait des places pour les 20 000 lycéens supplémentaires de 2020 s’ils n’arrivaient pas presque tous dans les mêmes endroits (principalement le nord-ouest de l’agglomération et l’axe Saint-Denis – Roissy). Il va donc falloir construire et agrandir et c’est un des objets de la consultation..

L’autre défi est plus pédagogique. Il faut des équipements sportifs. Pour cela la région entend aider les municipalités à se doter d’installations en les subventionnant en fonction du temps accordé aux lycées de la zone. Il faut des lieux de vie et la région a défini un référentiel. Une salle des professeurs pour un lycée de 1200 élèves c’est 85m² avec une cafétéria 20 m² et 4 bureaux de 15 m². Dans un lycée de ce genre il faut aussi prévoir 200 m² pour les élèves : foyer, salles associatives, salles de travail.

Enfin de nombreuses questions portent sur le patrimoine. Des chefs d’établissement s’inquiètent de l’état de leur lycées. Des enseignants constatent des inégalités. La région a validé en 2006 169 opérations dans les lycées dont 60 sont déjà lancées (dont 17 rénovations globales), explique A. Azéma. Le futur plan d ‘investissement va reprendre cette programmation en ciblant les priorités en terme de bassin de formation et de filière de formation.

Pour Henriette Zoughebi, les objectifs sont clairs. »Les choix à faire doivent répondre avant tout à une ambition éducative, à l’égalité du droit à l’éducation des jeunes. On doit offrir à tous les jeunes le cadre qui correspond à leurs attentes et leurs besoins en lien avec leur insertion professionnelle ». Une formule qu’elle sait résumer : « Je voudrais que le jeune ait les mêmes conditions de travail à Goussainville et Henri IV ».

Il reste encore des étapes à franchir. Cette semaine le conseil régional adopte un projet de délibération qui fixe les grands principes du programme d’investissement. Début 2012 6 réunions consultatives thématiques sont programmées. La prochaine aura lieu le 5 janvier sur les internats. Il restera ensuite à la région, aidée par un Observatoire, à définir le programme d’investissement des lycées pour 10 ans. Un vaste chantier.

François Jarraud

Liens :

Réussite et mixité sociale sont convoquées au lycée

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/11/09112011_IdF.aspx

PPI PPR un sigle pour la réussite de tous

http://www.cafepedagogique.net/regionales/Pages/idf22_Sommaire.aspx

Les synthèses des consultations

http://www.iledefrance.fr/lactualite/education-formation/lycees/prog[…]